< Retour Imprimer
    • 24 OCT 17
    On lutte pour le maintien de la qualité des services éducatifs

    Monsieur Luc Fortin, ministre de la Famille,

    Au nom des 11 000 travailleuses syndiquées à la FSSS–CSN œuvrant dans 587 installations en centres de la petite enfance (CPE), nous vous adressons cette lettre alors que ces femmes sont sans contrat de travail depuis le 1er avril 2015. Depuis des mois, elles luttent pour le maintien de la qualité des services éducatifs dans le réseau des CPE, qu’elles ont fièrement contribué à bâtir.

    Or, des décisions prises par votre gouvernement depuis 2014 ont fait et font encore peser de lourdes conséquences sur la qualité et la pérennité du réseau des CPE. Parmi elles, mentionnons des ratios enfants/éducatrice de plus en plus élevés, des coupes d’heures allouées à l’alimentation et la désinfection, des diminutions du temps de préparation pédagogique. En plus d’exiger l’arrêt de la saignée dans leurs conditions de travail, ces travailleuses réclament le droit de siéger au conseil d’administration et d’assister aux assemblées générales, ce que les directions de CPE refusent de plus en plus, et ce, malgré la quasi-unanimité des participants au Forum sur la gouvernance des CPE organisé par votre gouvernement.

    Comme nouveau ministre de la Famille, vous devez savoir que toutes ces questions relèvent des conditions de travail et qu’elles affectent directement la capacité des travailleuses à influencer positivement le développement, le potentiel et l’avenir même des enfants. Or, les compressions budgétaires de plus de 300 millions de dollars depuis 2014 dans les services éducatifs font encore très mal aux travailleuses en CPE au point où, aujourd’hui, elles lancent un cri du cœur. Elles ne veulent plus participer à niveler vers le bas un réseau qui a pourtant fait ses preuves, qui est reconnu pour ses bienfaits sur les enfants, et qui est envié tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.

    Pour les conditions de travail dites pécuniaires, ces travailleuses refusent les reculs demandés entre autres aux régimes d’assurance et de retraite et réclament les mêmes hausses salariales que celles accordées au secteur public. Votre gouvernement dispose amplement de marges de manœuvre pour répondre aux demandes de ces travailleuses puisqu’il dispose d’un surplus budgétaire de 7,8 milliards de dollars en raison de ses mesures d’austérité draconiennes faites dans les services publics.

    Jamais le niveau d’exaspération, mais aussi de mobilisation des travailleuses n’a été aussi élevé. Les 11 000 travailleuses des CPE exigent du respect. C’est d’ailleurs le sens du mandat de six jours de grève voté à 94 % qu’elles ont confié à leur comité national de négociation. Elles vont tout mettre en œuvre pour préserver leurs acquis et la qualité des services, jusqu’à recourir à ce moyen de pression lourd, si nécessaire. Faire la grève n’a jamais été leur objectif. Ce qu’elles souhaitent avant tout, c’est de conclure une convention collective satisfaisante sans affecter les services.

    Les 24 et 25 octobre, deux séances de négociation sont prévues avec votre ministère de la Famille et les associations d’employeurs. Comme ministre de la Famille, votre rôle consiste entre autres à protéger et à promouvoir cet acquis social qu’est le réseau des services éducatifs si apprécié des parents et des tout-petits, et non de démolir ce joyau sociétal. Mais votre rôle consiste aussi à tout faire pour que ces travailleuses puissent œuvrer dans les meilleures conditions. En ce sens, votre gouvernement possède la clef du règlement d’une entente collective satisfaisante.

    Dany Lacasse, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN)
    Louise Labrie, responsable du secteur des CPE et membre du comité national de négociation