Le premier rendez-vous sur la santé : un exercice nécessaire
Monsieur Dubuc,
Nous avons été surpris de lire dans votre chronique du 18 juin que les réflexions et les discussions de près de 450 personnes représentants les milieux syndicaux, patronaux, communautaires ainsi que les usagers, les ordres professionnels et les médecins réunis lors du Premier rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux n’auraient eu que pour objectifs de « protéger nos fesses » et de « conserver nos jobs, nos subventions et de nous prémunir de la concurrence ».
Nous déplorons en tout premier lieu le ton employé et le mépris exprimé envers tous les acteurs qui ont participé de bonne foi à une activité aussi importante. Loin d’être le faire-valoir d’intérêts corporatifs, le Premier de deux rendez-vous nationaux sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux a démontré hors de tout doute la volonté des artisans du réseau de consolider le système public et surtout de le moderniser. La rencontre nous a permis d’identifier les grands défis auxquels nous devrons faire face au cours des prochains mois. Ainsi, la gestion, le financement et la prestation des services étaient au cœur de nos discussions.
Parmi les défis à relever et les améliorations à apporter dans la gestion du système, les participants ont notamment souligné la nécessité d’éliminer les dédoublements entre les divers paliers de gouvernance et de rapprocher le centre de décisions plus près du niveau local, responsable de l’organisation et de la prestation des services. Un meilleur arrimage entre les médecins et les établissements est également souhaité ainsi qu’une sérieuse réflexion concernant la pertinence des soins et des services offerts. Finalement, il faut que la reddition de compte exigée de la part des établissements soit davantage orientée vers les résultats et la qualité.
Le financement
La question du financement a suscité des discussions fort intéressantes et permis aux divers intervenants d’identifier certaines avenues à explorer pour une utilisation équitable et pertinente des ressources allouées. Parmi les éléments soulevés, mentionnons la volonté d’en arriver à un mode de budgétisation tenant compte de la responsabilité populationnelle des établissements. Il faut également nous assurer que les ressources financières sont adéquatement utilisées, notamment par une évaluation sérieuse de la pertinence de certains actes, services et diagnostics.
La prestation des services
L’accès à la première ligne, l’interdisciplinarité au sein des équipes soignantes, le partenariat avec les médecins et la mise en place de systèmes d’information efficaces ont été identifiés par les participants comme étant cruciaux pour moderniser notre système et améliorer nos services. Les différents acteurs ont ainsi convenu, à partir des enjeux soulevés, de travailler à mettre en place de véritables solutions qui permettront de préserver ce qui marche dans le système, de corriger ce qui fait défaut et d’améliorer l’accès, la qualité des soins et des services ainsi que la performance de l’ensemble des composantes du réseau.
Modifier en profondeur un réseau aussi vaste et diversifié que celui de la santé et des services sociaux ne peut être le fait d’une seule personne. Les changements importants auxquels nous sommes conviés ne pourront être réalisés qu’avec l’adhésion de l’ensemble des acteurs du réseau, bien sûr, mais aussi de la société entière. Les participants au rendez-vous de lundi l’ont bien compris.
Monsieur Dubuc, si l’avenir du système québécois vous tient à cœur, nous vous invitons à participer à notre deuxième rendez-vous,le 9 décembre prochain. Nous discuterons alors des solutions à privilégier pour moderniser et assurer la pérennité d’un système public auquel la population est attachée. Vous pourrez alors constater, sur place, la richesse des discussions, leur pertinence et leur nécessité.
Diane Lavallée, directrice générale de l’AQESSS
Jacques Létourneau, président de la CSN
Michel Venne, directeur général de l’INM