La mission des Centres de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) est directement atteinte par la réforme Barrette. Entre l’application du projet de loi 10, les compressions budgétaires et les tentations des employeurs pour la privatisation, ce sont de plus en plus le personnel et les usagères et usagers qui en vivent les conséquences.
Pourtant, mieux reconnaître l’expertise du personnel des CRDITED serait un excellent moyen d’améliorer les services au quotidien. Mais on s’en rend bien compte, la vision médicale du ministre Barrette donne peu de place aux services sociaux.
Les CRDITED et la mission sociale dans le tordeur du ministre Barrette
Il nous est rapidement apparu qu’un des objectifs principaux du projet de loi 10 du ministre Barrette était de concentrer davantage le réseau de la santé et des services sociaux autour de l’hôpital.
Sinon, pourquoi regrouper tous les établissements sous la gouverne d’un seul conseil d’administration par CISSS? Comment peut-on penser que les administrateurs sauront donner la place qui revient à la mission de la déficience intellectuelle et des troubles envahissants du développement, alors qu’ils devront surtout s’occuper des enjeux hospitaliers. Il est clair qu’il sera des plus ardus de donner une importance équitable à la mission des Centres jeunesse, à celle des hôpitaux, des CLSC, des CHSLD, des centres de réadaptations et des CRDITED.
Et il n’est pas très risqué de gager que c’est surtout la mission sociale qui sera touchée par cette centralisation abusive. C’est d’ailleurs ce que tend à démontrer la situation un an après l’adoption du projet de loi 10. En centralisant comme jamais, on complexifie le quotidien des intervenant-es, qui doivent s’y retrouver dans une bureaucratie de plus en plus infernale.
C’est qu’en additionnant une réforme qui concentre tous les pouvoirs entre les mains du ministre Barrette et des compressions budgétaires successives de plusieurs millions de dollars, on ne peut faire autrement que d’obtenir des travailleuses et travailleurs à bout de souffle.
Et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est la solution pour améliorer les services aux usagères et usagers! Quand on prend conscience des taux d’absence maladie et de la détresse du personnel, on est forcé de se préoccuper de l’avenir. La charge de travail du personnel dans les CRDITED s’est alourdie de manière préoccupante. C’est l’écho que nous recevons dans l’ensemble des régions. À terme, ce sont les services aux usagères et usagers qui seront touchés.
C’est à ce moment qu’on doit proposer des solutions qui permettraient d’améliorer les choses. Et la meilleure façon d’y parvenir, ce serait de prioriser une gestion décentralisée, qui mise sur les approches appropriées pour répondre aux besoins réels des usagères et usagers. Il va de soi que les besoins des usagers ne sont pas les mêmes selon leurs problèmes de santé. C’est donc par une gestion basée sur les données probantes et sur l’expertise du personnel qualifié qu’on pourrait changer de façon positive la face de notre réseau de santé et de services sociaux.
C’est malheureusement tout le contraire qu’impose actuellement le ministre Barrette…
Poursuivre les interventions pour préserver les CRDITED
Depuis quelques années, la FSSS-CSN est active pour préserver les CRDITED contre les tentatives de privatisation. C’est que plusieurs établissements ont eu tendance à transférer les services des Ressources à assistance continue (RAC) publique vers des Ressources intermédiaires spécialisées (RIS) privées. Dans les deux cas, il s’agit de ressources implantées dans les communautés.
Mais la grande différence entre ces deux modèles, c’est que les RAC misent sur la présence continue de personnel qualifié pour appliquer les plans d’intervention. C’est la meilleure manière d’améliorer l’état de santé et des usagères et usagers. Il a d’ailleurs été démontré que cette privatisation ne répondait pas au besoin des usagères et usagers, d’autant plus face à des cas qui s’alourdissent de plus en plus, et pouvait même mettre la sécurité des usagers en jeu dans certains cas.
En 2013, nous obtenions du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) un moratoire sur la fermeture des RAC et le transfert vers les RIS. Ce temps d’arrêt a permis de confirmer que la privatisation n’est pas la solution. Pourtant, en 2015, le gouvernement annonçait la fin du moratoire. Nous intervenons à tous les niveaux depuis pour préserver la mission des CRDITED au sein du secteur public ainsi que reconnaître l’expertise des travailleuses et travailleurs qui y œuvrent.
Dans les prochains mois, nous aurons à être particulièrement vigilants, aussi bien pour dénoncer la privatisation que pour défendre les services donnés dans les CRDITED face à une nouvelle vague de compressions qui s’annonce destructive. Nous devons continuer d’agir pour préserver cette mission spécifique essentielle.
Mélissa Gaouette et Guy Laurion