À qui servira la réforme annoncée dans les services de garde ?

Dans ce billet de blogue, Lucie Longchamps explique les moyens pour sortir de la crise des services de garde.

Une forte crise sévit dans le réseau des services de garde éducatifs, ce n’est pas un secret pour personne. Tout le monde connait de jeunes parents aux prises avec le casse-tête de se trouver une place pour son tout petit. Les réseaux de parents ne se sont jamais autant mobilisés et leur détermination est admirable. Pensons au mouvement Ma place au travail ^[1] qui multiplie les actions et les interpellations pour forcer nos élu-es à bouger pour régler la crise. Je souhaite que cette mobilisation soutenue nous aide à venir à bout de ce problème.

En même temps, nous n’aurons jamais vu un exode des travailleuses et travailleurs si important dans nos services de garde. Pour certaines d’entre elles, quitter le réseau est une question de préserver sa santé physique et mentale. Pour d’autres, c’est la certitude que rien ne changera et que la croissance des demandes et la surcharge de travail ne feront que continuer d’empirer.

Ouvrir des places oui, mais encore faut-il avoir les gens pour y travailler

Plusieurs nous diront que c’est le plus beau métier du monde que de permettre à nos citoyennes et citoyens de demain d’acquérir leur plein potentiel. Que c’est un travail essentiel de prendre soin de nos tout-petits. Si tel est le cas, alors pourquoi il y a si peu de reconnaissance de nos gouvernements ?

On nous annonce l’ouverture de milliers de places ^[2] et nous sommes les premiers à nous en réjouir, car nous connaissons l’importance d’augmenter les places dans notre réseau des services de garde éducatifs. Mais avec l’exode du personnel, créer de nouvelles places est tout un défi.

Une réforme attendue de pied ferme

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, nous promet une réforme des services de garde pour l’automne. Il faudra que cette réforme qui s’annonce comme un moteur de création de places soit accompagnée de bien des adaptations et surtout d’un rehaussement des conditions de travail et salariales tant attendues.

La négociation comme chemin pour régler la crise

Le ministre nous répète que la négociation des travailleuses en CPE devrait régler bien des choses. Pourtant, ce n’est pas ce qui a été déposé à la table par le ministère le 13 juillet dernier. Les offres actuelles sont une gifle pour tous ses travailleuses et travailleurs qui se sont mis rapidement à la recherche d’un mandat de grève de 10 jours pour faire débloquer la négociation. Les assemblées générales partout au Québec votent majoritairement en faveur de la grève. Assez c’est assez, disent les travailleuses épuisées des CPE !

La stratégie gouvernementale dans la négociation des responsables en service de garde (RSG) en milieu familial a été tout aussi décevante. Cette négociation vient de se terminer en décembre 2020 et le ministre a dû octroyer depuis des sommes supplémentaires de 200 millions de dollars, hors négociation, pour réduire l’hécatombe. C’est du jamais pour nous en 20 ans !

Nous avions pourtant à plusieurs reprises avisé de ce qui s’en venait avec des faits concrets et forts !

Enfin reconnaître les efforts des travailleuses des services de garde

La pandémie ne peut expliquer tout. Le manque d’amour pour celles et ceux qui œuvrent auprès de nos tout-petits aura-t-il raison de ce modèle envié partout au Canada et dans le monde ? Cet enjeu majeur s’invite d’ailleurs dans la campagne fédérale. On doit investir en priorité la compensation fédérale ^[3] annoncée pour régler la crise du réseau des services de garde éducatifs.

Le gouvernement entendra-t-il enfin les gens du terrain qui sont les mieux à même de trouver des solutions et de pointer ce qui doit être changé ?

Oui, on peut mâcher de la gomme et marcher en même temps. Oui, on doit ouvrir des places, mais cela doit être accompagné de bien d’autres éléments pour sauver tout un réseau qui s’en va à la dérive.

Lucie Longchamps
Vice-présidente de la FSSS-CSN