La situation concernant la protection des enfants en difficulté est de plus en plus critique au Centre jeunesse de la Montérégie.
En date du 10 juin, plus de 1076 demandes pour enfants signalés sont « en traitement » alors que le Centre jeunesse de la Montérégie a les capacités d’en assumer environ 500 en cours de traitement. Pour s’acquitter pleinement de son rôle de protection auprès des enfants de la Montérégie.
« Voilà pourquoi nous réclamons l’ajout immédiat d’une vingtaine d’intervenants de façon temporaire afin de récupérer le retard accumulé. Par la suite, l’ajout de six postes dans l’équipe régulière permettrait de gérer les demandes au fur et à mesure et ainsi ne plus accumuler de retard dans le traitement des enfants signalés en Montérégie », explique Line Beaulieu, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Centre jeunesse de la Montérégie-CSN.
« La situation est de plus en plus alarmante, soutient Line Beaulieu. Comme il n’y a pas assez de personnel pour prendre les demandes, le temps de traitement est beaucoup trop long, les intervenants travaillent avec énormément de pression, et le délai de traitement ne cesse de s’allonger ! », ajoute cette dernière.
Pour preuve, les chiffres : l’établissement fait face à une hausse constante du nombre de signalements (48 % de la hausse provinciale est en Montérégie), le temps d’attente sur les lignes téléphoniques pour signaler un enfant varie entre 15 et 60 minutes selon le moment de l’appel. De plus, bien que la Commission des droits de la personne et de la jeunesse ait fixé en 2003 le délai « raisonnable » de traitement d’une demande entre 0 et 3 jours…, en Montérégie, le délai peut excéder les 100 jours. Plus de trois mois avant d’être transféré à l’évaluation-orientation !
« Ces délais sont inconcevables, affirme Line Beaulieu. En trois mois, la situation peut facilement se détériorer, et comme les dossiers sont bloqués à l’entrée, personne ne peut le savoir et donc intervenir. C’est déjà arrivé et nous craignons que cela se produise de plus en plus ! », poursuit-elle.
Des intervenants à bout de souffle
Une telle situation n’est pas sans impact sur les intervenantes et les intervenants de la première ligne. Alors que la charge habituelle est de 16 à 20 dossiers, ils doivent assumer chacun entre 50 et 60 situations, mais toujours avec les mêmes exigences de compétences et de professionnalisme !
« Vingt et une personnes ont déposé des plaintes pour fardeaux de tâches, car elles craignent pour la sécurité des enfants en attente de traitement et estiment qu’il est de plus en plus difficile, voire même impossible de bien faire leur travail, explique Erick Banaszak, vice-président du syndicat responsable des dossiers de santé-sécurité au travail. Un sondage interne montre que la majorité des intervenantes de ce service présentent des signes physiques et psychologiques reliés à l’épuisement professionnel. Quarante-quatre pour cent songent à quitter leurs fonctions et 22 % admettent avoir entrepris des démarches pour se trouver un nouvel emploi. On fera quoi quand le peu de travailleuses encore en poste partira », se demande-t-il ?
Des questions laissées sans réponse
Inquiet de cette situation de crise, le syndicat a suivi la voie hiérarchique pour trouver des solutions : rencontres avec les représentants de la direction, intervention au conseil d’administration. Appuyés de Luc Pearson, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), les représentants du syndicat ont eu un contact avec le nouveau directeur-général de l’Agence de santé de la Montérégie, afin de trouver des solutions. N’obtenant aucune réponse concrète de l’agence, ni de l’Association des centre jeunesse du Québec pour remédier à cette situation de crise, une lettre à été envoyée directement à la ministre déléguée aux Services sociaux, madame Dominique Vien. Sans réponse.
« C’est étonnant. Les personnes que nous avons rencontrées disent nous entendre, mais rien ne change et personne ne propose de solutions. C’est à croire que nous sommes les seuls à être inquiets », déclare Luc Pearson.
Le sous-financement au cœur du problème
De plus, le syndicat déplore que la direction du Centre Jeunesse de la Montérégie ait reçue une somme récente du ministère nettement insuffisante pour s’acquitter de ses obligations en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse. Bien des besoins sont criants, mais il s’agit de la porte d’entrée des services pour les enfants signalés. Les enfants qui font l’objet d’un signalement, en Montérégie ont le droit de recevoir rapidement des services de qualité, les mêmes que partout ailleurs au Québec.
Le Syndicat des Travailleuses et Travailleurs du Centre jeunesse de la Montérégie-CSN regroupe plus de 1600 intervenantes et intervenants du Centre Jeunesse, dans plus de 23 points de service disséminés dans toute la Montérégie.
Source : Syndicat des travailleuses et travailleurs du Centre jeunesse de la Montérégie-CSN
Pour en savoir plus :
- Protection de la jeunesse: Un troisième jeune sous la responsabilité de la DPJ se suicide en Montérégie (Les Nouvelles Sympatico, 16-06-2011)
- La DPJ débordée de signalements en Montérégie (Radio-Canada, 16-06-2011)
- Centre jeunesse de la Montérégie : Manque criant de ressources (MontérégieWeb, juin 2011)