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    • 03 DÉC 14
    Des lois, des tonnes d’amendements, mais toujours pas de solutions

    Le ministre Barrette peut bien déposer de nouvelles lois ou des amendements à celles qui sont déjà en étude, la Coalition solidarité santé considère que tant qu’il n’aura pas évalué sérieusement les fusions des dix dernières années, ni consulté les intervenant-e-s  qui travaillent quotidiennement dans le système public, il n’apportera aucune solution aux problèmes vécus par la population et par les équipes soignantes sur le terrain.

    « Le Dr Barrette préfère appliquer des solutions mécaniques à quelque chose qui ne l’est pas », déclare Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition. « Un système public de santé et de services sociaux doit répondre à différentes réalités, c’est pourquoi  c’est un système complexe, composé de multiples facettes. Ne pas en tenir compte, c’est comme appliquer le même traitement à toutes les maladies, en pensant que ça va fonctionner», ajoute-t-il.

    Projet de loi 20

    Le dépôt du PL 20 la semaine dernière se situe dans la même ligne de pensée mécanique.

    « Le ministre fait une simple opération mathématique  en divisant la population du Québec par le nombre de médecins, et il obtient ainsi le nombre de patients que chaque médecin doit prendre en charge. Voilà, on passe à un autre appel! », ironise M. Benoit. « Dans ce PL, où est la première ligne interdisciplinaire qui permettrait à chaque membre de l’équipe de jouer un rôle accru dans les soins et services, délestant du même coup le médecin de tâches pouvant être accomplies par d’autres? Dans le contexte que va créer ce PL, que vont devenir les services sociaux? « La détresse, ça ne saigne pas »[1], mais ça mérite aussi d’être soigné. Où est la prévention?  Encore une fois, tout est médical, curatif. Mais la santé, c’est autre chose que la maladie! »,  analyse encore M. Benoit.

    Amendements au PL 10

    En début de semaine, le ministre Barrette a déposé 148 pages d’amendements à son PL 10 qui contient 165 articles, en déclarant que ça répondait aux critiques qui avaient été faites en commission.

    « Il n’a apparemment pas tenu compte de la critique qui est revenue le plus souvent, à savoir le rejet de son PL! », laisse tomber Jacques Benoit. « Le PL 10 n’a pas sa raison d’être, il est mauvais pour notre système public de santé et de services sociaux. Ce n’est pas en y changeant quelques détails que le ministre le rendra plus nécessaire. Un plat avarié demeure avarié même si on le nappe de sauce! », tranche M. Benoit.

    Projet de loi 28

    Avec le PL 28, le gouvernement Couillard adopte une façon de faire du gouvernement Harper et amplement dénoncée par l’opposition à Ottawa : les projets de loi mammouths, où on prend prétexte de la mise en œuvre du discours du budget pour passer en douce des éléments qui ont peu de liens avec le sujet. Ainsi, dans le PL 28, on trouve des passages sur l’utilisation des sommes liées à la désassurance d’un service assuré par la RAMQ, sur des services pharmaceutiques et leur rémunération, sur l’inscription d’un médicament à rembourser, sur l’information pouvant être divulguée à propos des ententes avec les compagnies pharmaceutiques, et sur de nouvelles exemptions à l’obligation de publication de la Loi sur les règlements. « C’est une bien mauvaise façon d’obtenir la confiance de la population et du personnel soignant », croit M. Benoit. La Coalition considère que le ministre Barrette aurait tout intérêt à mettre cartes sur table, toutes les cartes, à jouer franc jeu et non à cache-cache avec la population.

    « Le ministre Coiteux déclarait, il y a peu, que c’était la fin de la pensée magique. Il semble que le Dr Barrette n’y soit pas assujetti. Ou alors, ses véritables intentions sont différentes de ce qu’il laisse paraître, et c’est la raison de ses cachoteries et de son strip-tease législatif », conclut Jacques Benoit.

    À propos de la Coalition solidarité santé

    La Coalition solidarité santé regroupe une quarantaine d’organisations syndicales, communautaires et religieuses. Depuis sa fondation en 1991, ses actions ont toujours été motivées par la défense du droit à la santé pour l’ensemble de la population québécoise, et ce, sans égard au statut ou au revenu des citoyennes et citoyens. Elle défend le caractère public, la gratuité, l’accessibilité, l’universalité et l’intégralité des services de santé et des services sociaux.

    [1] Mémoire de la Fédération des CRDITED à la commission parlementaire sur le PL 10.