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10 novembre 2025
Sondage après sondage, les Québécois sont catégoriques : la santé constitue leur priorité. Dans une société démocratique, cette priorité devrait logiquement se refléter dans l’action gouvernementale.
Le gouvernement devrait considérer que c’est en santé qu’il doit travailler en priorité. Il devrait donc écouter les experts ainsi que les travailleurs sur le terrain. Il devrait s’inspirer de ce qui se fait de mieux partout dans le monde. Son seul objectif devrait être de mettre en place le meilleur système de santé possible au bénéfice de toute la population.
Pourtant, le réseau public de la santé et des services sociaux manque de tout : main-d’œuvre, places en CHSLD, soins à domicile, lits dans les hôpitaux, médecins, salles d’opération, services professionnels, etc. La liste est longue, presque autant que les files d’attente ! Le réseau manque aussi de moyens pour agir efficacement en prévention, notamment sur les facteurs économiques et sociaux. Les organismes qui tentent d’agir sur le front de ces déterminants sociaux n’arrivent pas à répondre aux besoins. Le Québec recule. C’est anormal et inacceptable.
Plutôt que d’investir en santé pour répondre aux besoins de la population, nos gouvernements affairistes ont préféré opter pour une réduction des impôts, une mesure populiste mise en place à des fins électoralistes.
Ils ont ainsi plongé le secteur de la santé dans l’austérité, en réduisant sauvagement les soins et les services, et ce, en complète contradiction avec les priorités des Québécois.
Ce désengagement financier de l’État est devenu une occasion d’enrichissement pour des entreprises du secteur privé. Ces dernières ont vite compris que la population était prête à payer, voire à s’endetter, pour répondre à un besoin aussi essentiel que la santé. Cette priorité, niée par le gouvernement, est devenue une occasion d’affaires pour ces entrepreneurs top guns du privé.
Nous vivons dans une société favorisée, dans laquelle la richesse se concentre de plus en plus entre les mains d’une minorité d’individus et de grandes entreprises. Par incompétence ou par manque de courage, les gouvernements ont refusé d’exiger une juste contribution de la part des mieux nantis.
Alors que nous manquons de ressources pour l’essentiel, on verse des milliards de dollars provenant des contribuables sous forme de prêts pardonnables et de subventions à des entreprises privées sans exiger un minimum de transparence de leur part. C’est inadmissible.
Ces « investissements » se sont souvent soldés par des échecs coûteux. Le temps est venu de nous questionner sur le prix à payer, tant financièrement que socialement, par cette négligence de la part des gouvernements et de l’incapacité de notre Assemblée nationale à répondre à l’essentiel.
Que représentent les quelques centaines de dollars que les gouvernements ont « remis dans nos poches » en baisses d’impôt en comparaison des coûts qui nous sont transférés ? Lorsque des gens sont obligés de se priver de soins ou de payer pour être soignés ? Quel est le coût des dommages que l’on s’inflige comme société en négligeant les crises du logement et de l’itinérance ?
Si les Québécois souhaitent un réel redressement de la situation, il faut exiger que nos gouvernements travaillent pour la collectivité. Il faut réformer notre régime politique. Il faut exiger que notre fiscalité soit revue en profondeur afin qu’elle puisse financer les soins, les services et les programmes sociaux dont la population a besoin.
Il faut aussi mettre fin au gaspillage, tout en exigeant plus de transparence de la part des gouvernements et des entreprises qui profitent des fonds publics. Il faut cesser de financer le privé à même la santé de la population. C’est urgent.
Réjean Leclerc
Président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
* Cette lettre est la deuxième d’une série de quatre portant sur les changements fondamentaux que la fédération pense nécessaires pour maintenir un Québec en santé, telle que publiée dans Le Devoir.
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