Les dépôts patronaux, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, nous permettent de constater l’absence de volonté de lutter contre la privatisation du réseau public de santé et de services sociaux. En effet, il n’y a dans ces dépôts, aucune proposition sur des mesures concrètes permettant de resserrer le recours au secteur privé à l’intérieur des réseaux publics. Pourtant, il s’agit non seulement d’une de nos priorités de négociation, mais surtout d’une façon d’économiser des millions de dollars en fonds publics.
Une privatisation au cœur du néolibéralisme
Les actions du gouvernement Couillard ne laissent aucun doute planer sur ses intentions d’accentuer la privatisation des services publics. On s’en rend compte en étudiant les conclusions de la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise et l’argumentaire entourant les travaux de la Commission de révision permanente des programmes. On le comprend d’autant plus en étudiant plusieurs projets de loi (projets de loi 3, 10, 15, 28, etc.) déposés par ce gouvernement.
La vision néolibérale que prône ce gouvernement vise à réduire l’État québécois et surtout à le mettre au service du secteur privé. Cette vision s’applique au Québec depuis plusieurs décennies et a pour conséquence que la place du secteur privé au sein de nos réseaux publics n’a cessé de croître. Au Québec, c’est maintenant 30% du financement qui provient de sources privées. À cela s’ajoutent plusieurs expériences comme celle des partenariats public-privé (PPP) qui n’ont pour seul effet que d’entraîner des dépassements de coûts qui devront être absorbés par nos fonds publics. On privatise les profits et on socialise les pertes!
La privatisation s’invite dans notre négociation
Cette vision néolibérale se reflète indéniablement dans les dépôts patronaux dans le cadre de la négociation du secteur public. La question de la lutte à la privatisation fait partie de nos priorités sectorielles en lien avec la campagne pour la valorisation, la promotion et la préservation (VPP) des services publics. Nous avons plusieurs solutions à proposer pour réduire la part du privé dans le réseau public.
Il n’est pourtant pas question de la lutte à la privatisation dans les dépôts patronaux. En fait, ces dépôts ne répondent à aucune de nos préoccupations et visent uniquement à appauvrir les travailleuses et travailleurs.
Pourtant, nous avons été en mesure de démontrer dans plusieurs dossiers que le recours au privé coûte plus cher et offre des services de moins bonne qualité que les services dans le secteur public. Grâce à nos interventions, nous avons notamment réussi à maintenir les services publics de la buanderie à Sorel, nous avons réussi à intégrer une cuisine publique dans le projet de modernisation du CHUM, nous avons obtenu un moratoire sur la fermeture des ressources à assistance continue (RAC) dans les CRDITED et le maintien des services administratifs dans le secteur public en Estrie. C’est dire que lorsque nous avons devant nous des gens de bonne foi, nous parvenons à maintenir l’expertise publique, ce qui profite à l’ensemble de la population.
Ce n’est pas surprenant que les Chambres de commerce salivent et appuient les interventions du gouvernement Couillard. Ils comprennent très bien que cela permettra d’accroître davantage leur part de marché et ils voient les millions de dollars d’opportunités qui s’offrent à eux.
Mais la question essentielle que nous devrions plutôt nous poser est celle-ci : est-ce que la population y gagnera avec une privatisation accrue de nos réseaux publics? Les travaux de la commission Charbonneau, les coûts associés aux projets informatiques dénoncés par le vérificateur général, les dépassements de coûts des projets en PPP du CHUM et CUSM, sans compter les témoignages du personnel au sein des réseaux publics nous permettent d’affirmer hors de tout doute que la population n’est pas gagnante quand on privatise. L’utilisation du secteur privé est loin d’être la solution pour assurer le maintien de services de qualité, accessibles et équitables à l’ensemble de la population.
Des propositions syndicales pour assurer l’avenir de notre réseau public
Par nos propositions, nous voulons restreindre le recours au secteur privé dans nos services publics. Lors de projets de privatisation, de sous-traitance ou de partenariat public-privé, nous voulons être en mesure de proposer des alternatives publiques. Nous voulons proposer des alternatives qui ont pour objectifs premiers la protection des intérêts du bien commun, de la population et non de permettre à des firmes privées de faire du profit.
Par nos propositions, nous voulons assurer une gestion et un contrôle publics de nos services publics tout en nous assurant d’une plus grande transparence. Nous sommes prêts à avancer sur ces enjeux primordiaux pour la population. Ne manque plus qu’un interlocuteur et une volonté politique de défendre les services à la population.
Guy Laurion