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8 janvier 2024
Après des semaines de négociations intensives et après avoir consulté ses instances intermédiaires, le Front commun est maintenant en mesure de présenter les détails de la proposition d’entente de principe, qui sera soumise aux membres lors de la tournée d’assemblées générales qui se déroulera de la mi-janvier à la troisième semaine de février 2024.
Les gains contenus dans cette entente concernant les matières intersectorielles, négociées à la table centrale, s’additionnent à ceux obtenus à la quasi-totalité des tables sectorielles. Ensemble, ils constituent un tout devant être évalué globalement pour le renouvellement de votre convention collective.
La convention collective est de cinq (5) ans, du 1er avril 2023 au 31 mars 2028. En octobre 2022, nous avions déposé un projet de convention collective de trois (3) ans, alors que depuis le début, le gouvernement insistait pour une convention collective d’une durée de cinq ans. Le gouvernement a dû monnayer les deux dernières années avec des augmentations supérieures aux prévisions d’inflation. À la cinquième année, alors que les prévisions d’inflation sont à 2 %, une augmentation de 3,5 % est accordée. Une augmentation à ce point supérieure aux prévisions d’inflation ne s’est pas vue depuis des années.
Une augmentation de salaire de 17,4 % sur cinq (5) ans a été négociée pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs de tous les secteurs, à laquelle s’ajoute une protection du pouvoir d’achat pouvant aller jusqu’à 1 % pour chacune des trois dernières années de la convention collective (jusqu’à 3 % au total).
Ainsi, au 31 mars de chacune de ces années (2026, 2027 et 2028), si l’inflation pour la période du 1er avril au 31 mars a été supérieure au paramètre pour l’année en cours, le mécanisme entrera automatiquement en application et viendra combler l’écart, jusqu’à un maximum de 1 % par année. Cela fait des décennies que les syndicats du secteur public tentent de négocier un tel mécanisme. La dernière mention d’un mécanisme de protection annuel remonte à très longtemps.
Rappelons que toutes les offres du gouvernement étaient d’une durée de cinq ans. Elle était de 9 % en décembre 2022, puis de 10,3 % en octobre 2023 et de 12,7 % au 6 décembre 2023. Lors du blitz final de négociation, nous avons réussi à obtenir un bond de plus de 4 %, faisant ainsi passer l’offre à 17,4 % en plus d’obtenir finalement la protection du pouvoir d’achat.
Il s’agit de la plus grande augmentation annuelle depuis des décennies et de la plus grande augmentation sur la durée d’une convention collective depuis 1979, sans oublier que l’on n’avait pas obtenu de clause de protection du pouvoir d’achat depuis de nombreuses années.
Tout au long de la négociation, la prise en compte de l’inflation de 2022 a fait l’objet de longs débats. Le gouvernement était catégorique ; il refusait de tenir compte de l’inflation de 2022.
Pour lui, le montant forfaitaire de 1000 $ était une solution qui tenait compte de l’inflation de 2022. Le Front commun avait pour sa part été clair depuis le début : un montant forfaitaire était beaucoup moins intéressant que de véritables augmentations salariales. C’est pourquoi il n’y en aura aucun dans le cadre de la présente entente. Le montant forfaitaire proposé a plutôt été intégré dans les paramètres salariaux.
Après de nombreuses séances de négociation, voici finalement les augmentations de salaire négociées, comparées avec l’inflation réalisée ou celle prévue pour les années financières, soit entre le 1er avril et le 31 mars de chaque année.
En supplément aux augmentations totalisant 17,4 %, le Front commun a négocié un mécanisme annuel d’ajustements intégrés aux échelles salariales, permettant la protection du pouvoir d’achat des travailleuses et des travailleurs pour les trois dernières années de la convention collective (années 3, 4 et 5).
À la fin de chacune de ces années, si l’inflation est plus élevée que les augmentations salariales prévues, le mécanisme entrera automatiquement en application, soit au 31 mars 2026, au 31 mars 2027 et au 31 mars 2028.
En d’autres mots, si l’inflation de l’année financière (avril à mars) a été plus élevée que le pourcentage d’augmentation octroyé du 1er avril précédent, il y aura majoration des salaires rétroactive au 31 mars.
Cet ajustement annuel peut représenter jusqu’à 1,0 % au maximum, chaque année (jusqu’à 3,0 % au total sur les trois (3) dernières années de la convention collective).
Ce mécanisme ne peut que s’appliquer de façon positive. Si jamais l’inflation est inexistante ou inférieure aux augmentations prévues en 2026, 2027 ou 2028, aucun ajustement des salaires ne s’appliquera à la baisse. Autrement dit, les augmentations salariales de 2,6 % (2026), 2,5 % (2027) et de 3,5 % (2028) s’appliqueront même si le niveau général des prix venait à baisser.
À noter que l’employeur a 180 jours après la publication par Statistique Canada des données de l’IPC-Québec pour faire l’ajustement. De plus, aucun ajustement ne s’appliquera si le résultat est inférieur à 0,05 %.
Cela fait des décennies que les syndicats du secteur public tentent de négocier un tel mécanisme. La dernière mention d’un mécanisme de protection annuel remonte à très loin.
Il s’agit d’un gain notable, puisque rares sont les contrats de travail qui incluent un tel mécanisme. Même s’il n’est pas qualifié de « permanent », c’est un pas important dans cette direction qui est franchi avec l’entente.
L’acquisition du droit à la cinquième (5e) semaine de vacances est devancée de manière importante, à partir de la période de vacances annuelles 2024-2025.
Autrement dit, les travailleuses et les travailleurs pourront bénéficier de 25 jours de vacances, six ans plus rapidement qu’actuellement.
À partir de 15 ans d’ancienneté, des journées supplémentaires de congé annuel s’ajouteront chaque année, plutôt qu’aux deux ans comme dans la convention collective antérieure. Par ailleurs, cette modification entrera en vigueur dès la période de congés annuels de 2024-2025.
Il s’agit d’un gain majeur, car le gouvernement a martelé tout au long de la négociation qu’il n’y aurait aucun espace pour davantage de congés étant donné la pénurie de main-d’œuvre. Il s’agit de la première amélioration aux vacances depuis 1990. C’est en 1979 que la possibilité d’une 5e semaine à 25 ans est d’ailleurs apparue.
Les ouvriers spécialisés ont obtenu une bonification de la prime d’attraction et de rétention pour contrer la pénurie, passant de 10 % à 15 %.
Cette prime sera en vigueur jusqu’à la veille du renouvellement de la convention collective 2023-2028. Autrement dit, elle ne pourra être coupée tant que nous n’aurons pas renouvelé la prochaine convention, éliminant du même coup la menace du gouvernement de retirer la prime à l’échéance de la convention collective.
Deux (2) nouveaux titres d’emplois bénéficieront de cette prime, soit :
Ces améliorations entreront en vigueur à partir de la date de la signature de la nouvelle convention collective.
Les contributions annuelles conventionnées de l’employeur pour l’assurance maladie seront bonifiées de la manière suivante à partir du 1er avril 2024 :
Pour les enseignantes et les enseignants de cégep (FNEEQ-CSN), cette somme vient établir une première base de contribution de l’employeur aux assurances collectives puisqu’il n’y contribuait pas jusqu’à maintenant.
Le Front commun a réussi à négocier des mesures de rétention volontaire pour le personnel expérimenté des réseaux.
L’entente initiale de retraite progressive pourra être prolongée jusqu’à un maximum de sept (7) années de retraite progressive au total. La durée actuelle était limitée à cinq (5) années et il n’était pas possible de prolonger son entente initiale ;
L’âge maximal de participation au RREGOP sera augmenté de 69 à 71 ans.
Devant la préoccupation de Front commun de voir croitre la maturité du RREGOP à un rythme soutenu, ce qui pourrait affecter le financement de la caisse des participants, il a été convenu de :
Toujours sur le plan de la retraite, le Front commun a su freiner les nombreuses attaques du gouvernement. Le gouvernement attaquait notre régime de retraite sous deux (2) axes :
Le 29 octobre dernier, le gouvernement retirait sa première attaque. Le 6 décembre 2023, il retirait la deuxième, un gain important pour le mouvement syndical québécois en entier, fruit de NOTRE mobilisation.
Le Front commun a réussi à négocier une majoration salariale de 10 % prise en compte par le régime de retraite RREGOP pour les psychologues de tous les réseaux.
À cette majoration s’additionne une prime de 6,5 %, en vigueur jusqu’au 30 mars 2028, pour les psychologues qui travaillent la totalité du nombre d’heures prévues à leur titre d’emploi (70 heures ou plus par deux (2) semaines) pour tous les réseaux.
Cette majoration et cette prime entreront en vigueur à la date de la signature de la nouvelle convention collective.
Le Front commun a réussi à faire quelques gains touchant aux droits parentaux.
Il a été convenu d’apporter les modifications suivantes au régime des droits parentaux :
Il a aussi été convenu de former, dans les trente (30) jours suivant l’entrée en vigueur de la convention collective, un comité de travail intersyndical afin de s’assurer :
Le Front commun a fait face à un gouvernement particulièrement fermé à nos revendications sur la question.
Pour lui, le régime des disparités régionales est adéquat et équilibré et toutes modifications aux secteurs nécessiteraient une réévaluation de l’ensemble du régime. Toute demande relative à des problématiques régionales de pénurie devait être confiée aux tables sectorielles où certaines ententes ciblées ont pu être constatées.
Du début à la fin de la ronde de négociation, le gouvernement est resté fortement opposé à nos propositions sur les disparités régionales.
La seule avancée aura été que l’indemnité pour le transport de nourriture est ajoutée pour la localité d’Oujé-Bougoumou en santé et services sociaux. Elle avait d’ailleurs été ajoutée en éducation lors de la dernière ronde.
En conclusion, voici ce qu’il faut retenir de l’entente :
Une tournée d’assemblée générale s’amorcera sous peu pour plus de 300 syndicats. Ce seront les 420 000 travailleuses et travailleurs qui forment le Front commun qui auront le dernier mot, en se prononçant sur l’entente proposée.
À vous de jouer. Bons débats, solidarité.
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[1] Lire le bulletin en version PDF: https://fsss.qc.ca/download/nego_public/.nego_2023/2022-03-11-info-ngo-csn-fr.pdf
[2] Read the english version: https://fsss.qc.ca/download/nego_public/.nego_2023/2024-01-00-info-nego-entente-complete-dbb-en.pdf
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