< Retour Imprimer
    • 12 JUIN 13
    Depuis quand les compressions n’ont pas d’impact sur les services?

    Le ministre Hébert a prétendu cette semaine que les compressions que son gouvernement impose aux établissements du réseau de la santé et des services sociaux n’avaient aucun impact sur les services à la population. Voilà pourtant plusieurs mois que nos syndicats et les travailleuses et travailleurs dénoncent publiquement ces coupes et les effets négatifs qu’elles ont sur le niveau de service des usagères et usagers. Alors, qui dit vrai?

    En fait, le ministre a même été jusqu’à dire qu’il n’y a pas de compression dans le réseau de la santé et des services sociaux! Il faudrait aller annoncer cette bonne nouvelle à tous les syndicats, travailleuses et travailleurs et comités des usagères et usagers qui se mobilisent actuellement contre ces compressions. Alors que la ministre fédérale Diane Finley nous disait qu’il n’y avait pas de réforme de l’assurance-emploi, voici donc maintenant qu’il n’y a pas de compression en santé et services sociaux.

    Évidemment, on nous ressort la même ritournelle voulant que les coupes se feront uniquement dans l’administration. Évidemment, il faut que l’on croie que les directions d’établissement se feront elles-mêmeshara-kiri! Et qui dit que des coupes dans l’administration n’ont pas d’impact sur les services? Il faut cesser de gérer le réseau en silo. Tous les travailleurs et travailleuses ont leur rôle à jouer dans la dispensation des services. Que fait-on si personne ne prend les rendez-vous, si personne ne répare la plomberie, si personne ne prépare les repas? Comme leurs collègues aux soins, ces salarié-es ont à cœur de donner des services de qualité. Tout ce qu’ils demandent, c’est d’avoir les coudées franches pour le faire.

    Et si les compressions n’existent pas, alors comment se fait-il qu’on abolit 66 postes au CSSS Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent? Comment se fait-il qu’on coupe des services au centre jeunesse du Saguenay-Lac-Saint-Jean? Comment expliquer alors qu’on ferme des lits alors que les unités débordent à l’Institut en santé mentale de Montréal? Et comment expliquer que l’on continue d’appliquer des mesures d’optimisation du travail qui mettent plus de pression sur les travailleuses et travailleurs sans améliorer la qualité des services? À toutes ces questions, il n’y a qu’une seule réponse : les compressions existent bel et bien et elles ont des impacts sur les services. Et il faut comprendre qu’en plus elles se rajoutent à des coupes ayant eu lieu dans les dernières années.

    Partout dans le réseau, le message est le même : nous sommes à bout! C’est le son d’alarme qui est lancé par des milliers de travailleuses et travailleurs. Et pour toute réponse, on leur dit de se presser, d’en faire plus, d’être plus « performant ». Et au même moment, on apprend que le DG du CHUM avait un salaire camouflé, que des contrats de milliers de dollars se donnent à des firmes privées, souvent sans appels d’offres et que les PPP s’avèrent être le plus gros gouffre financier du réseau. Et ce sont celles et ceux qui donnent les services qui doivent en faire plus!

    Vous voulez que je vous donne une manière de sauver de l’argent dans le réseau public? Cessons d’appliquer les mesures liées à la nouvelle gestion publique. Arrêtons de croire qu’on doit gérer les institutions publiques comme si elles étaient des entreprises privées. Arrêtons d’imposer aux travailleuses et travailleurs de passer encore plus de temps dans leur bureau à remplir des formulaires et donnons-leur les outils pour qu’ils puissent donner des services à la population. Arrêtons d’engager sans cesse de nouveaux cadres pour colliger des données nous permettant de minuter chacune des interventions que font les salarié-es et mettons plutôt cet argent dans celles et ceux qui donnent les services. Revoyons le prix que nous payons pour nos médicaments et pour les fournitures médicales. Misons sur le personnel à l’interne, qui coûte beaucoup moins cher que d’avoir à faire à la sous-traitance.

    En santé, ce qui est extraordinaire, c’est que les solutions sont connues. Les expériences à l’international et les études scientifiques apportent des solutions pour améliorer le système de santé public. Mais plutôt que de les appliquer, on continue de presser le citron sur le dos des salarié-es et de la population qui est en droit de s’attendre à des services de qualité. Pendant ce temps, on laisse les firmes privées s’enrichir sur le dos de la santé de la population. La meilleure solution pour améliorer les choses implique par contre de croire en un principe de base duquel on ne peut s’éloigner : il faut mettre nos énergies à consolider nos services publics. Et à ce compte, force est de constater que nos gouvernants n’ont plus la foi, trop obnubilés qu’ils sont par l’austérité!