Des impacts réels des changements climatiques sur la santé et nos milieux de travail

Quels sont les effets sur la santé des changements climatiques et pourquoi devons-nous engager dans la bataille du climat ? Ce sont les questions qui intéressent Judith Huot, vice-présidente de la FSSS-CSN, dans ce billet de blogue.

Un nouveau rapport qui démontre l’urgence climatique

Jeudi dernier, un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ^[1] et d’organisation partenaire est paru avec des constats fort inquiétants. Je cite le communiqué lié au rapport : « C’est une année décisive pour l’action climatique. Ce rapport élaboré par les Nations Unies et plusieurs organisations scientifiques mondiales partenaires dresse une présentation globale des données climatologiques les plus récentes. Il nous montre de façon alarmante à quel point nous sommes éloignés du but », a indiqué le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

« Nous restons très en retard sur les objectifs de l’Accord de Paris. Cette année, les émissions émanant de combustibles fossiles ont rebondi, les concentrations de gaz à effet de serre ont continué à augmenter et de graves phénomènes météorologiques amplifiés par les activités humaines ont affecté la santé, les vies et les moyens de subsistance des populations de chaque continent. À moins d’une réduction immédiate, rapide et à grande échelle des émissions de gaz à effet de serre, il sera impossible de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius, ce qui aura des conséquences catastrophiques pour les populations et la planète dont nous dépendons », a-t-il déclaré dans l’avant-propos du rapport.

Bouleversements climatiques

Encore cette année, nous avons pu constater que la planète était déchainée. Par exemple, 150 000 incendies ont eu cours en juillet dans le monde. L’Europe, la Turquie, la Grèce, la Sibérie, les États-Unis et le Canada ont été particulièrement touchés. Il y a aussi eu de fortes inondations en Chine, Belgique et en Allemagne. Les cours d’eau sortent brutalement de leur lit sous l’effet de pluies diluviennes, envahissant des dizaines de zones habitées un peu partout dans le monde.

Il est de plus difficile d’oublier les températures historiques des derniers jours du mois de juin 2021 dans les régions du Nord-Ouest du Pacifique des États-Unis et du Canada. De nombreuses villes des provinces situées à l’Ouest du Canada ont enregistré des températures bien au-dessus de la barre des 40 °C. Cette vague de chaleur a atteint des niveaux jamais enregistrés auparavant. Le village de Lytton, dans la Colombie-Britannique, au Canada, en est un parfait exemple avec un pic de chaleur s’élevant à 49,6 °C. Face à ces températures extrêmes, le village a été ravagé par les flammes.

Au Québec, nous devons être particulièrement préoccupés par les effets des changements climatiques qui sont peut-être moins spectaculaires qu’une tornade ou une inondation, mais aux conséquences tout aussi tragiques. La fonte du pergélisol, l’érosion des sols, la modification de la qualité et la quantité de l’eau, l’augmentation des pollens, pour ne nommer que ceux-ci. Ainsi, l’environnement naturel, l’eau, l’air, la faune et la flore sont dans un équilibre fragile tel que, si nous ne réagissons pas rapidement, cela pourrait avoir des répercussions importantes.

Effets sur la santé

En effet, l’arrivée de pandémie, de maladies émergentes comme les zoonoses (maladie ou une infection naturellement transmissible des animaux à l’homme : Zika, Ebola, etc.), l’augmentation des feux de forêt qui dégradent la qualité de l’air par les particules fines qu’ils dégagent et l’augmentation des pollens ont déjà des répercutions sur l’état de santé de la population.

Le Québec fera face à des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses. L’augmentation de smog urbain, affectant de façon inégale les populations urbaines, est particulièrement difficile pour les personnes âgées et ceux et celles vivant déjà avec des maladies chroniques.

Qui plus est, selon un rapport scientifique financé par le gouvernement fédéral ^[2], « même selon un scénario d’émissions modérées, les taux d’hospitalisation due à la chaleur augmenteront de 21 % d’ici 2050 et doubleront d’ici 2100. » Quant aux coûts des décès et de la diminution de la qualité de vie liés à la chaleur, ils pourraient atteindre au moins quatre milliards de dollars par année.

Penser autrement

Déjà, notre système de santé est sous pression. La pandémie a clairement démontré que nous étions mal préparés à faire face à une catastrophe, quelle qu’elle soit. Devant l’augmentation des maladies associées aux changements climatiques, est-ce que le réseau en l’état actuel est prêt à y faire face ? On peut se permettre d’en douter. Nous savons déjà que les constructions humaines sont fragiles, la crue des eaux aux printemps, les problèmes liés aux routes et aux installations de gestion des eaux en sont de bons exemples. Au niveau économique, nous devons nous préparer à absorber les couts associés aux catastrophes naturelles. Pensons à la tempête du verglas en 1998 qui a couté 5,4 milliards de dollars.

Nous devons prendre acte des messages que la nature nous envoie. À ce moment-ci, il est pratiquement impossible de faire un retour en arrière et nous devrons apprendre à vivre avec ces changements et nous devons rapidement nous préparer à changer notre façon de fonctionner. Nous devons à tout prix penser à notre autonomie alimentaire, par exemple. Revoir notre économie basée sur la productivité et la consommation à outrance.

Appel à la mobilisation

Malheureusement, au sortir d’une campagne électorale où l’environnement n’a pas occupé une place prioritaire malgré l’urgence climatique. Force est de constater que si nous voulons de réels changements, une forte mobilisation est nécessaire.

Ce 24 septembre ^[3], il y aura une manifestation mondiale et un appel à une grève mondiale pour la justice climatique. Le point de rassemblement est au Monument à George-Étienne Cartier à 13 h. C’est un rendez-vous !

Judith Huot
Vice-présidente de la FSSS-CSN