La CSN s’oppose à la privatisation
(Montréal, le 9 avril 2013) La Confédération des syndicats nationaux a appris que le CHUM et le CUSM ont octroyé un contrat à la multinationale Cardinal Health, seule entreprise soumissionnaire admissible, pour gérer leur approvisionnement en matériel médical. La CSN estime que cette décision va à l’encontre de l’intérêt public, car elle entraînera une perte d’expertise et les coûts de l’opération deviendront incontrôlables. De plus la CSN s’inquiète de voir un tel contrat octroyé à une firme impliquée dans divers démêlés judiciaires aux États-Unis. La CSN demande au gouvernement de résilier le contrat et de travailler à une solution de rechange dans le secteur public.
La CSN croit que ce contrat d’un minimum de 19 millions de dollars pour sept ans, renouvelable jusqu’à une dépense totale de 39 millions s’avérera dommageable pour le secteur public et qu’il entraînera une hausse des coûts du matériel médical. L’entreprise Cardinal Health fabrique quelque 15 000 produits médicaux. Puisque le contrat lui confie la gestion de l’inventaire, cette compagnie pourrait s’approvisionner directement au sein de ses propres filiales, ce qui la place en situation de conflit d’intérêts.
Dans les faits, les établissements se livrent pieds et poings liés à cette entreprise qui exercera un véritable monopole auprès des deux des plus importants établissements du Québec. « C’est un non-sens économique, souligne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Nous ne croyons pas que le réseau public pourra, par des règles administratives ou des clauses particulières au contrat, assurer l’étanchéité entre les filières « achat » et « vente » de cette multinationale. C’est pourquoi nous demandons à ce que ce contrat soit rendu public et qu’il soit résilié. Il faut plutôt mettre les énergies à la mise en place d’une solution de rechange à l’intérieur du secteur public ».
Réputation entachée
Ce contrat est d’autant plus préoccupant aux yeux de la centrale syndicale que l’entreprise a eu des démêlés judiciaires aux États-Unis, notamment pour des pratiques comptables douteuses. De plus, l’entreprise a accepté de verser la somme de 8 millions de dollars afin de régler hors cours un dossier dans lequel elle était accusée d’avoir versé un pot-de-vin. La CSN se demande si les autorités du réseau de la santé et des services sociaux ont mené une enquête sur les antécédents judiciaires de Cardinal Health avant de lui octroyer un tel contrat.
« Le gouvernement vient d’adopter la Loi 1 afin de faire en sorte que les grands contrats publics ne puissent plus être octroyés à des entreprises qui ne peuvent pas montrer patte blanche. Quant à nous, l’Autorité des marchés financiers doit enquêter sur cette firme avant qu’on leur octroie un tel contrat. Le gouvernement n’a-t-il rien appris de la Commission Charbonneau ? », demande Jean Lacharité.
Option publique écartée
La CSN rappelle en outre qu’il y a un an, les syndicats des deux établissements ont proposé, avec l’aide d’une firme externe, une solution publique afin d’assurer l’approvisionnement des deux superhôpitaux. Les décideurs du réseau n’y ont jamais donné suite. Ils n’ont demandé aucun éclaircissement et n’ont jamais donné quelque raison que ce soit pour écarter cette proposition qui répondait pourtant à l’ensemble des besoins des établissements.
Perte d’expertise
« Nous croyons que le ministère fait fausse route en autorisant la privatisation de ces services. L’approvisionnement en matériel médical est une fonction hautement stratégique dans un établissement de santé. Confier la gestion de l’inventaire, la facturation, le transport et le conditionnement des marchandises à une compagnie privée n’est pas sans faire reposer de risque sur les usagers. De plus, cette décision entraînera une perte de l’expertise publique et les deux établissements perdront le contrôle des coûts de l’approvisionnement », dénonce le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Les deux établissements achètent pour 100 millions de dollars de matériel médical chaque année.
À propos
La CSN représente plus de 10 000 travailleuses et travailleurs au CHUM et au CUSM. Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.
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Pour information :
Jean-Pierre Larche, CSN–Communications 514 605-0757