Le filet de sécurité et de soutien au développement des enfants vulnérables s’amincit au Québec. Les compressions des dernières années dans les centres jeunesse du Québec ont mis en lumière un phénomène qui semble s’étendre et s’aggraver aussi dans tous les services publics envers les enfants.
C’est le constat que nous faisons à la FSSS-CSN. Nous observons une augmentation continue du nombre de signalements à la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ) au Québec au fil des années et les travailleuses et travailleurs font face à un manque criant de financement pour soutenir les enfants et leur famille. Des compressions de 11 M$ en trois ans sont survenues au moment où les signalements à la DPJ ont augmenté de 4 % en 2013 et ont dépassé le seuil des 80 000.
Nos recherches à la FSSS nous ont permis de prendre toute la mesure de la détresse qui se vit actuellement dans les Centres jeunesse. Nous avons remarqué que les intervenant-es vivent des situations de détresse qui prennent plusieurs formes inquiétantes : augmentation des absences maladie, augmentation de la consommation de médicaments et hausse des taux de roulement. Quand près de 60 % des nouveaux intervenant-es quittent après un an dans certains centres jeunesse, c’est qu’il y a un problème sérieux.
Parler au nom des jeunes vulnérables
Dans un tel contexte, on est droit de se demander qui parlera au nom de ces jeunes, qui interviendra pour leur bien auprès des gouvernements. La réponse est simple, c’est nous les travailleuses et travailleurs qui nous devons d’interpeller le public et les gouvernements sur ce qui se vit dans les services publics aux jeunes. Les travailleuses et travailleurs que nous représentons sont sensibles à la souffrance des plus vulnérables de notre société. Ils sont tournés vers les autres, ce qui est l’élément essentiel pour construire une société plus juste et plus équitable envers tous. Ils sont inquiets face à l’avenir et savent très bien que les compressions ont des impacts désastreux sur les services aux jeunes et leur famille.
Les intervenantes et intervenants ont tous des images qui leur viennent à l’esprit lorsqu’ils pensent à ces jeunes. Trop souvent, ces jeunes sont issus de milieux où la maltraitance et la négligence sont leur quotidien. Très jeunes, ils ont appris qu’ils n’auraient pas la même chance que les autres de grandir dans un milieu sécurisant et aimant. Devenus plus grands, ils sont plusieurs à connaître de multiples déplacements dans des ressources qui n’ont souvent pas l’intensité de soutien que requiert leur situation et qui manque trop souvent de services spécialisés.
C’est pour eux que la FSSS-CSN a lancé la campagne Grandir dans la dignité, qui vise à obtenir un moratoire sur les compressions dans les centres jeunesse et à tenir des états généraux sur la situation des enfants et des jeunes vulnérables au Québec. C’est pourquoi nous interpellerons différents partenaires dans les mois à venir afin de faire de cette question un enjeu pour notre société.
Par le passé, le Québec a pris la décision de donner un coup de main aux jeunes vulnérables afin de leur assurer un bel avenir. Ils ont la vie devant eux et nous avons la responsabilité collective de les supporter. Les compressions successives nous éloignent de plus en plus de cet idéal et entraînent une réduction progressive de la qualité et de la quantité de services. Pour nous, il est grand temps de donner un coup de barre pour améliorer les choses. Afin de démontrer qu’il veut faire de la question de l’avenir de nos enfants une priorité, nous espérons que le nouveau gouvernement en tiendra compte dans le prochain budget.