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    • 22 AVR 14
    Couper dans les services administratifs : une fausse bonne idée et une mauvaise cible

    Au cours de la dernière campagne électorale, on a souvent entendu, de la part de certains candidats, la proposition suivante : pourquoi ne pas couper dans les services administratifs du réseau de la santé et des services sociaux pour investir dans les soins et services directs à la population? Bien que cette idée puisse séduire au premier coup d’œil, elle ne passe pas le test d’une analyse plus approfondie.

    En effet, dans toutes les missions assumées par notre réseau public, s’il est possible de livrer des services directs à la population, c’est en grande partie en raison des services administratifs. Sans ces services, les médecins, infirmières, travailleuses sociales, auxiliaires aux services de santé et sociaux ainsi que les autres professionnelles de la santé et des services sociaux auraient à se consacrer à diverses tâches administratives plutôt que de dispenser des soins et des services.

    Imaginerait-on un hôpital sans personnel administratif pour accueillir les personnes malades? Un hôpital sans système d’archives ou de prises de rendez-vous? Des médecins faire des suivis sans secrétaires médicales? Des avocats assurer les représentations pour l’application de la Loi sur la protection de la jeunesse devant les tribunaux ou toute autre instance judiciaire sans secrétaires juridiques? Serait-il préférable que les médecins, les infirmières, les intervenants sociaux comme toutes les autres professionnelles de la santé et des services sociaux consacrent leur temps à des tâches administratives au détriment des activités cliniques?

    C’est donc dire que plus il y a de personnel administratif, plus de temps et d’argent peut être investi dans les services cliniques.

    Ainsi, une politique de réduction du personnel administratif provoquerait l’effet inverse de ce qui est recherché avec comme conséquence une diminution des services directs à la population. Il serait plutôt opportun de s’assurer, dans tous les milieux de travail, que le personnel administratif est en nombre suffisant afin de permettre de dégager le plus possible le personnel qui se consacre aux soins et services cliniques.

    Si on veut s’attaquer à un problème réel, c’est du côté du nombre de cadres qu’il faut se tourner. En effet, depuis 10 ans, le nombre de cadres a augmenté de 30 %, et ce, malgré la diminution importante du nombre d’établissements, conséquence de la création des CSSS. Durant cette période, le nombre de cadres s’est accru 50 % plus rapidement que le nombre d’employé-es syndiqués.

    À n’en pas douter, le transfert de plus en plus important de la mission des établissements publics vers le secteur privé n’est pas étranger à ce phénomène. La multiplication des ententes contractuelles liant le réseau à des tiers provoque un accroissement important du nombre de cadres dont le rôle est de gérer ces ententes et de surveiller, tant bien que mal, la qualité des services offerts par une série de prestataires de services privés. Cela est sans compter l’introduction, en santé, des systèmes et mécanismes de gestion issus du secteur privé qui provoque une hausse considérable de la bureaucratie.

    En somme, si on veut véritablement améliorer l’accès et la qualité des services de santé et services sociaux, ce n’est pas en réduisant les services administratifs qu’on y parviendra, mais bien en limitant la contractualisation générée par la privatisation des services, en limitant la bureaucratisation générée par l’influence des modes de gestion inspirés du secteur privé et en limitant les ressources investies dans l’encadrement pour plutôt les investir dans des ressources qui permettent réellement d’améliorer l’accès et la qualité des services à la population.

    La Semaine des secrétaires a lieu du 20 au 26 avril 2014 et la Fédération de la santé et des services sociaux tient durant cette semaine à souligner le travail indispensable des agentes administratives, secrétaires médicales et juridiques, adjointes à la direction et à l’enseignement universitaire et l’ensemble du personnel de bureau et de l’administration. Le thème retenu cette année, Merci à vous, souligne l’importance et la nécessité de leur travail dans la distribution des services à la population.