La pandémie nous a rappelé que les femmes subissent encore trop de formes de violences. Il est urgent d’agir pour améliorer le quotidien des femmes pour faire reculer ces violences.
Alors que nous soulignions au début de la semaine pour une 32e année l’événement tragique de Polytechnique, cela nous rappelle que l’action féministe est plus pertinente que jamais. Le 6 décembre 1989, 14 femmes sont tuées seulement parce qu’elles sont des femmes. C’est un rappel important d’une lutte à poursuivre, notamment pour agir davantage sur le contrôle des armes à feu.
Des violences institutionnelles à dénoncer
Depuis le début de la pandémie, le personnel du réseau de la santé et des services sociaux et des services de garde éducatifs s’est fait chambouler sans arrêt. Les arrêtés ministériels s’accumulent et viennent bafouer nos droits en s’en prenant à nos conditions de travail. Le gouvernement, la CNESST et la santé publique ont échoué à bien nous protéger face à la COVID. En refusant d’appliquer le principe de précaution pour nous donner dès le départ les bons équipements et implanter les bonnes mesures de prévention, on a mis nos vies à risque. Nous avons même dû aller devant un tribunal pour forcer le gouvernement à nous donner des masques N95 pour faire face au virus. Il faut le faire !
Tout ça dans un secteur très majoritairement féminin. Toutes ces attaques faites majoritairement à des femmes qui tiennent à bout de bras nos services publics ont de quoi choquer. Ce sont des violences institutionnelles qui mettent les travailleuses à risque et nuisent à notre santé physique et psychologique.
Un féminicide est un féminicide de trop
Dans les derniers mois, trop souvent un féminicide a défrayé les manchettes. Cela nous rappelle comment la pandémie a un impact négatif sur la vie des femmes. C’est maintenant 18 femmes qui ont été assassinées cette année.
La violence conjugale a été exacerbée par la pandémie. Selon le Conseil du statut de la femme, les demandes d’aide ont augmenté. En 2020-2021, SOS violence conjugale a reçu 7 000 appels de plus que l’année précédente. Le nombre moyen d’appels est passé de 90 à 200 par jour. En temps de pandémie, la capacité d’accueil des maisons d’hébergement était réduite et 15 000 demandes ont dû être refusées en 2020. Les accusations de violence conjugale ont augmenté de 8,7 % pour la même année.
Des sources d’espoir
S’il y a bien des raisons de s’inquiéter des violences faites aux femmes, il y a aussi des sources d’espoir. D’abord, les vagues de dénonciation des dernières années ont forcé un débat public sur cet enjeu, de même que des réactions politiques.
Notons à cet effet l’inclusion dans la Loi sur la santé et sécurité du travail (LSST) de l’obligation des employeurs à la prévention des violences. C’est une avancée pour que les employeurs jouent leur rôle pour mettre fin aux violences en milieu de travail.
Il faut aussi souligner la création du tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale qui est le fruit des luttes féministes récentes.
Il y a encore beaucoup de marches à monter avant d’arriver à une vraie égalité à la veille de la journée mondiale des Droits de l’homme dont le thème cette année est « Tous humains, tous égaux ». Mais notre action collective est le meilleur moyen de faire améliorer les choses et d’offrir un meilleur avenir à toutes les femmes.
Judith Huot
Vice-présidente de la FSSS-CSN