Ce ne sont pas les choix de sujets qui manquent depuis une semaine pour nourrir un billet de blogue sur l’actualité en santé, services sociaux et services de garde.
Des négociations qui se poursuivent dans le secteur préhospitalier et les CPE
Sur le front des négociations à la FSSS-CSN, nous avons intérêt à suivre ce qui se passe dans le secteur préhospitalier, ainsi que dans le secteur de la petite enfance, notamment les travailleuses des CPE. Dans les deux cas, préhospitalier comme CPE, afin de véritablement pousser le gouvernement pour qu’il s’assoie à la table avec un vrai mandat de négociation, il fallait que les syndicats prennent des mandats de grève.
Dans les deux cas, les vrais pourparlers sont finalement entamés. Rappelons que les conventions collectives sont à renouveler depuis avril 2015. Cependant, il reste beaucoup de travail à faire. Dans les deux cas, nous espérons un règlement négocié avant la fin de l’année en cours.
Les déboires des CHU en PPP se poursuivent
Quant au CHUM, en ces jours où les patientes et patients n’en peuvent plus d’attendre pour obtenir des soins, le consortium espagnol, qui est responsable du projet (qui en passant, n’est pas encore terminé à 100 % malgré son ouverture), a vendu le contrat parce qu’il est aux bords de la faillite. C’est maintenant une autre entreprise qui prendra le contrôle pour la suite de ce fiasco.
Ce qui est décevant dans le cas du CHUM est le fait que cette situation concernant le consortium, ainsi que le débordement des coûts, était prévisible depuis longtemps. D’ailleurs, le syndicat principal du CHUM continue la lutte pour faire la lumière sur l’argent gaspillé dans ce projet. Plutôt que de rester sur le banc de touche et laisser une autre entreprise privée reprendre le contrôle du PPP, le gouvernement devrait profiter de l’occasion pour nous sortir de ce déboire. Combien de millions faudra-t-il avoir dépensés avant que le gouvernement Couillard trouve le courage de sortir des PPP ?
Protéger la mission du CHU Sainte-Justine
Il y a sûrement plusieurs choses qu’on pourrait dire par rapport au remaniement ministériel et au dossier des caméras dans les CHSLD. Sur ce dernier sujet, la Fédération a commenté amplement en accordant plusieurs entrevues.
Je ne peux passer sous silence la campagne exemplaire qui est lancée au CHU Sainte-Justine. Ceux et celles qui sont préoccupés par notre capacité à demeurer un leader mondial dans le domaine de la santé des enfants doivent être très très alertés par ce qui se passe actuellement.
En effet, la maladie de créer des méga-établissements qui perdent contact avec le terrain, voire qui perdent le contact avec leur mission fondamentale, est en train d’attaquer une institution mondialement renommée ! Je parle bien sûr de l’intention de Gaétan Barrette de faire une fusion administrative du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) et du Centre hospitalier Universitaire Sainte-Justine (CHU Sainte-Justine).
Déjà, nous sommes en mesure de voir les nombreuses victimes des fusions à outrance. Ne nommons par exemple que la mission et l’expertise des Centres Jeunesse, qui est en train de se noyer dans les méga-établissements. Même chose pour les centres de réadaptation (CRDI) et les CHSLD, et ce, malgré les annonces de volonté d’embauche du ministre. Et quoi dire de la mission sociale des CLSC : ils sont sur leur lit de mort suite à la réforme Barrette et aux transferts de personnel vers les GMF !
La situation du CHUM et de Sainte-Justine est, à mon avis, récupérable, et ce, pour quelques raisons. De plus en plus, même si la population n’est pas tout à fait au courant des détails, elle commence à reconnaitre que nos établissements sont loin des préoccupations qui les animaient autrefois.
D’abord, l’Institut sur la gouvernance a dit il y a un an déjà que les fusions dans le privé créent des situations qui ne sont pas gouvernables. Dans le secteur de la santé, « quiconque a étudié les organisations et pratiqué dans ces milieux sait qu’inévitablement, la « logique financière » dictera la fusion de services, l’élimination de postes, l’intégration de fonctions, dans une sainte recherche d’efficience et d’efficacité. Alors apparaîtront les dysfonctions, les lenteurs, les ambiguïtés de responsabilité qui sont le lot des organisations devenues trop complexes. »
Depuis la fin du printemps, le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHU Sainte-Justine sonne l’alarme pour dire que Sainte-Justine va perdre au moins une partie de son âme. D’ailleurs, il a fait une sortie remarquable avec la CSN sur les dangers de cette fusion (ou regroupement administratif si vous préférez). Il est impossible que Sainte-Justine maintienne intégralement sa mission fondamentale en se regroupant avec le CHUM, déjà un méga-établissement en soi.
La résistance à cette fusion doit aller en crescendo. Le Québec n’a pas les moyens de perdre même une partie de la mission à laquelle répond le personnel de Sainte-Justine !
Jeff Begley