Notre santé et sécurité victime de l’austérité

La FSSS-CSN le répète depuis longtemps, la prévention en santé et sécurité du travail est l’enfant pauvre dans le réseau de la santé et des services sociaux et les services de garde à l’enfance.

L’austérité frappe la SST

Plutôt que d’investir à consolider le réseau, les gouvernements qui se sont succédé depuis plusieurs décennies ont décidé de procéder de réforme en réforme. Nous nous sommes retrouvés avec un réseau complètement désorganisé et la prise en charge de la prévention en santé et sécurité, déjà mise à mal, a été prise au milieu dans un système de gestion hyper centralisé et réduite comme peau de chagrin.

Le Québec s’était pourtant doté d’un plan de lutte (2006) en prévision d’une pandémie suivant la crise du SRAS à la suite de recommandations de l’INSPQ. Les mesures d’austérité ont eu raison de lui. Ce plan prévoyait entre autres des stratégies pour prévenir le manque de main-d’œuvre, la santé et sécurité des travailleuses et assurer la gestion des approvisionnements tous essentiels pour affronter une pandémie.

Le réseau n’était pas prêt à faire face à la crise

Il est clair que les recommandations de l’INSPQ n’ont pas fait leur chemin et le réseau, comme tous peuvent le constater maintenant, s’est fait prendre les culottes à terre incapable de gérer la crise. Force est de constater que le gouvernement n’était pas prêt à faire face à une telle crise. Au nom de l’austérité, on a coupé dans les budgets de la santé au lieu d’investir une partie du budget dans la main-d’œuvre en offrant des conditions de travail adéquates et intéressantes pour offrir à la population des services sécuritaires. Nous nous retrouvons en pleine crise de la COVID-19 avec un réseau fragilisé, en forte pénurie de personnels et mal protégé. Ce qui a une forte incidence sur la sécurité et l’intégrité de la santé pour l’ensemble des travailleurs et de la population. L’exemple des CHSLD en témoigne.

Ainsi, l’INSPQ se retrouve présentement à faire des choix, face à la pénurie de personnel et au manque d’équipements de protection individuelle, entre assurer la santé du public et celle des travailleurs du réseau. Nous constatons, depuis le début de la crise, que l’INSPQ procède à un nivèlement vers le bas de la protection des travailleuses qui œuvrent dans le réseau afin de protéger les usagers du réseau.

Résultat : en date du 5 mai, 11 200 travailleuses et travailleurs de la santé sont absents du réseau. De ce nombre, au moins 4000 le sont en raison d’une infection par la COVID-19. Par ailleurs, nous constatons que le nombre de réclamations à la CNESST est largement en deçà du nombre de cas de travailleuses et travailleurs infectés selon les données que l’on nous a fournies.

Répondre aux questions des membres et des syndicats

Nous travaillons sans relâche pour répondre aux nombreuses questions des syndicats. Ouvrir des tables ou des canaux de communication pour tous les secteurs afin de trouver les réponses, questionner et faire des interventions d’urgence. Le travail est colossal et il y a beaucoup à faire.

Intervenir pour les secteurs privés

Nous sommes également à pied d’œuvre pour soutenir les secteurs privés : le secteur préhospitalier fait face à défis considérables tant au niveau clinique qu’en matière de prévention. Les services de garde d’urgence, dès le début, ont dû composer avec plusieurs contraintes et doivent maintenant préparer le déconfinement. Le secteur communautaire, les grands oubliés, doivent composer avec peu de moyens pour répondre aux importantes missions qu’on leur confie.

En parallèle, nous devons préparer les suites. Il est clair que des transformations majeures seront à faire dans les réseaux, à la CNESST et la santé publique. De plus, il ne faut pas exclure une résurgence de la pandémie cet automne et il faut s’y préparer dès maintenant.

C’est dans cette optique que nous avons pris le temps de vous faire un rapport étape de notre action en SST ^[1].

Judith Huot, vice-présidente de la FSSS-CSN