Les nouvelles du jour sont sur la stratégie de négociation déplorable du gouvernement et la protection du personnel.
Un gouvernement déconnecté qui veut couper les ailes des anges gardiens
Le gouvernement veut renouveler en vitesse les conventions collectives des 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics. Alors que nous insistons sur le fait qu’il est urgent de s’attaquer à la pandémie pour donner les services nécessaires à la population, il revient avec ses offres déposées en décembre dernier. La crise actuelle ne doit pas servir à camoufler les problèmes très réels de conditions de travail que la présente négociation devait servir à régler.
Rappelons que le 23 mars, la CSN a présenté sa réponse au Conseil du trésor : une suspension de la négociation compensée par plusieurs mesures à mettre en place immédiatement, dont certaines de nature financière, permettant de mettre la négociation de côté pour une période allant jusqu’à 18 mois, afin de pouvoir se consacrer entièrement à la lutte contre la COVID-19, au bénéfice de toute la population.
Au cours de la dernière semaine, nous avons eu plusieurs échanges avec le Conseil du trésor et les représentants patronaux des différents réseaux, mais force est de constater que très peu d’avancées ont été réalisées. En résumé, le gouvernement propose essentiellement d’accepter sa proposition initiale du 12 décembre dernier, que toutes les organisations syndicales avaient jugée inacceptable. Aujourd’hui, en pleine crise, il nous demande d’accepter un statu quo sur les conditions de travail pour les trois prochaines années et il tient à boucler cet important exercice d’ici le 31 mars, alors qu’une telle opération s’étend généralement sur des mois, voire plus encore. Ces « offres » qui étaient déjà déconnectées des réalités vécues et des besoins dans les réseaux publics en décembre dernier le sont encore plus maintenant. Il s’agit d’un grand manque de respect pour les travailleuses et les travailleurs du secteur public qui ont présentement plus que jamais besoin d’être soutenus.
Quel est le véritable intérêt du gouvernement à vouloir conclure en quelques jours des ententes qui maintiendront à peu de choses près les mêmes conditions de travail inadéquates pour l’ensemble des salarié-es bien au-delà de la crise sanitaire ? Voudrait-il ainsi passer le cap des prochaines élections sans se retrouver à négocier avec ses travailleuses et ses travailleurs juste avant celles-ci ? La crise sanitaire ne doit pas servir à occulter les problèmes réels de conditions de travail.
Une chose est certaine, l’entêtement du gouvernement à vouloir renouveler en vitesse l’ensemble des conventions collectives nuit aux discussions essentielles qui devraient se tenir maintenant afin de mettre en place des mesures d’urgence pour le personnel au front contre la COVID-19. On apprenait qu’on recense déjà, au Québec, 46 cas de COVID-19 chez le personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Le gouvernement doit agir maintenant ; il en va de la sécurité et de la santé, tant physique que psychologique, de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs des services publics. L’heure est grave, il faut consacrer toutes nos énergies à trouver des solutions à la crise et, par conséquent, suspendre la négociation.
Alors que dans le secteur privé de nombreux employeurs d’entreprises jugées essentielles en ces temps de crise valorisent leurs travailleuses et leurs travailleurs en offrant des majorations salariales significatives, le gouvernement, jusqu’à présent, semble plutôt d’avis que ses anges gardiens ne méritent pas tous une reconnaissance de leur contribution. Ce refus de souligner concrètement l’apport crucial de toutes celles et de tous ceux qui, pour les semaines et les mois à venir, maintiendront les services à la population, permettant ainsi de sauver des vies et de sortir le Québec de la crise, est inacceptable.
Dans ce contexte, les fédérations CSN maintiennent que les conventions collectives du secteur public ne doivent pas se négocier à la va-vite, sur un coin de table. Les besoins sont trop importants ; ils l’étaient avant la crise et le seront encore plus au sortir de la lutte contre la COVID-19. Aller de l’avant avec la proposition actuelle du gouvernement n’est pas la voie à suivre.
Nous le disons depuis longtemps déjà : les services publics sont les piliers de notre société. Sans vous toutes et vous tous, aujourd’hui, le Québec ne tiendrait plus debout. La population entière le réalise actuellement et le gouvernement doit aussi le reconnaître par des gestes concrets. C’est par ce message que nous avons terminé la rencontre d’hier avec le Conseil du trésor.
La CSN poursuivra activement les discussions avec le gouvernement au cours des prochains jours. Nous continuerons de vous tenir informés.
Au-delà du discours, nous attendons des gestes concrets !
Dans un billet de blogue, Jeff Begley, président de la FSSS-CSN, questionne l’écart important entre le discours du premier ministre et la réalité des discussions pour améliorer les conditions de travail du personnel du réseau.
Lors de sa conférence de presse dimanche, le premier ministre du Québec a été questionné sur le fait que les négociations piétinent alors qu’il est urgent d’implanter des mesures immédiates pour appuyer le personnel du réseau face à la crise de la COVID-19. Dans sa réponse, il a indiqué encore une fois sa préoccupation pour améliorer la situation des préposé-es aux bénéficiaires.
Lire le billet de blogue de Jeff Begley.
Mesures renforcées de la santé publique pour la protection du personnel
Vous êtes nombreuses et nombreux à vous questionner sur votre protection en cette période de crise. Nous faisons toutes les interventions nécessaires pour apporter des réponses à vos questions et pour que les directives changent alors que la transmission communautaire est confirmée.
Voici les nouvelles recommandations de la santé publique que les employeurs doivent mettre en application dès maintenant :
- La FSSS-CSN intervient pour protéger le personnel à risque
- Mesures de prévention en milieux de travail pour les travailleuses enceintes ou qui allaitent
- Réutilisation des respirateurs N-95 lors de la pandémie de la COVID-19
- Mesures pour les travailleurs de la santé lors de la prestation de soins à domicile
- Recommandations intérimaires pour la protection des travailleurs immunodéprimés
Annonces gouvernementales
Durant la fin de semaine, il y a eu quelques nouvelles annonces. Le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de 200 millions de dollars pour les refuges en itinérance et violence familiale. Samedi, le gouvernement Legault a annoncé de nouvelles mesures pour limiter les transports entre régions. Le ministre du Travail a aussi annoncé que le personnel du réseau pourra interrompre leur congé parental afin d’aller aider leurs collègues. Ceux et celles qui choisiront de le faire verront leur prestation bonifiée de six mois additionnels s’ils retournent au travail maintenant.
Dimanche, le gouvernement a annoncé qu’il ajoute des ressources, notamment des gardiens, devant les CHSLD et les résidences pour aînés pour augmenter le contrôle des allées et venues. Au Québec, le nombre d’hospitalisations reste limité, ce qui laisse croire que les mesures en place entraînent des résultats positifs.
Le 30 mars, il y a maintenant 3430 cas confirmés au Québec. Le premier ministre a remercié les travailleuses et travailleurs sociaux qui continuent de donner des services importants à la population. Il est aussi revenu sur les équipements, en indiquant que la situation est sous contrôle à court terme. La FSSS-CSN remarque que le gouvernement n’a toujours pas transmis d’échéancier clair au personnel sur la disponibilité des équipements. Cela soulève bien des questions pour du personnel qui en aura besoin dans les prochaines semaines. Il faut donc miser rapidement sur la fabrication au Québec et au Canada.
Dans la période de questions, le premier ministre a été questionné encore une fois sur la négociation. Il ne s’est pas engagé à maintenir les primes de la convention collective qui viennent à échéance demain. Il a toutefois indiqué qu’il ne souhaite pas décréter notre convention collective. Au sujet du salaire minimum, il a refusé d’appuyer la hausse à 15 $ de l’heure, alors pourtant que nous reposons actuellement sur le travail important de bien des travailleurs et travailleuses qui sont au salaire minimum, comme dans les centres d’hébergement privés (CHP) et les commerces d’alimentation par exemple.
Nouvelles consignes pour les RI-RTF
Le MSSS a de nouveau transmis de nouvelles consignes pour les ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF).
Pour en savoir plus
Pour vous informer en tout temps :
- CSN : https://www.csn.qc.ca/coronavirus/
- Foire aux questions de la CSN : https://www.csn.qc.ca/coronavirus/faq/
- FSSS : https://fsss.qc.ca/grands-dossiers/sante-securite/#covid19
- Portail du gouvernement du Québec
Toute question peut nous être acheminée par courriel à l’adresse suivante : coronavirus@csn.qc.ca. Merci de nous indiquer votre titre d’emploi, le nom de votre syndicat ou de votre employeur ainsi qu’une façon de communiquer avec vous. Nous tenterons d’y répondre dans les meilleurs délais.