À chaque campagne électorale, les libéraux promettent de ne pas toucher aux tarifs des services de garde ou de ne limiter l’augmentation des tarifs qu’à quelques sous. Une fois élus, les libéraux reviennent sur leur promesse électorale quant aux tarifs. Ce parti s’est toujours opposé au développement d’un service de garde accessible à tous les enfants du Québec. Charest n’est pas parvenu à diminuer la popularité de ce programme public. Il s’est donc assuré de maintenir les listes d’attentes les plus longues possible. Couillard et Coiteux veulent maintenant compléter tranquillement la démolition des services de garde éducatifs à l’enfance.
En 1996, les enfants de 4 ans sont les premiers à bénéficier de la nouvelle politique en matière de services de garde. Celle-ci transforme le système de services de garde de façon extraordinaire pour offrir toutes les places dans les garderies à 5 $ par jour par enfant! Quelle révolution. Ce programme, même à 7 $, continue de faire l’envie des experts de la petite enfance à travers l’Amérique du Nord. Pourquoi fait-il l’envie de ces experts? Plusieurs raisons, mais rappelons la principale.
La principale raison n’en était pas une économique. Ce n’est que plus tard qu’on a eu la confirmation que le programme ne coutait rien au gouvernement, bien au contraire, qu’il était (et qu’il est toujours) payant! Non, l’argument fondamental fut de promouvoir l’égalité des chances pour les enfants. Voyez-vous, les enfants ont des parents qui sont riches ou pauvres, éduqués ou non, etc. Donner l’égalité des chances aux enfants par le biais de services de garde de qualité est un excellent moyen de lutter contre l’accroissement des inégalités sociales.
Rappelons brièvement les conditions dans lesquelles le programme fut mis sur pied. A l’époque, on parlait déjà de l’égalité des chances des enfants et de la conciliation famille-travail! Sur ces objectifs, c’est une réussite totale. Seule ombre au tableau, le programme est trop populaire. Le gouvernement ne parvient pas à développer assez de places au rythme des besoins. En 1995, il y avait plusieurs garderies avec de sérieux problèmes financiers, voire aux bords de la faillite dans certains cas.
Dans les cégeps, les programmes de DEC pour éducatrice recevaient de moins en moins de demandes d’admission. Dans certaines régions, on craint même la fermeture.
En résumé, en 1995, toutes les conditions sont rassemblées pour que le gouvernement mette en place ce programme public. Des milliers de places disponibles dans les CPE, des éducatrices à bon marché (le salaire moyen atteignait 10 $ l’heure), réduction des coûts de formation, etc.
Il n’y avait que des désavantages à des tarifs de 30 $ par jour par enfant, même si l’accès aux services de garde fût très très limité.
Même lors des premiers changements à la loi par les libéraux en 2005, ils ont quand même retenu l’essentiel de la mission auprès des enfants « … en vue d’assurer la santé, la sécurité, le développement, le bien-être et l’égalité des chances des enfants qui reçoivent ces services… »
Aujourd’hui, on ne parle plus de la question des besoins des enfants. Il n’y a plus de question des besoins de la vaste majorité des parents qui ne font pas 100 000 $ par année. Il n’y a plus de question sur les bénéfices sociaux et économiques de l’investissement dans ce programme. Il n’y a que des questions sur comment réduire la taille de l’État.
Au diable si ça coute plus cher pour la plupart des familles. Au diable l’impact social que cela aura sur l’égalité des chances pour les enfants. L’idéologie libérale est à l’effet qu’il faut moins d’État et plus de privé. Oui, ça va couter plus cher pour la famille moyenne de maintenir son rythme de vie. Mais au moins, elle va être libre de décider dans quelle sphère de sa vie elle va devoir couper!
Si on veut continuer de vivre sous l’idéologie du parti libéral de Couillard, il faudra s’attendre à voir se défaire tranquillement le réseau des services de garde.