La CSN demande au gouvernement de rendre public le rapport du comité d’experts qui conclut que la construction du CHUM en PPP est plus avantageuse qu’en mode traditionnel.
« Le gouvernement sème le doute, en gardant secret le rapport sur lequel il se base pour se lancer dans l’aventure des PPP. Même s’il soutient que le mode PPP favorisera des économies de quelque 300 millions de dollars, l’annonce d’aujourd’hui n’est pas convaincante. Tout cela sent les dés pipés, le gouvernement refusant de divulguer le rapport de son comité d’experts avant la signature du contrat parce que celui-ci contient des informations privilégiées », dénonce Louis Roy, vice-président de la CSN.
« Comment peut-on savoir si ce rapport d’experts indépendants répond correctement aux craintes formulées par le Vérificateur général, Renaud Lachance, selon qui Québec s’est fondé sur des données et des hypothèses erronées pour choisir la formule du PPP, notamment quant au niveau de vétusté de l’édifice ? »
Rappelons qu’au mois de juin dernier, le Vérificateur général a affirmé que les évaluations soumises au gouvernement pour retenir le PPP ne permettaient toujours pas de conclure que la formule en partenariat public-privé était plus économique qu’une réalisation en mode traditionnel par le secteur public. Il a jugé erronées les données utilisées pour évaluer le coût d’entretien d’un CHUM construit par l’État seul. Une dévaluation de 20 % (l’indice de vétusté) avait été fixée dès la première année de la mise en service de l’hôpital, une impossibilité selon Renaud Lachance. Le déficit d’entretien devait atteindre quant à lui 66 % au bout de 30 ans, une autre évaluation qui est jugée irréaliste par le Vérificateur.
Ce dernier recommandait, en outre, l’utilisation d’un taux d’actualisation (soit la valeur dans quelques années d’un dollar dépensé aujourd’hui) de 6,5 % au lieu de 8 %. Or les trois experts du gouvernement, Daniel Roth, directeur général des Services consultatifs en infrastructures de la firme Ernst & Young, Henri Elbaz, ex-directeur général de l’Hôpital général juif, et Alain Boisset, consultant indépendant en matière de développement de projets d’infrastructure, n’auraient retenu que le taux d’actualisation de 6,5 % recommandé par Renaud Lachance.
« Le gouvernement devrait prouver sa bonne foi en remettant minimalement le rapport d’experts indépendants au Vérificateur général pour qu’il puisse donner son avis avant la signature du contrat », de poursuivre Louis Roy.
La CSN s’interroge, par ailleurs, sur l’impartialité d’au moins deux de ces experts. Daniel Roth est membre du CA de l’Institut pour le partenariat public-privé tandis qu’Alain Boisset, qui a été sur le CA de cet organisme autour de 2004, est membre du Conseil canadien pour les partenariats public-privé.
« On est en droit de se demander si le gouvernement Charest n’a pas commandé un rapport à un comité d’experts déjà plus que favorable aux PPP, pour faire mentir le Vérificateur général et obtenir un avis favorable à la construction du nouveau CHUM en partenariat avec le secteur privé. Nous devons croire le gouvernement les yeux fermés et signer un chèque en blanc, puisque Québec assumera 45 % du coût de financement du projet », conclut le dirigeant syndical.
Pour en savoir plus :
- CHUM: toujours plus cher (Le Devoir, 21-12-2010)
- CHUM: la facture gonfle encore (Cyberpresse, 21-12-2010)
- Et vous pensez qu’on va vous croire? (Vincent Marissal, La Presse, 21-12-2010)
- Tout ça pour ça (Ariane Krol, La Presse, 21-12-2010)
- Les coûts du CHUM explosent (Cyberpresse, 20-12-2010)
- L’opposition dénonce le choix du PPP pour le CHUM (site de Radio-Canada, 20-12-2010)
- Le CHUM coûtera 323 millions $ de plus et ouvrira neuf mois plus tard (Le Devoir, 20-12-2010)
- CHUM en PPP: Québec dévoile ses experts, pas leur rapport (Cyberpresse, 03-12-2010)