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    • 14 MAI 19
    Monsieur Legault, à vous d’être raisonnable envers le personnel!

    Les inégalités sociales sont revenues au-devant de la scène dans les derniers jours. Pendant que la rémunération des plus riches s’envole, celle du personnel du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau des services de garde éducatifs stagne. Regardons ça de plus près.

    Aucune limite dans la rémunération des plus riches

    On apprenait d’abord que les radiologistes avaient augmenté leur salaire déjà faramineux de 120 000 $ en un an. La rémunération moyenne des radiologistes est maintenant de 835 317 $, ce qui en fait la spécialité la mieux payée pour les médecins. C’est d’ailleurs la spécialité de l’ancien ministre Gaétan Barrette. Tiens donc. Plus indignant encore, 7 médecins ont été chercher plus de 2 millions de dollars chacun en rémunération en 2018.

    Les radiologistes peuvent gagner jusqu’à 20 fois plus cher qu’un travailleur ou travailleuse du réseau. C’est le cas par exemple pour une préposée aux bénéficiaires à temps complet, qui gagne environ 40 000 $ par année. Pour une agente administrative, ce ratio pourrait aller jusqu’à 23 fois plus cher pour un radiologiste, alors qu’il serait d’environ 15 fois pour les infirmières et les travailleuses et travailleurs sociaux.

    Tout cela illustre à la fois que nous avons complètement perdu le contrôle sur la rémunération médicale et qu’il est grand temps de relever le salaire du personnel du réseau.

    Et la situation n’est pas plus rose pour les autres travailleurs et travailleuses québécois. On apprenait aussi la semaine dernière que des PDG québécois sont payés plus de 100 fois plus que leur travailleur moyen. Chez les vêtements Gildan, le PDG touche 735 fois le salaire de l’employé moyen, alors que le PDG de CGI fait 143 le salaire de l’employé moyen et que celui de Bell Canada fait 142 fois le salaire de l’employé moyen. N’oublions pas Couche-Tard, où le PDG fait 485 fois le salaire de l’employé moyen. Je mentionne Couche-Tard parce que c’est une entreprise qui a pris son envol grâce à la contribution des contribuables avec le Régime Épargne-Action qui a réduit substantiellement ses impôts.

    Même chose du côté des PDG d’entreprises parapubliques comme Investissement Québec, où on apprenait que le nouveau patron, ami du ministre Pierre Fitzgibbon, fera 950 000 $ par an.

    Voilà où mènent plus de 30 ans de décisions néolibérales. Cela affaiblit nos services publics en menant à des drames humains comme celui de la fillette de Granby. Et cela nuit à la majorité de la population pour mieux profiter à une minorité enrichie.

    Des miettes pour les travailleuses et travailleurs

    C’est donc dire que peu importe le secteur d’activités, la vie est belle pour les PDG et les mieux nantis pendant que le reste du personnel en arrache de plus en plus.

    Depuis des mois, la population a l’occasion d’entendre le personnel du réseau de la santé et des services sociaux exprimer à quel point le réseau est en crise. Même chose pour les femmes et les hommes qui œuvrent dans le réseau des services de garde éducatifs. Ils doivent en plus faire face à la menace (très coûteuse) du projet de maternelles 4 ans mur-à-mur du gouvernement caquiste.

    Pourtant, le premier ministre Legault a profité de la journée internationale des travailleuses et travailleurs pour lancer un avertissement aux syndicats : il faudrait que nous soyons raisonnables…

    Quand on regarde l’ampleur des inégalités sociales, ça semble pourtant clair que c’est à d’autres qu’il faut demander d’être raisonnable. Pourquoi monsieur Legault ne demande pas aux PDG et aux médecins d’être raisonnables ? Pourquoi ne leur demande-t-il pas de contribuer aux finances publiques pour aider à régler la crise dans le réseau ?

    Quoi faire ?

    Face à cette explosion des inégalités, il est possible de se sentir dépassé. Certains et certaines pourraient être tentés de croire qu’il n’y a rien à faire.

    Pourtant, nous pouvons agir pour changer les choses. Mais nous devrons le faire ensemble et en n’ayant pas peur de mettre de l’avant des solutions audacieuses.

    C’est ce qui se passe aux États-Unis, où des élu-es mettent de l’avant l’idée d’une taxe pour les super riches pour permettre de financer une transition écologique juste. Malgré le battage médiatique de la droite américaine, un récent sondage montre que la majorité de la population appuie cette proposition d’aller chercher de l’argent dans les poches des riches. Il est fort à parier qu’une proposition du même genre recevrait un fort appui de la population québécoise. Face au défi climatique et à la montée des inégalités sociales, on ne peut plus continuer de la même manière. Il faut changer de cap !

     

    Et c’est exactement ce que nous souhaitons faire dans le cadre de la prochaine négociation du secteur public. Dans les prochaines semaines, les consultations des membres vont débuter. Plus nous serons nombreuses et nombreux à porter des demandes ambitieuses, plus nous parviendrons à convaincre le gouvernement Legault d’être raisonnable envers celles et ceux qui se lèvent chaque jour pour prendre soin de la population.

    Jeff Begley