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    • 26 FÉV 20
    Les CPE plus hiérarchisés selon une étude

    Les CPE deviennent de plus en plus hiérarchisés avec le temps. C’est le résultat d’une étude qui vient de paraître et qui illustre toute la justesse de nos revendications pour un réseau des services de garde éducatifs participatif.

    La FSSS-CSN a collaboré à cette étude en fournissant des données et de l’information sur la réalité des CPE et des travailleuses et travailleurs.

    Une étude qui met les points sur les i

    L’étude de Guy Bellemare, de l’Université du Québec en Outaouais, est intitulée Le contexte des services de garde au Québec : vers une logique d’entreprise réseau hiérarchisée. Elle porte un regard historique sur le développement du réseau, des politiques des services de garde aux différentes décisions gouvernementales ou des employeurs qui sont venues transformer les CPE avec le temps.

    Les résultats de cette étude montrent que le Ministère de la Famille « influence de plus en plus l’évolution des organisations membres du réseau, leur mode de fonctionnement et les conditions d’emploi et de travail des personnes qui y œuvrent. » Cette emprise plus forte du ministère et un modèle de gestion inspiré des entreprises privées a pour effet de réduire l’aspect démocratique et participatif des CPE.

    « Le réseau, d’une part, et des CPE, d’autre part, connaissent une tendance à la hiérarchisation. À mesure que l’État voit sa part du financement des services de garde croître de même que ses règles, directives, exigences de reddition de comptes et sa surveillance sur les services de garde, les relations entre les différents acteurs impliqués se transforment vers une situation d’entreprise réseau hiérarchisé.

    Les pratiques se transforment de trois manières. 1- Les divers regroupements éprouvent des difficultés à construire des coalitions pour tenter de peser sur les orientations du Ministère et 2- celui-ci, selon la plupart des acteurs rencontrés, prend moins en compte les avis de ces acteurs dans ses orientations. Finalement, 3- le MF restreint de plus en plus l’autonomie des acteurs nationaux, régionaux et locaux par le développement de sa règlementation et des règles budgétaires. »

    Des attaques concertées contre le modèle des CPE

    Dans les dernières années, plusieurs décisions gouvernementales ont attaqué le modèle des CPE. C’est le cas des compressions budgétaires qui ont réduit l’autonomie budgétaire des CPE. Mais c’est aussi le cas avec des règles budgétaires du Ministère qui mettent les CPE devant de nouvelles obligations.

    À cela s’ajoutent les règles du gouvernement libéral qui favorisait les garderies privées au détriment du réseau des services de garde éducatifs. Sous l’impulsion de cette décision, les garderies privées non subventionnées sont passées de 1,3 % des places totales en service de garde en 2005 à 18,9 % des places en 2018. C’est une montée fulgurante qui vient atteindre la qualité des services aux enfants.

    La dernière attaque en lisse est le projet de maternelles 4 ans du gouvernement Legault. Si nous sommes parvenus à freiner son projet mur-à-mur pour qu’il se concentre sur les milieux défavorisés, le développement de ces places a certainement de quoi inquiéter les CPE et le réseau des services de garde éducatifs.

    Aux côtés de ces attaques sur le financement et le développement des places viennent celles sur l’organisation des CPE. L’étude de Bellemare note : « Dans plusieurs CPE, on assiste à une hiérarchisation accrue de leur fonctionnement. Celle-ci se manifeste par un recul de la co-gestion, un durcissement patronal aux tables de négociation, des demandes de plusieurs CPE de diminuer le nombre d’employées sur le CA et un rehaussement de l’écart salarial entre les directrices et les éducatrices. »

    Militer pour des CPE participatifs !

    Toutes ces attaques ont un effet sur nos conditions de travail. Comme le récent sondage de la CSN l’a démontré, il y a urgence à agir pour améliorer la situation si nous voulons garder notre monde et attirer de la relève dans les prochaines années.

    La surcharge de travail et les arrêts de travail qui augmentent témoignent des problèmes importants que nous vivons. Comme l’indique bien l’étude : « Selon la majorité des personnes interrogées pour cette recherche, la stagnation des conditions de travail, les faibles salaires, combinées au sentiment de recul de la reconnaissance professionnelle (diminution des occasions de formation, coupures dans le temps de préparation pédagogique, décroissance des inscriptions à la filière du DEC en services de garde et croissance majeure de la filière de formation des AEC) font perdre beaucoup d’attrait à ce secteur et commencent à poser des difficultés de recrutement d’éducatrices qualifiées. »

    Alors que près de 50 % des éducatrices en CPE ne sont pas encore syndiquées et que nous subissons des attaques à l’essence même des CPE, nous ne pouvons faire autrement que de remarquer la pertinence de nos revendications. Depuis la création des CPE, la CSN et les travailleuses syndiquées ont milité pour que les CPE soient des lieux démocratiques et participatifs. Nous avons toujours voulu participer aux côtés des parents pour veiller au développement des enfants, notamment en jouant un rôle important sur les CA. Et quand on voit que toutes les recherches démontrent que nous offrons les services de la meilleure qualité, c’est donc que nous avons raison de tenir à notre modèle.

    C’est en nous regroupant dans nos syndicats, aussi bien dans nos revendications locales qu’en appui à nos négociations régionales et nationales que nous pourrons parvenir à faire avancer ce modèle si envié partout dans le monde !