Les orphelins de l’austérité
Chaque compression budgétaire produit des effets négatifs sur la population, mais il est particulièrement irresponsable de jouer avec la vie de milliers d’enfants et d’adolescents vulnérables sous la responsabilité de la DPJ. La Loi sur la protection de la jeunesse prévoit pourtant que l’État doit assurer la sécurité et le développement de ces enfants.
Le gouvernement du Québec a décidé de retrancher 20 M$ dans le budget des centres jeunesse du Québec pour 2014-2015, alors que le nombre de cas d’enfants signalés à la DPJ ne cesse d’augmenter chaque année. Ce chiffre de 20 M$ provient de l’Association des centres jeunesse du Québec (ACJQ) qui se dit « préoccupée » quant à sa capacité à maintenir les services actuels pour les jeunes vulnérables.
L’ACJQ, qui regroupe 16 centres partout au Québec, rappelle que l’« effort d’optimisation » des trois dernières années rend la compression de cette année très difficile. « Les travailleuses et les travailleurs des centres jeunesse sont déjà épuisés et on ne peut pas se permettre d’augmenter encore le roulement de personnel quand on sait l’instabilité que vivent déjà plusieurs des jeunes en crise qui sont sous la responsabilité de l’État », insiste Line Beaulieu, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). La vice-présidente ajoute qu’un tel contexte budgétaire rend très difficile la prévention des mauvais traitements envers les enfants et empêche d’assurer l’accès aux meilleures pratiques en matière de services aux enfants et à leurs familles.
Ces compressions surviennent au moment où le nombre d’enfants pris en charge augmente régulièrement depuis des années. En effet, le Bilan des directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ) indique que les signalements retenus sont passés de 21 979 en 1979-1980 à 32 661 en 2011-2012. En ce qui concerne les cas pris en charge par la DPJ, ils sont passés de 31 741 en 2011-2012 à 32 239 en 2012-2013. Depuis 2010, la DPJ constate une hausse de 17,3 % des signalements dont plus du tiers sont retenus. En 2013-2014, cela représentait 3 % de plus que l’année précédente. Bref, ce sont plus de 30 000 enfants vulnérables qui ne pourront pas bénéficier de ressources stables et suffisantes à leur rétablissement physique et psychologique.
Incohérence du gouvernement libéral
L’équipe libérale avait pourtant pris position en campagne électorale pour sauvegarder les services aux jeunes vulnérables.
Le premier ministre Couillard lui-même avait promis de rouvrir le foyer de groupe de Roberval situé dans son compté. Il a en partie tenu promesse en octroyant 1,1 M$ spécifiquement pour Roberval, mais le Centre jeunesse Saguenay-Lac-Saint-Jean a récemment appris qu’il subira une coupe budgétaire de 600 000 $. Ce sera donc d’autres services de la région qui écoperont.
Interpellée par la FSSS–CSN en campagne électorale, la directrice générale du Parti libéral du Québec, Marie-Ève Ringuette, rassurait la FSSS–CSN sur l’avenir des centres jeunesse en disant vouloir hausser le budget de la santé de 4 % et ainsi préserver les services.
L’actuelle ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a dénoncé, pas plus tard qu’en janvier dernier, les compressions prévues à ce moment dans les centres jeunesse. « De ce que nous comprenons maintenant, c’est qu’il y a des coupes dans les services dispensés à l’une des clientèles les plus fragiles que le gouvernement doit protéger », insistait alors la députée libérale, qui a œuvré comme avocate auprès de cette clientèle.
Campagne Grandir dans la dignité
Pour ramener un peu d’humanité dans le soutien aux jeunes vulnérables, la FSSS–CSN a décidé de mettre sur pied la campagne Grandir dans la dignité qui vise à mettre fin au sous-financement dans les centres jeunesse que le Vérificateur général dénonçait déjà en 2009, et à réclamer des états généraux afin de prendre le temps de se demander comment le Québec entend traiter les enfants qui sont confiés à l’État.
Plus d’informations au : https://fsss.qc.ca/grands-dossiers/vpp/ #grandir_dignite
Le site contient une vidéo qui explique les raisons de la campagne ainsi que l’affiche de Grandir dans la dignité qui est placardée depuis peu dans les centres jeunesse partout au Québec.
À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.
Renseignements
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