
La FSSS-CSN soutient les auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS). Nous leur avons d’ailleurs consacré le tout premier Jeudi d’action politique (JAP) de l’histoire de la FSSS-CSN à l’occasion de leur récente journée de valorisation !
Le 11 avril plus de 70 personnes étaient présentes pour en apprendre davantage sur ces travailleuses et leur réalité – ce sont très majoritairement des femmes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ont besoin d’une bonne dose d’amour.
La FSSS-CSN compte parmi ses membres plusieurs milliers d’ASSS. Nous militons depuis des années pour faire valoriser leur rôle. Nous insistons sur l’importance de développer de bons soins et services publics à la population en matière de soutien à domicile.
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En bref
- Il y a un virage à faire en soins à domicile. On est les cancres des pays de l’OCDE;
- Il n’y a pas de programme universel gratuit de soins à domicile;
- Il y a beaucoup de privé en soins à domicile. Cela coûte plus cher et nuit à la qualité des services tout comme des conditions de travail;
- La FSSS-CSN réclame un programme public, universel.
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Enquête terrain au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
Éric Clermont, président du STT du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, a présenté les résultats d’une enquête terrain sur les ASSS, des travailleuses de l’ombre. Voici, en vrac, quelques constatations.
- Avant, les ASSS pouvaient prendre le temps de parler, d’établir une relation, avec les usagères/usagers. Maintenant, tout est question de productivité;
- Le privé ne peut pas offrir la même qualité de services;
- L’établissement ne demande plus de formation pour devenir ASSS contrairement aux PAB;
- La clientèle présente des problèmes de santé de plus en plus lourds;
- Les ASSS sont isolées, font face à des milieux parfois insalubres, du harcèlement, etc.
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Rôle essentiel
Marie-Hélène Verville, du CREATAS (Collectif de recherche-action sur le travail et l’association socioéconomique), a poursuivi la présentation. Quelques éléments :
- Les ASSS ont différents employeurs, donc elles n’ont pas toutes les mêmes conditions de travail;
- Les ASSS sont les yeux et les oreilles de l’équipe de soins. C’est par la relation développée que les ASSS peuvent rapporter les changements dans la condition des personnes;
- Les citoyen-nes bénéficiant du chèque emploi-service doivent eux-mêmes être l’employeur;
- Le privé prend de plus en plus de place en soins à domicile. Pour une même personne, les soins sont parfois offerts par le public, parfois par le privé;
- Les ASSS doivent «faire entrer le soin dans l’horaire» parce qu’elles manquent de temps;
- Quand on est pressé par le temps, on focalise sur le soin, pas sur les besoins;
- L’usager devient un corps à laver, à déplacer, à nourrir; l’ASSS devient quelqu’un qui abat des tâches une après l’autre;
- Au privé, les ASSS ne dénoncent pas les problèmes par crainte d’être renvoyées;
- Quand on veut donner une route à une agence privée, on contacte la moins chère, puis la suivante si elle ne peut offrir le service, puis la suivante jusqu’à la plus chère;
- Des agences privées sous-traitent des soins ! ;
- Les ASSS manquent de support, de reconnaissance. Ex : quand une personne meurt, elles ne sont pas averties. Autre exemple, elles n’ont pas accès à tout le dossier médical.
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En bref
- L’ASSS est précaire;
- L’ASSS des campagnes arrive parfois à des maisons où l’entrée n’est pas déneigée; s’il n’y a pas d’électricité, il faut chauffer le poêle à bois pour avoir de l’eau chaude…. En milieu rural, c’est encore plus difficile;
- En Ville, le stationnement pose problème puisqu’elles n’ont pas de vignette;
- L’ASSS n’a aucune marge de manœuvre dans son horaire pour les pépins mécaniques, le trafic, un patient qui a un besoin spécial… ;
- L’ASSS n’est pas formée pour la misère humaine qu’elle rencontre.
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La Commissaire à la santé se trompe !
- La Commissaire à la santé (CSBE) a récemment déposé un rapport sur les soins à domicile;
- Louise Boivin, chercheuse au CREATAS (creatas-quebec.org) et professeure honoraire associée au département de relations industrielles de l’UQO, a fait une analyse critique;
- La CSBE recommande plus de privé ! ;
- Mais de meilleurs services seraient offerts dans un système public universel. Et les conditions de travail seraient meilleures ;
- Les soins à domicile sont offerts par des organismes communautaires, des agences privées de placement, des entreprises d’économie sociale, le réseau public et par le biais du chèque emploi-service;
- La CSBE reconnait que le financement est largement insuffisant et que la majorité de l’aide à domicile est privée;
- La CSBE reconnaît également des problèmes liés à la privatisation: multiplicité/instabilité des intervenants, manque de coordination et de cohérence;
- Pourtant, encore une fois, le rapport préconise plus de privé ! ;
- Mme Boivin a souligné plusieurs autres biais, des erreurs, dans le rapport qui permettent à la CSBE d’en arriver à la conclusion qu’il faut plus de privé ! La CSBE n’a, par exemple, pas évalué l’effet des mauvaises conditions de travail dans le privé sur la qualité des soins.