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    • 15 DÉC 15
    L’Hôtel-Dieu en super-clinique : une menace pour des services publics accessibles et universels

    Tout indique que le gouvernement Couillard souhaite profiter de la fermeture de l’Hôtel-Dieu de Montréal pour utiliser les bâtiments rénovés et pleinement fonctionnels de cet hôpital pour implanter une super-clinique, projet cher au ministre Barrette. Pourtant, l’Hôtel-Dieu représente une occasion en or de réduire les listes d’attentes, de désengorger les urgences et de compléter l’offre de soins dans la région métropolitaine.

    Plusieurs révélations récentes démontrent d’ailleurs que les besoins sont criants. Ainsi, dans le cadre  du transfert des trois hôpitaux vers le nouveau CHUM, le gouvernement a l’intention de transférer plusieurs chirurgies actuellement réalisées au CHUM vers les hôpitaux des banlieues de Montréal. Tout indique  que ce transfert se fera sans injection des sommes nécessaires à la réalisation d’une telle opération. Pourquoi ne pas plutôt miser sur l’Hôtel-Dieu pour répondre aux besoins de la population ?

    Et les super cliniques dans tout ça ?

    Le modèle des super-cliniques est semblable à celui  des Groupes de médecine familiale (GMF) qui ont vu le jour il y a quelques années. Le bilan de développement des GMF, où le financement est public, mais la gestion laissée entre les mains des médecins, est plus que mitigé. Le Vérificateur général s’est inquiété du manque de contrôle public sur la dispensation des soins et sur la bonne gestion des investissements publics qui y sont consentis.

    Si les GMF coûtent plus cher que le réseau public, pourquoi alors vouloir convertir l’Hôtel-Dieu en super-clinique plutôt que de consolider les services de cet hôpital ?

    On est en droit de penser que l’ouverture d’une super-clinique aurait des impacts désastreux pour la population ; risque de facturation de frais aux patients et consolidation d’un réseau parallèle de soins dans le secteur privé.

    Il semble d’ailleurs que la voie soit toute tracée. Nous apprenions récemment que l’Hôpital de Montréal pour enfants se déleste de patients “moins complexes” et les dirige vers une clinique privée située à proximité où œuvrent des médecins de l’hôpital. Or, les soins donnés dans le cadre de la clinique privée pourront générer des frais, par exemple pour une prise de sang, ce qui n’aurait pas été possible à l’hôpital. On peut craindre que de telles pratiques  se généralisent dans le cadre de super-cliniques.

    L’Hôtel-Dieu doit rester public

    Il semble que la super-clinique occuperait 40% de la superficie de l’Hôtel-Dieu.  Ne devrions-nous pas  plutôt utiliser cet espace pour maintenir un hôpital de première et de deuxième ligne avec son urgence, ses salles d’opération, ses laboratoires et ses cliniques ? La réponse parait évidente.

    Le nouveau CHUM en PPP entrainera  non seulement des pertes de lits, mais sa surspécialisation aggravera fatalement  les problèmes d’accès pour les opérations dites de deuxième ligne. Le nouvel Hôtel-Dieu que nous proposons serait tout indiqué pour répondre à ces besoins ; et il existe déjà, nul besoin donc d’inventer une super-clinique. À moins que l’intention réelle  du gouvernement ne soit  de privatiser les soins et de développer le marché de l’assurance privée en santé.

    La super-clinique ne fera rien de mieux au niveau des soins, elle fera même moins pour répondre aux besoins de la population et à des coûts plus élevés si on en croit l’expérience des GMF. La consolidation des services de l’Hôtel-Dieu reste et demeure donc la meilleure option pour développer des services publics accessibles et universels.

    Guy Laurion