En cette période électorale, les partis politiques ont exposé leurs promesses pour le réseau de la santé et des services sociaux. Il est étonnant de voir que plus ça change, plus c’est pareil.
Prenons par exemple les propositions du Parti libéral du Québec (PLQ). Alors que les voix s’accumulent pour remettre en cause le poids que les hausses salariales données aux médecins entraînent sur les investissements en santé, le PLQ, comptant trois médecins dans ses rangs, s’affiche comme un grand défenseur des privilèges accordés aux médecins. Que ceux-ci soient bien rémunérés n’est pas remis en cause, mais le PLQ va maintenant encore plus loin en privilégiant le développement de cliniques privées.
Une place pour tous et pour toutes!
Pourtant, nous pourrions compter sur les compétences du personnel du réseau public pour améliorer l’accessibilité aux soins. En misant sur les infirmières praticiennes spécialisées, les infirmières et l’ensemble du personnel du réseau, il est possible d’améliorer les choses. Par exemple, les professionnelles en soins qu’on retrouve déjà en CLSC et en GMF pourraient aisément continuer à remplir certaines tâches, comme les suivis de grossesse, les suivis des personnes atteintes de maladies chroniques et les suivis de la santé des jeunes. Cela est possible, évidemment, dans la mesure où la volonté politique d’investir et de donner les moyens au réseau public de santé d’accomplir sa mission avec ses structures déjà existantes est présente.
Et que dire de la position de la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui veut séparer le personnel du réseau public en deux catégories : ceux qui donnent des services directs et les autres. Ce qu’une proposition aussi simpliste laisse entendre, c’est que ces derniers ne sont pas essentiels. Pourtant, que peut faire un médecin sans le travail réalisé par son employée de bureau? Comment réaliser une chirurgie s’il y a un problème électrique dans l’hôpital? Comment s’assurer que le matériel médical sera toujours en quantité suffisante si le travail est effectué par le privé?
Lutter contre la structurite aiguë
Autre proposition du PLQ, celle de créer des super cliniques. Voilà une autre habitude de plusieurs partis politiques. Plutôt que de miser sur les structures en place, ils développent de nouvelles structures. Comme disent les anglophones, pourquoi réparer quelque chose qui n’est pas brisé? Si on veut améliorer l’accès aux soins de première ligne, pourquoi ne pas compter sur les structures existantes?
Par exemple, pourquoi ne pas réinvestir dans les CLSC, eux qui sont devenus l’enfant pauvre du réseau dans les vingt dernières années? Le travail effectué dans les CLSC est reconnu de toutes et tous. Les CLSC sont organisés autour d’une équipe multidisciplinaire où chaque professionnel trouve sa place et où les forces de chacun permettent de donner de meilleurs soins à la population.
Au cours des dix dernières années, la fusion des établissements de santé et de services sociaux, qui a mené à la création des Centres de santé et de services sociaux (CSSS), a concentré les investissements dans les hôpitaux au détriment des services sociaux et des services de première ligne offerts dans les CLSC. Cette dernière réforme des structures est bien loin d’avoir porté fruit. C’est un des constats qui ressort d’une récente assemblée publique organisée par la Coalition solidarité santé : augmentation du nombre de cadres, augmentation des coûts, hausse du recours au privé, centralisation des services, la liste est longue et nous montre que la création de nouvelles structures n’est pas toujours la solution miracle.
À la FSSS-CSN, nous pensons que les soins de santé doivent être organisés en partant des besoins du patient. Actuellement, nous le voyons très bien, ce sont surtout les impératifs financiers qui guident nos décideurs. Pendant ce temps, ce sont les patientes et patients qui attendent trop longtemps, pendant que les travailleuses et travailleurs du réseau pourraient en faire plus s’il existait une réelle volonté politique d’investir dans les compétences et de faire confiance à ceux qui sont à l’œuvre depuis des décennies auprès de la population québécoise. À quand un changement de cap?