Dans ce billet de blogue, Jeff Begley, président de la FSSS-CSN, questionne l’écart important entre le discours du premier ministre et la réalité des discussions pour améliorer les conditions de travail du personnel du réseau.
Lors de sa conférence de presse aujourd’hui, le premier ministre du Québec a été questionné sur le fait que les négociations piétinent alors qu’il est urgent d’implanter des mesures immédiates pour appuyer le personnel du réseau face à la crise de la COVID-19. Dans sa réponse, il a indiqué encore une fois sa préoccupation pour améliorer la situation des préposé-es aux bénéficiaires.
Voici sa déclaration :
« Donc, maintenant, sur la rémunération, nous, on l’a dit, là, depuis le début… même, je dirais que ça fait plusieurs mois, même avant la crise, nous, ce qu’on souhaite, c’est augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires. Ce n’est pas simple, hein ? Habituellement, au Québec, quand on négocie des augmentations de salaire, on donne la même augmentation à tout le monde, mais nous on pense, là, puis c’est encore plus vrai avec l’arrivée du chèque de 2 000 $ par mois, de faire quelque chose de spécial pour les préposés aux bénéficiaires. Donc, ça fait partie des discussions avec les syndicats, puis je laisse… je vais laisser les discussions à la table. »
Ce dernier bout de phrase nous rend perplexes. Le gouvernement n’a rien mis sur la table pour trouver une solution à cette situation depuis sa conférence de presse il y a 2 semaines où il annonçait son intention d’ouvrir des discussions rapides et intenses avec les syndicats.
Cela fait des années que nous réclamons la pleine reconnaissance de la contribution des préposé-es aux bénéficiaires, comme des auxiliaires aux services de santé et sociaux, et les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais saisi ces occasions. Le gouvernement de la CAQ a eu de nombreuses occasions depuis son élection de régler cette question et d’améliorer le sort du personnel épuisé du réseau de santé et de services sociaux. La FSSS–CSN sera certainement au rendez-vous pour convenir d’augmentations substantielles pour l’ensemble du personnel du réseau et pour corriger des erreurs systémiques qui font en sorte que les PAB et les ASSS, entre autres, ne reçoivent pas la rémunération qu’ils devraient recevoir en fonction de leur rôle névralgique.
De plus, en février 2020, à la suite d’une invitation de la CNESST qui nous proposait la conciliation comme processus alternatif aux enquêtes concernant le règlement de plaintes de maintien de l’équité salariale déposées en vertu de la Loi sur l’équité salariale, la FSSS-CSN a indiqué rapidement qu’elle était volontaire à entamer une démarche de conciliation pour discuter des ajustements salariaux notamment pour les préposé-es aux bénéficiaires et les auxiliaires aux services de santé et sociaux.
D’ailleurs, nous avons interpellé la CNESST pour faire des travaux prioritaires sur cette question. Le 20 mars 2020, la CNESST a déjà indiqué qu’elle était toujours en attente d’une réponse du Conseil du trésor pour procéder au règlement des litiges.
Que ce soit au niveau de la négociation ou du maintien de l’équité salariale, nous sommes toujours en attente d’une réponse de la part du gouvernement. Il est possible de faire ces travaux rapidement. Nous prenons le premier ministre au sérieux lorsqu’il dit qu’il est prêt à procéder. Nous représentons la très vaste majorité des PAB dans le réseau de la santé et des services sociaux. Notre équipe reste toujours disponible si M. Legault veut bien donner un mandat au Conseil du Trésor pour avancer rapidement sur cette question.
Cependant, il faut souligner que nous sommes plutôt inquiets entre le discours public et les discussions que nous avons sur la négociation et sur les plaintes de maintien de l’équité salariale. Nous sommes de retour à la table de négociation avec le Comité patronal de négociation depuis 15 heures aujourd’hui. Espérons que les négociateurs du ministère auront entendu le point de presse de M. Legault.
En terminant, il y a un urgent besoin de s’entendre sur des conditions pour l’ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Les conditions doivent être mises en place pour soutenir le personnel qui est sur les lignes de front en cette crise de la COVID-19. Nous attendons avec impatience que les négociateurs patronaux agissent avec ce même esprit d’urgence face à ce défi historique pour la population du Québec.
Jeff Begley