Face aux nombreux défis auxquels fait face le syndicalisme, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) s’engage avec conviction dans un chantier pour inverser la pyramide et donner le plus d’occasions aux travailleuses et travailleurs de prendre part à la vie syndicale.
Lors du conseil fédéral du 17 au 19 décembre dernier, les délégué-es et la direction politique de la FSSS se sont engagés de plein pied dans une démarche pour passer à l’action. L’analyse de la conjoncture est de plus en plus partagée et permet de tracer plusieurs consensus. Face aux nombreuses attaques des dernières décennies, l’image du syndicalisme en a souvent pris pour son rhume. C’est le cas dans la population, mais aussi auprès de nos membres. Et la meilleure manière de remédier à cela, c’est de faire autrement. C’est pourquoi les délégué-es ont débattu de six propositions à mettre en branle dans les prochains mois. L’objectif : donner la parole et le pouvoir aux membres.
S’autoriser collectivement à faire autrement
C’est lors du 44e congrès de la FSSS-CSN tenu en juin dernier que tout a débuté. En ateliers, les délégué-es ont discuté des différents enjeux qui sont au cœur de leur militantisme pour améliorer le sort du personnel du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau des services de garde éducatifs à l’enfance.
Dans ces échanges, les délégué-es se sont entendus qu’il fallait parvenir à faire trois choses. D’abord, canaliser nos énergies pour mobiliser durablement l’ensemble de nos membres. Ensuite, que cela devait passer par une démocratisation et une décentralisation de nos pratiques syndicales. Et finalement, faire le tout en sortant des sentiers battus et en s’autorisant collectivement à tester de nouvelles manières de faire.
Des propositions concrètes pour avancer
Avec des syndicats devenus souvent très gros suite à la réforme Barrette, c’est tout un défi que d’assurer une présence terrain soutenue dans les milieux de travail pour défendre les droits du personnel. Peu importe le secteur, les défis sont grands pour s’assurer de la participation du plus grand nombre et d’une vie syndicale en santé. Faire différemment, ce n’est jamais facile. Mais le pari que font les délégué-es de la FSSS, c’est que nous n’avons pas le luxe de ne pas nous remettre en question.
Lors du conseil de décembre, les choses deviennent sérieuses. Le bureau fédéral de la FSSS s’est engagé à mettre en place deux mesures et a invité les syndicats à choisir une mesure supplémentaire que la Fédération doit expérimenter. De leur côté, les syndicats ont voté sur place pour deux mesures qu’ils vont mettre à l’épreuve dans les prochaines semaines. Ils choisiront sous peu une mesure de plus par une consultation interne.
La FSSS incitera, avant les conseils, les syndicats à soumettre des projets de résolutions ou des idées d’éléments à mettre à l’ordre du jour. C’est donc le syndicat qui présentera la résolution devant le conseil, ce qui n’est pas dans les pratiques habituelles.
De plus, elle initiera ou supportera des mouvements auto-organisés par les membres sur des enjeux qui les tiennent à cœur. Elle réfléchira aussi à des moyens d’action alternatifs pour parvenir à mieux mettre à contribution les travailleuses et travailleurs.
De leur côté, les syndicats ont convenu d’organiser des séances de discussion libre par titre d’emploi, par secteur, par établissement, par installation et de tenter de mieux comprendre les raisons pour lesquelles certaines personnes participent moins aux activités syndicales.
Prendre l’offensive pour mettre fin à la détresse du personnel
L’analyse des effets de ces nouvelles pratiques reste à faire. Il reste intéressant de constater cette volonté de mieux répondre aux préoccupations des travailleuses et travailleurs.
Construire des syndicats démocratiques et mobilisés reste le meilleur moyen de faire face à l’arbitraire patronal et à l’austérité des gouvernements. Le laboratoire initié par les délégué-es de la FSSS-CSN vise à rassembler les ingrédients pour freiner la détresse du personnel.
Jeff Begley