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    • 27 SEP 21
    La FSSS-CSN participe aux états généraux portant sur la pénurie de main d’œuvre en laboratoire

    La FSSS-CSN a participé activement le 22 septembre à la journée dédiée aux États généraux portant sur la pénurie de main d’œuvre en laboratoire organisée par l’Ordre professionnel des technologistes médicaux du Québec (OPTMQ). L’objectif visé : identifier des solutions concrètes et des pistes d’action à court terme afin de résoudre la crise vécue dans le secteur des laboratoires, à la grandeur du Québec.

    Mise en contexte

    D’abord, nous nous sommes questionnés sur le peu de temps alloué à la préparation à ces États généraux puisque le cahier du participant nous est parvenu quelques jours seulement avant la tenue de l’événement. Nous avons été quelque peu ébranlés de constater les pistes de solutions déjà bien identifiées et recommandées par l’OPTMQ. De plus, aucun espace n’avait été prévu pour la présentation du dernier rapport de planification de la main d’œuvre (PMO). Il faut savoir que depuis la déclaration de l’état de crise sanitaire en mars 2020, le MSSS en plus d’annuler les rencontres annuelles de PMO selon les secteurs d’activités, ne nous a fourni aucun rapport, malgré les multiples demandes et suivis effectués. Aucun espace n’était prévu non plus pour brosser un portrait des impacts qu’a entraîné la réforme dévastatrice d’Optilab, particulièrement en régions éloignées des grands centres.

    4 grands thèmes des états généraux

    La journée était structurée sous 4 grands thèmes qui étaient présentés par l’Ordre à l’ensemble des participantes et participants. Nous étions ensuite redirigés dans des ateliers, afin de discuter en plus petits groupes. Une porte-parole dans chaque atelier partageait un résumé des échanges au grand groupe dans un deuxième temps. Ensuite, l’Ordre identifiait les pistes de solutions ressorties des divers ateliers et sur lesquelles nous étions appelés à voter, par le biais d’un sondage en ligne.

    Il est intéressant de noter à ce point-ci que la composition des divers groupes était très variée, mais que les différentes organisations syndicales se retrouvaient plutôt isolées dans une majorité de voix de gestionnaires, de technologistes médicaux ou d’enseignants de cégep. En principe, ce sont les solutions proposées et votées par les participants, selon les plus « populaires », qui devront guider la rédaction du rapport final rédigé par l’Ordre qui sera déposé auprès du MSSS. Nous suivrons évidemment de près le contenu qui sera livré dans ce rapport final.

    Les préoccupations portées par la FSSS-CSN

    La FSSS-CSN a insisté sur le fait que, tout comme pour les infirmières qui quittent le réseau public, si l’on ne règle pas la question des conditions de travail dans les laboratoires, le TSO, la surcharge de travail et la centralisation, on ne favorise pas l’attractivité du secteur. Le personnel des laboratoires étant composé majoritairement de femmes, il faut aussi travailler à favoriser une meilleure conciliation famille-travail-études.

    Nous étions nombreux à réaffirmer les ravages de l’implantation des grappes Optilab qui visait avant tout une réduction des effectifs et des coûts, plutôt qu’une meilleure organisation du travail. Nous pensons qu’un bilan devra être fait, incluant les impacts sociaux et économiques sur les différentes régions et la dévalorisation de la profession des technologistes médicaux.

    De plus, nous nous sommes fortement positionnés contre la recommandation de l’OPTMQ voulant que les assistant-es de laboratoire soient encadrés par un ordre professionnel. Il y a dans le réseau public en santé et services sociaux plus de 300 techniciens et techniciennes Classe B et près de 500 assistant-es techniques en laboratoire ou en radiologie. À notre avis, il est plutôt contradictoire en contexte de pénurie de leur imposer un retour sur les bancs d’école, ou encore de leur envoyer un message comme quoi elles ne sont plus qualifiées pour faire le travail qu’elles font déjà. Nous ne sommes pas à l’heure de pouvoir nous priver de main d’œuvre. Favoriser l’accès à des formations d’appoint payées et données en cours d’emploi pourrait être une avenue intéressante.

    La FSSS-CSN a défendu l’idée que les coûts liés aux frais d’adhésion à un ordre professionnel ne sont pas à négliger, particulièrement pour des titres d’emploi qui se situent au rangement 5 de la structure salariale. Quant aux difficultés à trouver des places de stages, nous devons reconnaître pleinement la charge de travail supplémentaire qu’occasionne la supervision de stagiaires. Bien que nous ayons réussi à arracher un 2 % de prime offerte pour cette tâche dans la ronde de négociation 2020, c’est encore insuffisant.

    Manque de reconnaissance des technologistes médicaux

    Dans les régions éloignées des grands centres, il y a eu une perte d’expertise locale ainsi qu’un effet de dévalorisation de la profession de technologiste médical. En effet, la réalité est que dans plusieurs cas, les technologistes médicaux sont désormais davantage dédiés à l’emballage d’échantillon. Nous pensons que plusieurs tâches peuvent continuer à être confiées à du personnel de soutien afin que chacun occupe pleinement son étendue de pratique. Pour ce faire, les rôles et responsabilités de chacun doivent être bien définis.

    Quant au rôle des technologistes médicaux, tous s’entendent pour dire qu’il est peu connu de la population, des autres professionnels, des gestionnaires et du gouvernement. On constate également une chute des inscriptions dans le programme collégial. Selon nous, tant qu’on ne se questionnera pas sur la désertion de ce programme, et tant qu’on n’agira pas sur les conditions de travail dans les laboratoires, il n’y a pas de solution miracle. Cela est d’autant plus vrai que les professeurs de cégep sont aussi touchés par la pénurie de main-d’œuvre pour enseigner dans ce programme.

    En somme, nous pensons que cet exercice était nécessaire pour que le gouvernement reconnaisse le rôle essentiel de tous les titres d’emploi qui travaillent dans les laboratoires. En effet, ces titres d’emplois, tout comme plusieurs autres, ont été complètement oubliés dans l’exercice d’attribution des primes pendant les multiples vagues de la COVID, malgré leur exposition aux risques et leur expertise essentielle. L’annonce du plan de reconnaissance pour le personnel de la catégorie 1 faite par le gouvernement Legault le 23 septembre a retourné le fer dans la plaie béante pour les technologistes médicaux. Tout comme cela a été perçu comme une gifle au visage pour les techniciennes et professionnelles qui travaillent dans des secteurs tout aussi névralgiques du réseau public (services sociaux de première ligne, DPJ, RAC, réadaptation, santé mentale, etc.).

    Malheureusement, nous ressortons de cette journée avec l’impression, encore une fois, qu’on tente de camoufler les ravages d’une gestion centralisatrice, en proposant des solutions qui ne s’attaquent pas au problème de fond, que sont les piètres conditions de travail dans le réseau de la santé et des services sociaux. C’est pourquoi nous continuerons d’agir à tous les niveaux pour améliorer le sort du personnel des laboratoires.

    Roxanne Palardy
    Représentante des technicien-nes et professionnel-les de la santé et des services sociaux à la FSSS-CSN