La démonstration est maintenant faite, la sous-traitance n’est pas la solution!
L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) publie aujourd’hui une étude sur les coûts et les conséquences du recours à la sous-traitance dans le secteur public. Les chercheurs s’intéressent à trois secteurs particuliers pour dresser le portrait de la sous-traitance : la SAQ, les contrats informatiques au gouvernement et les ressources intermédiaires. Ils en viennent à la conclusion que la sous-traitance n’est pas la solution.
Cette étude ramène la question de la sous-traitance et de la privatisation au-devant de la scène. Les conclusions auxquelles parvient l’IRIS devraient nous mener à réfléchir à deux fois avant de sous-traiter des services du secteur public. Les principales conclusions sont que le recours à la sous-traitance n’est pas une garantie contre les dépassements de coûts et les retards. De plus, la sous-traitance ne se traduit certainement pas par une amélioration de la qualité des services, elle entraîne inévitablement une perte d’expertise et rend moins transparentes les activités du gouvernement. Sur ce dernier point, nous connaissons maintenant les implications que la sous-traitance peut avoir sur l’augmentation de la collusion et de la corruption : pensons simplement au cas du Ministère des Transports.
Dans le cas des contrats informatiques avec le gouvernement, les exemples présentés par l’IRIS démontrent que la sous-traitance entraîne une augmentation des coûts (que ce soit à cause des tarifs chargés par les firmes privées ou des dépassements de coûts) et une perte d’expertise. L’exemple du Dossier Santé Québec (DSQ) rend compte d’un manque de transparence important de la part du gouvernement. Une foule d’information sur les contrats accordés à des firmes privées est manquante. Aux dires des chercheurs : « le gouvernement se lance dans la sous-traitance en affirmant qu’il s’agit de projets ponctuels pour lesquels il n’a pas l’expertise nécessaire. Or, les projets dont nous parlons s’étendent parfois sur deux décennies. Mis ensemble, ils ont exigé l’embauche de forces de travail considérables pendant toute cette période. » En somme, le recours à la sous-traitance pour l’informatique du gouvernement est un échec.
Les chercheurs s’intéressent aussi à la place croissante des ressources intermédiaires (RI) dans le paysage québécois de l’hébergement pour les personnes âgées. En étudiant les coûts des RI comparativement aux coûts en CHSLD, les chercheurs en viennent à la conclusion qu’ils sont équivalents, bien que la croissance des coûts en RI soit plus importante. Mais alors pourquoi avoir recours aux RI dans ce cas? Le gouvernement en fait ainsi afin « d’éviter d’ajouter à sa dette le poids de ces infrastructures. » L’étude remet de plus en question la qualité des services offerts dans ces ressources. Les constats de plusieurs intervenants démontrent que les suivis et les évaluations des usagers sont nettement insuffisants dans les RI. Encore une fois, l’étude démontre que le recours à la sous-traitance est loin d’être la solution.
Ce qui ressort de la lecture de cette étude c’est qu’il est plus que temps que l’on mette nos énergies à consolider le réseau public plutôt que de continuer d’ouvrir des brèches vers le privé. Non seulement le recours au privé n’est pas moins cher, mais la qualité qu’on y retrouve est en deçà des services donnés par les travailleuses et travailleurs du public. En perdant toute cette expertise, on ouvre toute grande la porte à la collusion et la corruption. Pour que les services soient de la meilleure qualité possible et aux meilleurs coûts, il faut valoriser les services publics!
Vous pouvez consulter l’étude en cliquant ici.