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    • 28 MAI 24
    Crises sociales : la nécessaire révolution dont le Québec a besoin

    Personne n’a intérêt à laisser la pauvreté, l’insécurité alimentaire et l’itinérance prendre de l’ampleur comme c’est actuellement le cas.

    Personne n’est à l’abri d’avoir besoin d’aide, à une période ou l’autre de sa vie, pour elle-même ou pour une personne proche. Que ce soit en lien avec une maladie, un accident, un problème de santé mentale ou simplement lors d’un événement particulier ou d’une transition de vie qui nécessitent un soutien spécifique.

    De nombreuses personnes, dont plusieurs enfants, sont aux prises avec d’importantes difficultés et auraient besoin de soutien et d’accompagnement.

    Face aux constats qui émanent des États généraux du travail social, la FSSS-CSN, qui est la plus grande organisation syndicale en santé et services sociaux, invite la population et les forces vives de la société civile à prendre part au mouvement pour reconnaître pleinement le rôle et la place du travail social au cœur de la société québécoise.

    Cette vaste démarche collective, marquée par une consultation qui s’est déroulée sur plusieurs mois, a mené à plusieurs recommandations présentées lors du Sommet des États généraux auquel ont pris part plus de 400 personnes les 19 et 20 avril derniers. On dresse un portrait dur, mais lucide, de la situation critique qui prévaut actuellement au Québec, alors que les nombreuses crises sociales, économiques, démographiques et climatiques qui sévissent provoquent souffrance et vulnérabilité dans la population québécoise.

    En tant que société, nous avons le devoir d’agir sur les déterminants sociaux de la santé et de retisser les liens du filet social qui s’est effrité à coups de réformes centrées sur la recherche d’économies, aux dépens de l’accessibilité à des services humains.

    Or, pour que cela prenne forme, il est impératif de redonner toute sa place au travail social et d’actualiser les valeurs qu’il porte. Il faut aussi déprivatiser, décentraliser et démocratiser le réseau de la santé et des services sociaux.

     

    Réforme Dubé

    En somme, il faut faire tout le contraire de ce que propose la réforme Dubé, qui s’inscrit totalement à l’encontre de cette vision, en ne reconnaissant même plus les services sociaux dans le titre de son projet d’agence Santé Québec!

    Le constat est clair et partagé par tous les acteurs ayant pris part aux États généraux : actuellement, on gère le réseau de la santé et des services sociaux comme s’il s’agissait d’une entreprise à rentabiliser. L’humain dans toute sa complexité n’est pas considéré comme une variable importante, à moins qu’il puisse être comptabilisé comme statistique dans un tableau de bord. On ignore complètement l’expertise des travailleuses de proximité, des personnes du terrain, au profit de quelques «Top Gun» à Québec.

    On cherche à contrôler d’en haut le travail des personnes qui œuvrent sur le terrain, très majoritairement des femmes, dans une organisation du travail centrée sur une vision biomédicale et curative, autour de l’hôpital.

    Les failles provoquées dans le filet social ont pourtant des coûts bien réels, que ce soit financièrement ou socialement. Tant qu’on cherchera à individualiser les problèmes sociaux au lieu d’investir en prévention et en première ligne et de miser sur l’intervention collective, tant qu’on tolèrera la marchandisation de la santé, il n’y aura ni réelles perspectives de sortie de crise ni réelles améliorations durables de la santé de la population.

    Affaiblir le système public

    Les forces et intérêts qui sont derrière la vision qu’on nous impose depuis plus de 30 ans ont contribué à affaiblir notre système public de santé et de services sociaux. Pensons par exemple à nos CLSC qui faisaient l’objet d’une grande fierté collective et qui étaient cités comme un modèle partout dans le monde. On doit se lever : debout, pour agir ensemble pour le bien commun!

    Cette révolution, devenue urgente, doit passer par l’action. La mobilisation des acteurs du travail social dans tous les milieux, institutionnels, communautaires, collégiaux et universitaires, mais aussi de la société civile sera nécessaire.

    La FSSS-CSN a signé la déclaration d’engagement qui émane des États généraux du travail social. Elle s’engage ainsi à s’impliquer activement dans les suites de cette importante démarche et vous invite à faire de même, pour une révolution nécessaire en santé et en services sociaux!

     

    Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN

    Roxanne Palardy, travailleuse sociale et représentante des technicien-nes et professionnel-les à la FSSS-CSN