La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) joint sa voix à plusieurs autres organisations pour dénoncer les mesures de compressions de 730 millions de dollars dans l’administration et le soutien annoncées récemment par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc. Ces compressions auront forcément des impacts néfastes sur les services offerts à la population et sur le personnel, déjà très sollicité depuis les dernières années, soutient Francine Lévesque, présidente de la FSSS–CSN.
« J’invite le ministre Yves Bolduc à la plus grande prudence pour éviter le pire à un réseau qui a déjà beaucoup souffert de réorganisations qui l’ont fragilisé », affirme madame Lévesque. « Il faut au contraire que les décideurs, le ministère de la santé et des services sociaux, les agences de la santé et des services sociaux et les administrateurs d’établissements, mettent de côté leur résistance et s’assoient avec les travailleuses et les travailleurs et leurs syndicats afin de réviser l’organisation du travail et des services pour renforcer le réseau public et non l’affaiblir », rechérit-elle.
Le réseau de la santé n’est pas une manufacture de produits
« Le discours du ministre montre qu’il n’a pas compris le mode de gestion dont a besoin le réseau de la santé et des services sociaux » affirme Josée Marcotte, vice-présidente et responsable du personnel de bureau, des techniciens et professionnels de l’administration à la FSSS–CSN. « Il faut rappeler que les travailleuses et les travailleurs du réseau de la santé ne produisent pas des marchandises mais dispensent des services à des personnes humaines dans le besoin. Nous ne travaillons pas sur une chaine de productivité ».
Bien que satisfaite de la baisse annoncée du coût des médicaments, la FSSS observe que d’autres mesures d’économies pourtant appréciables sont absentes de l’annonce de la semaine dernière. Elle rappelle notamment que le recours aux agences de main-d’œuvre indépendante, qui coûte 20 % de plus que dans le secteur public, doit cesser pour garantir la stabilité et la qualité des services de même que le maintien de l’expertise publique. Le recours aux partenariats public-privé doit également être abandonné alors qu’ils génèrent des délais inutiles et très coûteux comme dans le cas du CHUM et du CUSM.
La volonté du ministre de réduire le nombre de cadres est justifiée, leur nombre n’ayant cessé de croître depuis cinq dernières années. Mais la poursuite du plan de réduction du personnel de soutien inquiète grandement.
« S’il y a moins de personnel de soutien, ça veut dire que le personnel en soins aura moins de temps à consacrer aux patients », explique Josée Marcotte de la FSSS–CSN.
Une population pénalisée
Ces compressions entraîneront des pertes massives d’emplois dans un domaine indispensable, bien que moins visible. Ce sont surtout des femmes, des femmes qui seront touchées dont le salaire moyen tourne autour de 35 000 $ par année.
« Ces compressions ne règleront en rien les problèmes de pénurie et de surcharge dans le réseau, ni pour ces femmes ni pour celles et ceux qui donnent directement les soins », conclut Josée Marcotte.
Pour la FSSS, le ministre Bolduc devrait plutôt mettre en place un plan de réduction de la sous-traitance et de la privatisation qui permettrait de faire des économies tout en améliorant la qualité des services. Cela insiterait le gouvernement à éviter les gaspillages comme dans le cas rendu public récemment de l’informatisation des dossiers, appelé Dossier santé Québec (DSQ).
À propos de la FSSS-CSN
La FSSS-CSN représente plus de 125 000 salarié-es dont 108 000 travaillent dans le réseau public de la santé et des services sociaux. Elle est affiliée à la Confédération des syndicats nationaux qui regroupe plus de 300 000 membres dans tous les secteurs d’activité.