La récréation est terminée, monsieur Bolduc!
Depuis près de 12 ans, nous revendiquons des mesures d’attraction et de rétention pour nos techniciens et professionnels du Grand Nord qui œuvrent dans les secteurs de la Baie d’Ungava (Kuujjuaq), de la Baie d’Hudson (Puvirnituq) et de la Baie James (Chisasibi); plus précisément, nous demandons la parité avec les infirmières qui reçoivent une prime variant entre $14,000 et $17,000 par année depuis le début des années 2000. De multiples représentations ont été faites au cours de ces années auprès des différents gouvernements qui se sont succédé pour obtenir la parité avec le personnel infirmier qui œuvre dans les mêmes établissements et dans les mêmes conditions que nos membres. Malgré quelques vagues promesses, l’iniquité est demeurée.
Suite à la dernière négociation du secteur public, nous avons enfin obtenu un budget global de $25 millions sur 4 ans pour corriger cette situation injuste. Cependant, malgré plusieurs rencontres de négociation avec le comité patronal entre mai 2011 et maintenant pour officialiser la mesure d’attraction et de rétention, nous n’avons toujours pas d’entente. Le comité paritaire aurait pourtant dû conclure ses travaux au mois d’octobre dernier! La partie patronale cherche à gagner du temps en nous proposant d’utiliser une partie importante du budget pour financer une série de mesures qui ne correspondent pas aux attentes de notre monde.
Mais notre patience a ses limites et nous sommes à la veille de les atteindre! Nous avons indiqué à la partie patronale qu’il est grandement temps de régler la prime d’attraction et de rétention pour nos techniciens et professionnels avant que la situation ne se détériore davantage dans une région où plus de 30% des postes sont vacants et où les mouvements de personnel battent tous les records, ce qui fragilise les services offerts à une population vulnérable. Déjà, nos membres ont commencé à exercer des moyens de pression pour dénoncer la situation; ces moyens vont se poursuivre au cours des prochains jours.
À moyen terme, le plus grand danger qui guette les employeurs du Grand Nord si le dossier ne se règle pas est le départ accentué de plusieurs de nos travailleuses et travailleurs qui, désabusés du manque de volonté du gouvernement, reviendront travailler dans les établissements du « sud » du Québec; dans le contexte actuel de pénurie de main d’œuvre, ce ne sont pas les emplois qui manquent au Québec!
Ça prend beaucoup de volonté et de détermination pour accepter d’aller travailler dans des régions aussi éloignées que celles situées dans le Grand Nord québécois. Les difficultés d’adaptation sont importantes, notamment en ce qui concerne l’isolement, l’éloignement, le logement et le coût de la vie. Plusieurs de ces travailleuses sont à bout de souffle; souvent à cause du manque d’effectifs, elles ne peuvent s’absenter du travail sans risquer de provoquer une rupture de services. Leur niveau de responsabilité est énorme car il n’y a pas de liste de rappel dans ces établissements; elles doivent composer avec cette réalité. Elles le paient souvent de leur propre santé!
La main d’œuvre qualifiée est indispensable pour assurer aux populations Cris et Inuits la même qualité de services qu’ailleurs au Québec. Encore aujourd’hui, cette main d’œuvre provient en très grande partie des autres régions de la province. L’engagement et le dévouement de nos membres envers la population du Grand Nord méritent avant tout le respect et la reconnaissance du gouvernement du Québec et du ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc. Ces gens nous ont demandé de lui transmettre un message clair :
« Pour attirer et surtout retenir les travailleuses et travailleurs dans le Grand Nord, ça prend une prime comparable à celle des infirmières afin de nous permettre de maintenir des services de qualité en matière de santé et de services sociaux. Nous avons assez patienté; il est temps de livrer la marchandise »
Les prochaines semaines seront déterminantes pour obtenir une entente qui sera à la hauteur des attentes de nos membres. Nous mettrons tout en œuvre pour y parvenir. Nous comptons sur votre appui pour nous aider dans ce sens. Laurier Goulet Vice-président, responsable du secteur des techniciens et professionnels Fédération de la santé et des services sociaux – CSN