Encore une fois cette semaine, je vais vous parler de la question des inégalités sociales. Certains pourraient penser que cet enjeu n’est pas d’importance au Québec. Pourtant, les données démontrent que la hausse des inégalités est particulièrement inquiétante. Pour moi, nos luttes doivent converger vers la bataille contre la hausse des inégalités sociales.
En fin de semaine dernière, j’avais vu sur Facebook un graphique qui me parlait beaucoup. Le voici:
1,1 % des gains collectifs sont liés aux salaires alors que 98,9 % vont ailleurs qu’aux salaires. À partir de ce tableau, je me demandais s’il n’y avait pas moyen de voir la situation plus précise des travailleuses et travailleurs du réseau de santé, des services sociaux, ainsi que des services de garde.
Voici ce que j’ai découvert.
J’ai regardé trois types de données qui couvrent les périodes de nos deux dernières conventions collectives (2005 à 2014 inclusivement). J’ai regardé l’évolution de nos salaires, l’évolution de l’Indice des prix à la consommation (IPC) et finalement l’augmentation du Produit intérieur brut (PIB), qu’à tort ou à raison, les élites utilisent pour mesurer l’enrichissement collectif.
Les salaires (2005 – 2014)
Les paramètres salariaux ont augmenté de 13 % sur 10 ans.
L’IPC (2005 – 2014)
Selon Statistiques Canada, l’IPC a augmenté de 17 % dans cette même période. Donc, en tenant compte de l’inflation entre 2005 et 2014, le salarié des réseaux de la santé, des services sociaux, et des services de garde se retrouve avec un salaire qui a perdu 28,96 % par rapport à l’inflation pour la même période !
PIB (2005 – 2014)
Grâce à la contribution de l’ensemble de la population, le PIB a augmenté de 53 % pendant cette période, et ce, malgré le fait qu’il a reculé en 2009, après la récession mondiale. Donc notre richesse collective a augmenté beaucoup plus rapidement que les salaires du monde qui travaillent dans le secteur public. Combien de plus? 305 % de plus !
Depuis plusieurs années, les bénéfices de l’augmentation de la richesse sont concentrés dans les mains d’une élite. La vaste majorité de la population ne bénéficie pas de cet état de fait. Les milliers d’employé-es de Couche-Tard n’ont pas bénéficié de l’augmentation du PIB, mais le propriétaire de Couche-Tard oui. Les banques ont vu leur bénéfice augmenté, mais pas ceux et celles qui continuent de payer des frais de plus en plus élevés pour le moindre service de ces institutions.
Et les négociations du secteur public dans tout ça?
La stratégie du gouvernement face aux négociations en cours est la même que celle qu’il a utilisée dans le cas de la retraite dans le secteur municipal : diviser pour mieux régner. Au lieu de trouver une solution au problème qu’il y a des millions de Québécoises et Québécois qui n’ont pas de régime de retraite et qui ont des perspectives de vivre dans la pauvreté pendant leurs vieux jours, nous avons décidé d’attaquer ceux et celles qui ont un régime de retraite.
Au lieu de chercher l’argent là où il y en a, comme dans les entreprises qui l’encaissent et qui n’investissent pas dans l’économie réelle ou dans les paradis fiscaux, l’élite qui nous gouverne continue de vouloir diviser la classe moyenne.Il y en a assez de l’augmentation des inégalités sociales. Le problème n’est pas la création de la richesse, mais son partage! Notre négociation est un pas vers un partage plus équitable de la richesse au Québec.
Nous, à la FSSS-CSN, sommes en train de prendre des votes de grève partout au Québec afin de résister aux plans du gouvernement. J’ai bien sûr une responsabilité que je prends très au sérieux de représenter 130 000 personnes qui sont fières d’offrir des services de qualité dans la santé, les services sociaux, ainsi que dans les services de garde.
Mais je vais aussi me joindre à tout autre groupe au cours des prochains mois qui va vouloir faire leur possible pour lutter contre les augmentations des inégalités sociales proposées par nos gouvernements. Si nous ne résistons pas au cours des prochains mois, on va reculer sur cette question pendant des années.
Jeff Begley