MONTRÉAL, le 4 novembre 2012 – Le financement à l’activité des établissements, annoncé dans le dernier budget Bachand, pourrait avoir des effets néfastes sur les soins aux patients, notamment en favorisant les maladies « rentables » au détriment des besoins plus complexes des personnes vulnérables.
Ce mode de financement prétend appliquer le principe que l’argent suit le patient, mais en réalité, il est similaire au paiement à l’acte pour les médecins, pourtant décrié ailleurs : l’argent accompagne ponctuellement les soins donnés à l’hôpital au patient, à l’exclusion du reste.
Or, non seulement ce mode de financement serait coûteux à implanter, mais il alourdirait la gestion hospitalière, sans toutefois améliorer la qualité des soins ni régler les problèmes réels affectant nos hôpitaux. Il risque aussi d’avoir pour effet d’augmenter les activités cliniques ayant moins d’impact sur la santé, mais permettant d’augmenter les revenus des hôpitaux.
« Nous sommes inquiets pour le système de santé en général et pour nos patients en particulier, parce qu’ implanter ce mode de financement demandera un travail colossal de gestion, ce qui nous empêchera de consacrer nos énergies à d’autres projets plus concrets, qui pourraient favoriser plus efficacement l’intégration des soins, la coordination des services et la coopération entre les professionnels », a précisé l’urgentologue Alain Vadeboncoeur, président de MQRP. « Bien plus, a-t-il ajouté, cette pseudo-solution risque d’augmenter les dépenses globales sans diminuer les coûts de chaque épisode de soins, comme cela a déjà été constaté au Canada. L’amélioration de la performance souvent évoquée tient du mirage. »
MQRP croit que le gouvernement Marois se trompe s’il reconduit l’erreur de l’ex-ministre Raymond Bachand en poursuivant cette révolution administrative non souhaitable.
« Il faut se rendre à l’évidence, les expériences sont décevantes quant au financement à l’activité, tant au Canada qu’à l’étranger. S’il faut accroître le financement et en améliorer les modalités, il s’agit de le faire en visant l’amélioration des soins aux patients et non celle de la « rentabilité » des hôpitaux, parce que la santé n’est pas une marchandise », a conclu le docteur Alain Vadeboncoeur.