Soyons clairs! L’objectif visé par gouvernement avec les fusions des établissements publics de santé et de services sociaux et l’abolition des agences régionales est d’abord et avant tout de couper encore dans les services à la population afin de financer d’éventuels retours d’impôts.
On ne peut plus croire que des compressions ne toucheront pas aux services directs sans que cela s’accompagne d’une preuve en béton à cet effet : les réformes des 20 dernières années nous ont démontré le contraire. En effet, depuis le milieu des années 90, nous avons vécu des fermetures et des fusions à répétition dans le milieu de la santé et des services sociaux. Avant de se lancer dans une nouvelle réforme, il faudrait que le gouvernement tire des leçons des fusions intervenues dans les années 90, ainsi que les fusions décrétées, sous le bâillon, par le gouvernement Charest, en décembre 2003. Rappelons-nous que cette dernière réforme avait mis au monde les CSSS ainsi que les agences… Quels sont donc les « bénéfices » documentés de ces deux vagues de réorganisation?
- Augmentation du nombre de cadres dans le réseau (+30 % en 10 ans);
- Augmentation du pouvoir médical;
- Réduction du nombre de salles d’urgence (notamment à Montréal, principale cause du débordement des urgences que nous connaissons depuis 20 ans).
- Non-respect de la promesse d’augmenter les soins à domicile afin de pallier la réduction des services dans les hôpitaux;
- Augmentation de la bureaucratie et de la reddition de comptes dans les services sociaux. L’ensemble des agents de relations humaines fait de plus en plus de tâches bureaucratiques pour justifier les changements de structures et de moins en moins de tâches cliniques qui aident la population.
Depuis quelques jours, le ministre allume des feux – l’un après l’autre. Ces feux deviennent si chauds que le sous-ministre a senti le besoin d’écrire une lettre aux directeurs généraux des établissements, appelant au calme.
Que le gouvernement arrête de tirer des sonnettes d’alarme et le calme va revenir rapidement dans le réseau! C’est quand même incroyable!
Sous le règne du gouvernement minoritaire de Pauline Marois, le Parti libéral critiquait avec vigueur les coupes imposées par le Parti québécois. Pendant la dernière campagne électorale, le futur premier ministre Philippe Couillard n’a parlé que de référendum et de charte. Durant cette élection, il n’a pas été question de ses intentions de couper des services et des programmes. Le Parti libéral avait une plate-forme santé étoffée, mais, pourtant, JAMAIS n’a-t-il donné quelque indication que ce soit à l’effet qu’il prévoyait faire une priorité d’un énième rebrassage des structures du réseau de la santé et des services sociaux. Ce n’est quand même pas rien!
Alors pourquoi présente-t-il aujourd’hui même un premier projet de loi qui viendra grandement chambouler l’organisation du réseau? Le gouvernement n’a pas tenté, jusqu’à maintenant, de démontrer comment cette restructuration serait un atout pour les services à la population. Pourtant, il me semble que cela devrait être la priorité. Pourquoi revoir les structures si cela ne permet pas d’améliorer les services?
D’ailleurs, il faut se rappeler que, toutes proportions gardées, le coût de l’administration du réseau de la santé, des services sociaux, comme des services de garde, n’est pas très élevé et que ce n’est pas de ce côté que l’on peut penser faire de grandes économies. Il faudrait bien plus s’en prendre à la place grandissante du secteur privé dans le réseau, qui coûte beaucoup trop cher pour les citoyennes et citoyens. Ou encore, entreprendre des discussions sérieuses avec les syndicats afin de renforcer l’expertise publique et augmenter l’autonomie professionnelle des salarié-es.
Quel est le portrait actuel?
Les 182 structures sont des établissements publics qui se déclinent comme suit :
- 94 centres de la santé et des services sociaux;
- 68 centres hospitaliers et centres de soins de longue durée;
- 16 centres jeunesse;
- 4 établissements situés dans les régions nordiques, assumant toutes les missions.
Le ministre parle de fusionner ces entités pour en faire 24 méga structures à travers la province. C’est une vraie farce!
En fait, je pense qu’on peut dire que le gouvernement ne vise pas à mieux organiser le réseau, mais à mieux le désorganiser! Sinon, comment expliquer qu’aucune des composantes du réseau n’ait identifié la réforme des structures comme étant une voie d’avenir lors du Premier rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux?
Si on veut améliorer le réseau, je suis plus convaincu que jamais qu’il faut entendre celles et ceux qui y œuvrent et qui connaissent les vraies solutions!
Entretemps, je suis assez convaincu que les feux que le ministre est en train d’allumer vont soulever une vague d’indignation chez les salarié-es du réseau. Je ne ferai aucune promesse sur la réaction de nos membres face à ce projet incendiaire. Par contre, je peux vous promettre de susciter une résistance extraordinaire vis-à-vis ce plan plutôt machiavélique du gouvernement Couillard.