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    • 10 AVR 20
    Monsieur Legault, il faudra combien de membres du personnel infectés et de décès par la COVID-19 pour que vous nous écoutiez ?

    Monsieur Legault, aujourd’hui, je suis en colère, car la santé et la sécurité du monde ce n’est pas quelque chose avec laquelle on doit improviser et que l’on peut « barguiner ».

    Le nombre de CHSLD où le virus s’est introduit a de quoi nous effrayer. Il nous laisse craindre plusieurs décès parmi les personnes hébergées et mettez-vous à la place du personnel infecté ou des personnes qui doivent entrer travailler avec la peur au ventre d’attraper la COVID-19.

    L’autre côté de la médaille

    Dès le début de la crise de la COVID-19, alors que votre gouvernement s’entêtait à vouloir régler sur un coin de table et en vitesse les conventions collectives pour une durée de trois ans, de notre côté, nous avons plutôt réclamé qu’il était absolument nécessaire de mettre tout notre temps et notre énergie pour passer à travers la crise de la pandémie COVID-19 et que cela devait être la priorité pour toutes et tous.

    Mettre en place en urgence des mesures pour passer à travers la crise et protéger le personnel et la population

    C’est dans ce contexte que nous avons suggéré de suspendre la négociation de la convention collective sur une période pouvant aller jusqu’à 18 mois tout en mettant en place en urgence des mesures immédiatement afin de soutenir les travailleuses et les travailleurs de la santé et des services sociaux afin de :

    • Protéger les travailleuses et travailleurs du réseau et leur famille ;
    • Reconnaître leur apport à l’effort de crise
    • Leur offrir les outils nécessaires.

    Ces mesures, nous les avons réclamées avec beaucoup d’insistance jour, soir et nuit pendant plusieurs jours afin de protéger la population et le personnel du pire des scénarios.

    Vous avez plutôt décidé de bâcler ces discussions à coup d’arrêtés ministériels

    Nous avons malheureusement essuyé un refus en bloc à la presque totalité de nos demandes. Vos représentants patronaux ont fait la sourde oreille et ils se sont comportés comme si c’était une négociation traditionnelle, sans considération à la situation exceptionnelle et pour laquelle une approche plus humaine était absolument nécessaire. Votre gouvernement a plutôt décidé de bâcler les discussions à coup d’arrêtés ministériels.

    Nous avons pourtant lancé plusieurs cris du cœur

    Devons-nous être surpris que nous côtoyions actuellement dans plusieurs établissements le pire des scénarios ? Je suis profondément triste et en colère, mais pas surprise. Nous avons pourtant répété et répété qu’il était absolument nécessaire de mettre en place certaines mesures pour éviter le triste résultat que l’on connaît actuellement. Nous avons lancé plusieurs cris du cœur à notre table de négociation sans aucune ouverture de vos représentants patronaux.

    La santé et la sécurité du personnel et de la population, c’est non négociable !

    Nous avons fait le choix de ne pas signer l’entente intervenue avec d’autres organisations syndicales, car nous étions profondément convaincus que votre gouvernement devait en faire plus pour éviter le pire. La santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs et de la population, ce n’est pas une affaire qui se « barguine ». Nous sommes toujours convaincus que votre gouvernement doit en faire plus.

    Un bilan pas très reluisant

    Je veux être claire. Votre gouvernement a pris de bonnes décisions dans le cadre de la crise pour protéger la population en général, mais votre bilan n’est pas très reluisant à l’endroit du personnel et cela a malheureusement des effets sur la population, particulièrement les personnes les plus vulnérables de notre société pour lesquelles des hommes et des femmes restent courageux au front pour s’occuper d’eux et d’elles.

    En effet, je suis d’avis que vous n’avez pas su bien protéger les travailleuses et travailleurs, reconnaître leur apport à l’effort de crise et leur offrir les outils nécessaires.

    Je suis en colère et je trouve inadmissible par exemple que le MSSS :

    • Ne donne pas accès à l’ensemble des données dépersonnalisées et toutes informations pertinentes concernant la COVID-19 et qu’il n’exige pas que les établissements fassent également preuve de transparence ;
    • Ne donne pas des directives claires et responsables au niveau des tests de dépistage pour le personnel ;
    • N’exige pas que les équipements de protection individuelle appropriés et nécessaires soient mis à la disposition de l’ensemble des personnes salariées et de leurs proches lorsque nécessaire, et ce, pour tous les services des établissements ;
    • Prenne des risques pour les travailleuses enceintes ou qui allaitent, les personnes salariées de 70 ans et plus, immunodéprimées ou porteuses d’une maladie chronique.

    Je suis en colère et je trouve inadmissible que votre gouvernement rate une occasion de reconnaitre de façon juste et équitable l’apport de l’ensemble du personnel en lutte contre la COVID-19. Nous avons besoin de la solidarité de toutes et tous durant cette période de pandémie et ce n’est pas le temps de jouer sur le terrain de la division des troupes.

    Je suis en colère et je trouve inadmissible que le MSSS n’exige pas que les employeurs par exemple :

    • limitent les déplacements des travailleuses et des travailleurs appelés à se déplacer dans plusieurs sites afin de réduire les risques de propagation ;
    • fournissent les uniformes et procèdent à leur entretien afin de limiter les risques de propagation du virus également en dehors des murs de l’établissement ;
    • respectent de façon rigoureuse les délais d’isolement pour les membres du personnel ;
    • n’ordonnent pas la gratuité des stationnements pour le personnel afin notamment de réduire les risques de propagation en évitant d’utiliser la borne de péage.

    Il y a urgence de faire plus

    Monsieur Legault, nous risquons de vivre des journées où le nombre de pertes de vie sera encore plus douloureuse et que d’autres membres du personnel seront affectés. Il faudrait se rappeler et dire à nos vis-à-vis patronaux qu’il ne s’agit pas de statistiques banales et qu’il y a des visages derrière ces statistiques, de la détresse et de l’inquiétude.

    Il y a urgence de faire plus M. Legault !

    Josée Marcotte