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    • 21 MAI 21

    Quelques semaines après avoir assuré que les recommandations du rapport Laurent seraient mises en application, le gouvernement Legault continue d’agir en contradiction avec les principales recommandations de ce rapport. Avec ce qui s’est passé la semaine dernière, c’est à se demander pourquoi on a investi autant de temps, d’énergie et d’argent sur cette commission. 

     Le gouvernement interdit l’affichage de postes d’intervenantes et d’intervenants 

    Tout récemment, on apprenait que le ministère de la Santé et des services interdit aux établissements de combler les postes vacants ou d’ouvrir des postes pour plusieurs services de première ligne, on y énumère notamment, les services suivants : jeunes en difficulté, dépendances/itinérance, déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique, programme de soutien aux organismes communautaires, services sociaux généraux ainsi que services mère-enfant.  

    Il nous apparait pour le moins paradoxal que d’un côté, on affirme vouloir agir en prévention, en amont des problèmes vécus par les familles, afin d’éviter qu’on se tourne vers les « services d’urgence » des Centres Jeunesse et de l’autre côté, on empêche la création et l’affichage de postes dans les services de prévention ou en réadaptation. Comment instaurer « une société bienveillante envers les enfants et les jeunes » comme le souhaite le rapport Laurent, sans agir et réinvestir massivement à tous les niveaux; que ce soit dans les services de prévention, les services sociaux et les services en santé mentale de première ligne et en réadaptation ? 

    Le gouvernement agit ainsi pour empêcher les intervenantes et les intervenants des centres jeunesse de changer de poste. Pourtant, ce geste est loin d’être la solution pour   freiner l’exode massif de travailleuses et de travailleurs. Les mauvaises conditions de travail, les surcharges de travail, l’augmentation des charges de cas, la complexité croissante des dossiers, les listes d’attente qui s’allongent et la pression vécue dans les services à la protection de la jeunesse font en sorte que plusieurs rêvent de quitter ce contexte insoutenable. Néanmoins, il est tout à fait inacceptable que le gouvernement enchaine ces travailleuses et ces travailleurs dévoués. La solution doit passer par l’amélioration des conditions de travail et de pratique dès maintenant! 

    Finalement, revenons sur ce qui se passe à la table de négociation en ce qui concerne la catégorie des techniciens et professionnels en santé et services sociaux qui, est-il nécessaire de le rappeler, regroupe celles et ceux qui sont au cœur de tous les services à la jeunesse. Malgré que cette négociation aurait pu être une opportunité idéale pour le gouvernement d’acquiescer à nos revendications, notre employeur y propose plutôt des pistes de solutions mur à mur, sans égard aux réalités vécues dans les milieux inuits et autochtones. Pourtant, un chapitre complet du rapport de la commission Laurent est consacré à cette réalité. À la FSSS–CSN, nous partageons la plupart des constats et des recommandations du rapport Laurent à cet égard. La FSSS-CSN est fière de représenter le personnel œuvrant en santé et services sociaux, notamment dans le grand nord. Elle se bat pour instaurer des conditions de travail adaptées aux communautés autochtones et inuits. Nous savons depuis des années qu’il existe des différences importantes entre Un élément majeur est justement les différences importantes entre le travail d’intervention dans le « sud » et dans le « nord » du territoire. Pour répondre aux enjeux spécifiques des communautés autochtones et inuits, il faut absolument développer des solutions qui tiennent compte de leurs spécificités.  

    Par ailleurs, nous sommes forcés de constater que les solutions qu’il propose sont insuffisantes, même pour les centres jeunesse. Au surplus, ces « solutions » constituent des reculs aux conditions de travail pour le personnel œuvrant dans ce milieu. De plus, en négociation, le gouvernement traite du dossier des centres jeunesse en vase clos. Il ne veut pas parler de prévention, de santé mentale, de réadaptation, comme si les difficultés et le sous-financement de ces secteurs n’avaient aucun impact sur la situation déplorable vécue en protection de la jeunesse. 

     *** 

    Il nous apparait évident que le gouvernement devrait dès maintenant réinvestir massivement et démontrer un réel engagement pour offrir des conditions attrayantes pour les technicien.nes et professionnel.les et des mesures permettant de retenir celles et ceux qui sont déjà en place. Malheureusement, ce que le gouvernement Legault présente à la table de négociation ne répond en rien aux besoins des technicien.nes et professionnel.les en santé et services sociaux. On peut même qualifier ces offres de méprisantes, tandis que la négociation des conventions collective traîne depuis plus d’un an et demi. Essentiellement, ce qui est proposé est notamment des reculs aux conditions de travail, tel qu’augmenter le nombre d’heures à la semaine de travail. Malgré le souhait du gouvernement de bonifier de 500 postes supplémentaires les structures actuelles des centres jeunesse, comment allons-nous les combler avec les conditions de travail actuelles ? 

    Ce qu’il nous propose principalement, ce sont des reculs : le gouvernement choisit de forcer les intervenantes à travailler plus d’heures. Il souhaite ouvrir 500 postes dans les centres jeunesse, mais qui ira combler ces postes dans les conditions actuelles ? 

    Nous, les technicien.nes et professionnel.les, sommes témoins au quotidien du désastre où nous ont menées la réforme Barrette avec ses les politiques d’austérité et les compressions dans les services sociaux. Ces services sont dans l’angle mort du réseau depuis si longtemps qu’aujourd’hui, le statu quo est intenable. 

    Pour le véritable bien de tous les jeunes et de l’ensemble de la population du Québec, il faut que le gouvernement revoie son approche. Déterminées, nous ne baisserons pas les bras. Il y a urgence d’agir, maintenant.  

    Pour le comité de négociation de la FSSS-CSN,

    Roxanne Palardy
    Représentante des techniciennes, techniciens et professionnel-les de la santé et des services sociaux à la FSSS-CSN