Depuis près d’un mois maintenant, Nadine Lambert (infirmière et vice-présidente responsable des professionnel(le)s en soins) et moi faisons le tour du Québec pour rencontrer des syndiqué(e)s dans toutes les régions du Québec. Quel plaisir! Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec des centaines de membres sur l’état de nos conditions de travail, ainsi que sur les perspectives de les améliorer au cours de la prochaine année.
Il y a plusieurs choses qui nous frappent dans ces échanges. D’abord, malgré la perception du public, nos membres continuent d’être préoccupés par la détérioration du réseau de la santé et des services sociaux. Ils sont aussi très préoccupés par l’impact des choix budgétaires des employeurs (choix qui sont dictés par les coupures imposées par le gouvernement). Nous passons aussi beaucoup de temps à parler avec les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes, comme on est en plein dans la période de maraudage.
Au début de la période, les échanges sont plus froids, plus formels. Cependant, plus on avance, plus on est en mesure de faire un échange intéressant avec le monde sur nos préoccupations, ainsi que sur nos perspectives. Quelques constats :
- Règle générale, le travail d’équipe est valorisé par les professionnel(le)s en soins et elles y participent pleinement;
- Les jeunes prennent de plus en plus de place dans les équipes. Contrairement à la perception du public, ces jeunes professionnel(le)s ont la fougue! Elles cherchent constamment à appliquer les meilleures pratiques;
- Toujours par rapport aux jeunes, il y a plusieurs départements dans les établissements à travers le Québec où le temps supplémentaire obligatoire n’est plus l’exception, mais plutôt la règle. Pour citer une jeune infirmière : « Avec le TSO, les cours de perfectionnement exigés par mon ordre, l’instabilité dans les lieux de travail avec des coupures et réorganisations constantes, il est loin d’être assuré que je vais me rendre jusqu’à ma retraite comme professionnelle en soins. Je perçois que les choses continuent en se dégradant. De plus, je voudrais bien commencer une vie familiale – mais pas dans n’importe quelles conditions… »
- Une préoccupation importante ressort des échanges sur l’impact de leurs actions sur les patient(e)s
- Un souhait que leur syndicat soit capable d’avoir un regard à la fois, sur leurs préoccupations professionnelles, ainsi que sur leurs conditions de travail.
Le mois de juillet n’est pas très propice pour faire ces discussions. Les gens ont plus la tête dans les vacances pour ceux et celles qui en ont. Pour les autres, ils doivent se concentrer sur leur travail avec un personnel réduit pendant l’été. Mais comme la FIQ a décidé qu’il voulait nous marauder et comme le Code de travail prévoit que le maraudage se passe dans une période précise, nous devons le faire maintenant.
J’avoue que je craignais qu’aucun débat ne soit possible. Je constate le contraire de plus en plus sur le terrain. Tranquillement, nous commençons à être capables de faire un dialogue. Comme j’ai déjà eu l’opportunité de le dire dans un billet précédent, il y a des différences importantes entre nous et la FIQ. Le choix d’un syndicat pour représenter le personnel de la catégorie 1 est plus qu’un choix émotif. C’est un choix sur qui vous voulez qui vous représente, notamment dans les négociations à venir. Il est important d’être capable de faire un choix éclairé. L’ouverture des professionnelles en soins d’aller plus loin dans les discussions pour voir quelles sont les différences fondamentales va leur permettre de faire un choix éclairé. Il me semble que c’est ça qui est primordial. Savoir les différences entre les deux organisations pour faire un choix éclairé.
La FSSS-CSN a des avantages importants pour les professionnel(le)s en soins, que ce soit au niveau des bénéfices marginaux pour les temps partiels ou quant à la flexibilité sur le plan des assurances et des cotisations syndicales. Mais au-delà de ces différences, il y a un choix à faire pour la prochaine négociation. On peut s’isoler et tenter notre chance à négocier de façon isolée avec le gouvernement qui nous annonce la vie dure pour la prochaine négociation, ou on peut faire valoir nos priorités tout en travaillant avec l’ensemble du personnel du réseau pour contrer les plans du gouvernement de sabrer dans les conditions de tout le monde.
C’est à mon avis le pire moment de participer au jeu de diviser pour mieux régner. J’ai confiance que si le dialogue continue, les professionnel(le)s en soins vont pouvoir faire un choix éclairé. Évitons de nous dénigrer mutuellement. Faisons valoir nos différences dans le respect pour qu’elles puissent faire ce choix en toute connaissance de cause. Ce n’est pas un choix banal après tout.
J’espère donc que moi, Nadine ou un membre de notre équipe aurons l’occasion d’échanger paisiblement avec vous sur ce choix fondamental au cours des prochains jours.