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    • 27 AOÛT 15
    Négociations du secteur public : une lutte contre la hausse des inégalités sociales

    Martin Coiteux et le gouvernement Couillard veulent augmenter les inégalités sociales en divisant entre eux les travailleuses et travailleurs. Vous avez un régime de retraite? Vous êtes un gras dur! Votre salaire dépasse 15$ de l’heure? Vous êtes un gras dur! Nous pensons plutôt que la lutte contre les inégalités passe par un rehaussement des conditions de vie de la classe moyenne et pauvre.

    C’est la raison pour laquelle les citoyennes et citoyens devraient donner leur appui à la lutte dans le secteur public cet automne. Parce qu’il s’agit d’une occasion concrète de lutter contre la hausse des inégalités sociales au Québec.

    Une hausse vertigineuse des inégalités

    Depuis les trente dernières années, les experts remarquent une hausse importante des inégalités sociales dans les sociétés occidentales. C’est particulièrement le cas chez nos voisins du Sud, mais aussi chez nous. Alors que les Trente Glorieuses avaient permis d’instaurer un meilleur partage de la richesse, l’entrée dans le néolibéralisme a eu pour effet de concentrer de plus en plus la richesse dans les mains d’une élite.

    Au Canada, « de 2009 à 2011, le 1% le plus riche a vu ses revenus croître de 3,8% après impôt et inflation. Pour le 5% et le 10% le plus riche, la croissance de leurs revenus a été respectivement de 1,8% et 0,9%. Pendant ce temps, le 90% restant de la population voyait son revenu moyen diminuer de 0,9%. »

    Ces inégalités sociales ne se répercutent pas uniquement par le nombre de dollars que nous n’avons pas dans nos poches, elles ont aussi un impact direct sur notre niveau de santé. C’est ce qu’on appelle les inégalités sociales de santé. L’espérance de vie, la santé mentale, bref la santé globale des citoyennes et citoyens est directement liée à notre statut de classe. Des inégalités croissantes auront donc un effet négatif sur le niveau de santé de la classe moyenne et des plus pauvres de notre société.

    Pendant qu’on coupe dans les programmes de déjeuner dans les écoles, qu’on réduit l’aide au devoir et qu’on limite le nombre de bains dans les CHSLD, le ministre Coiteux nous parle de baisses d’impôts qui profiteront principalement aux plus riches et nous couperont de revenus pour financer correctement nos services publics.

    Si la population veut espérer maintenir son niveau de vie, nous n’avons pas les moyens de couper dans les services universels, notamment dans la santé, les services sociaux, les services de garde et dans l’éducation. Nous n’avons pas les moyens de subir l’austérité imposée par Couillard!

    Nous devons donc trouver des moyens concrets d’agir pour inverser cette tendance à la hausse des inégalités sociales, vue par plusieurs comme un des enjeux clés du XXIe siècle, avec la crise écologique.

    De meilleurs salaires pour les travailleuses et travailleurs du secteur public

    Si l’on veut améliorer les conditions de vie de la majorité de la population, il n’est donc pas question de couper partout sans cesse. Comment peut-on expliquer que les inégalités sociales ont augmenté alors que nous avons vécu des périodes de forte croissance économique dans les dernières décennies? Force est de constater que l’enjeu n’est pas tant de créer de la richesse, mais de s’assurer de bien la répartir.

    Et une façon concrète d’y parvenir est d’arrêter d’imposer des augmentations salariales en deçà de l’inflation aux travailleuses et travailleurs du secteur public et du réseau des services de garde.

    Ces travailleuses et travailleurs demandent un rattrapage salarial. Comme pour le reste de la classe moyenne, ils ont vu leur pouvoir d’achat stagner dans les dernières années. Mais ils ont aussi vu un recul s’accroître par rapport aux autres travailleuses et travailleurs, pour s’établir à 8% récemment.

    Appuyer la lutte des travailleuses et travailleurs du secteur public, c’est donc forcer un gouvernement austéritaire à cesser de favoriser sans cesse les plus riches. Plus de 400 000 travailleuses et travailleurs du secteur public négocient en même temps. S’ils obtiennent de meilleurs salaires, cela permet de lancer une offensive pour mieux répartir la richesse.

    Dans les années 1970, le Front commun s’était battu pour obtenir le 100$ par semaine. À ce moment, on voyait le secteur public comme la locomotive de l’ensemble de la classe des travailleuses et travailleurs. En 2015, face à des inégalités qui ne cessent d’augmenter, se battre pour de meilleurs salaires, c’est se battre pour que le 1% fasse sa juste part.

    Ce que l’on doit parvenir à faire par nos luttes, c’est de forcer le 1% à partager une richesse qu’il accumule au détriment du 99%. C’est de trouver un levier pour limiter le tournant vers une économie qui se financiarise de plus en plus sans pour autant améliorer nos conditions de vie.

    Augmenter le salaire du personnel du secteur public aura un effet direct sur l’économie réelle de nos régions et donnera du souffle à des milliers de familles de la classe moyenne. Les travailleuses et travailleurs du secteur public investissent dans l’économie de nos régions et non pas dans des placements financiers qui nous rapportent collectivement bien peu.

    En augmentant les salaires dans le secteur public, on crée en plus un effet d’entraînement à la hausse dans les autres secteurs de l’économie. Cela inciterait par exemple les salaires de secteurs connexes au secteur public à augmenter, comme dans les services de garde ou dans les centres d’hébergement privés.

    Nos gouvernements ne feront pas de cadeau à d’autres que les mieux nantis. Pour qu’ils considèrent un meilleur partage, il me parait évident que ça va prendre une mobilisation sans précédent. Je reviens là-dessus la semaine prochaine.

    Jeff Begley