Comme vous l’avez surement remarqué depuis quelques semaines, il y a des manifestations de plus en plus importantes de travailleuses et travailleurs du secteur public exigeant du gouvernement qu’il négocie correctement le renouvellement des conventions collectives.
Il y avait bien sûr l’extraordinaire participation à la manifestation nationale du Front commun du 3 octobre avec ses 150 000 personnes. Il y a donc de plus en plus de monde qui occupe l’espace public pour dénoncer le refus du gouvernement d’aller chercher de nouveaux revenus, là où il y en a, notamment dans les paradis fiscaux, pour investir dans des services publics de qualité.
Des inégalités qui accentuent la mobilisation
Contrairement aux travailleuses et travailleurs qui paient leurs impôts, les plus riches et les grosses entreprises privées cherchent la moindre occasion de contourner nos lois fiscales, notamment par le recours aux paradis fiscaux. Les travailleuses et travailleurs n’ont pas accès à ces moyens d’évitements fiscaux.
De toute façon, que voudriez-vous qu’ils y mettent, alors que l’endettement des ménages ne fait qu’augmenter! Ils et elles n’ont en effet pas une cenne à déposer, particulièrement avec les compressions dans les services publics et l’augmentation de la tarification (Hydro-Québec, tarifs en santé, dans les services de garde, pour les plaques d’immatriculation, etc.), des coûts auparavant assumés par le public qu’on transfère aux régimes privés d’assurances de groupe ou directement aux citoyennes et citoyens.
Vers la répression?
Il va être intéressant de voir quand le gouvernement va commencer à résister à la résistance des travailleuses et travailleurs. En 2012, on a vu que le gouvernement Charest a pris quelque temps avant d’attaquer le mouvement étudiant. Il avait alors choisi la stratégie de la diversion, en tentant de changer le sujet du débat en créant de toute pièce un enjeu sur la question de la violence, problème qui n’existait pas avant ses interventions musclées. Il était pas mal plus facile pour lui de changer de sujet que de s’engager sur le débat de fond, soit celui de l’accessibilité aux études supérieures.
Ce printemps, nous avons constaté que le gouvernement a agi pour « tuer dans l’œuf » tout mouvement de contestation contre ses politiques d’austérité, notamment en attaquant durement le mouvement étudiant. Nous avons des indications que les employeurs du secteur public ont déjà reçu le mot d’ordre de faire la même chose avec le mouvement syndical.
Ce n’est pas étonnant quand on sait que c’est maintenant le gouvernement qui nomme les directions des établissements de santé et de services sociaux, suite à l’adoption du projet de loi 10. Le gouvernement s’est assuré d’avoir des personnes serviles et prêtes à appliquer tous ses mots d’ordre, y compris dans la microgestion des ressources humaines.
Nous constatons déjà que plusieurs employeurs n’hésitent pas à réprimer rapidement toute contestation des positions gouvernementales. Heureusement que nos membres sont très déterminés à faire avancer les négociations et à arrêter la détérioration des réseaux des services publics financés par l’État. Il va d’ailleurs falloir maintenir une détermination de fer pour faire avancer nos revendications.
Poursuivre la lutte pour des services de qualité
Je suis probablement une des personnes les plus chanceuses au monde. Être à la présidence d’une fédération de travailleuses et travailleurs qui donnent tant pour offrir des services de qualité à la population est un privilège que très peu ont.
Nos membres ont tout ce qu’il faut pour influencer l’opinion publique au cours des prochaines semaines. Leur détermination, et ce, malgré le comportement des directions d’établissements et du gouvernement est le seul rempart contre la destruction plus ou moins lente des réseaux qui offrent des services accessibles à la population. Il est donc loin d’être assuré que la voie de la répression soit ce qui permette au gouvernement de mettre le couvercle sur la marmite. Cette mobilisation est inspirée de la présente négociation, mais la dépasse en touchant plus globalement la préservation de nos services publics.
La détermination des travailleuses et travailleurs est stimulante pour la direction de la fédération. Et ce qui est sûr, c’est que nous allons soutenir notre monde dans leur lutte, que ce soit sur le plan de la mobilisation locale ou nationale.
Jeff Begley