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    • 04 OCT 21
    Le système est aux soins critiques !

    Depuis le milieu des années 90, nous affamons tranquillement, mais surement les services publics. Une politique d’affamer vise d’abord à affaiblir l’organisme en question. Le moins qu’on puisse dire est que les gouvernements successifs ont réussi le pari d’affaiblir ces services. L’examen pour mesurer jusqu’à quel point ils ont réussi leur pari est en cours depuis mars 2020.

    Affronter l’épreuve en étant déjà à terre

    Normalement, avant d’affronter une épreuve, nous souhaitons être en pleine forme. Malheureusement, nous ne choisissons pas toujours le moment de faire face à l’épreuve. Ce que nous voyons ces jours-ci, dans les réseaux de la santé, des services sociaux, les services de garde, ainsi que dans l’éducation ne devrait pas être une surprise pour qui que ce soit qui suit de près ou de loin l’évolution de nos réseaux essentiels.

    J’étais un peu étonné lorsque le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a dit qu’il était surpris de voir autant de départs chez les infirmières. Je dis « un peu étonné », parce que Christian Dubé est venu du poste du président du Conseil du trésor à la santé. Ce n’est pas quelqu’un qui vient du milieu de la santé ou de l’éducation. Depuis son arrivée comme ministre, il ne fait que répondre aux crises. Le temps de prendre un recul pour voir venir les suites n’existe pas pour lui. Le problème n’est pas que chez les infirmières. D’ailleurs, il serait plus court de nommer des titres d’emploi où ça va bien que de nommer ceux où il n’y a que peu de problèmes.

    Des ministres bien au courant des problèmes

    Par contre, il y a des membres du conseil des ministres qui savent depuis longtemps que le fait d’avoir bien affamé ces réseaux les avaient beaucoup affaiblis depuis des années. Soyons clair, la raison principale pour laquelle la CAQ a été élue en 2018, c’est à cause des dégâts causés par les libéraux dans la santé et les services sociaux. Au conseil des ministres, il y a au moins 3 ministres pour qui la situation actuelle était tout à fait prévisible.

    François Legault est allé chercher Mme McCann qui était administratrice depuis plusieurs années dans la santé et des services sociaux. Impossible qu’elle n’ait pas vu les dégâts causés en affamant le réseau de la santé et des services sociaux !

    François Legault est aussi allé chercher Jean-François Roberge comme ministre de l’Éducation. Pour M. Roberge, impossible de ne pas savoir les effets d’avoir affamé le réseau de l’éducation. Lui qui arrive directement du plancher à titre d’enseignant avec plusieurs années d’expérience.

    Et finalement, le premier ministre lui-même, qui a été depuis plus de 20 ans, ministre d’État à l’Éducation et à la Jeunesse, ministre de la Santé et des Services sociaux et vice-président du Conseil du trésor.

    Écouter le personnel pour que ça aille mieux

    Il n’y a aucune surprise pour ces 3 ministres. Maintenant, la question est que fait-on pour finalement donner des perspectives à la population en général et particulièrement au personnel qui n’en voit pas, notamment depuis le gâchis de la reforme Barrette ?

    Je comprends que ce gouvernement a pris goût de gouverner seul et sans contrainte. La pandémie lui a donné beaucoup de latitude et il s’en sert largement. Il me semble que ce gouvernement aurait dû apprendre du gouvernement précédent sur le fait que d’agir seul en roi et maitre dans le réseau de la santé et des services sociaux peut tirer l’élastique au bout. Arriver le moment d’une élection, l’élastique peut lui péter dans la face ! Ce n’est pas pour rien que Dominique Anglade, sans le dire directement, a dit non merci à la proposition de Gaétan Barrette de reprendre service comme ministre de la Santé et des Services sociaux advenant un prochain gouvernement libéral. La face libérale n’est pas encore guérie depuis son dernier passage.

    Faire un projet de loi mammouth comme l’annonce le ministre Dubé, sans faire un chantier avec le monde qui tient le réseau à bout de bras depuis des années serait inexcusable. Un dialogue social, tant avec la population qu’avec les intervenantes du terrain (toutes les intervenantes) est absolument incontournable.

    La CAQ a eu libre cours face à nos services publics depuis maintenant près de 18 mois. Il faut arrêter de diviser partout où c’est possible de le faire et de commencer à réunir et à bâtir ensemble. Le choix est au gouvernement.

    Diviser ou mobiliser ? C’est son choix. Espérons qu’il va arrêter de choisir la division !

    Jeff Begley
    Président de la FSSS-CSN