Depuis quand célèbre-t-on la dilapidation des fonds publics?
La Confédération des syndicats nationaux (CSN) organise une manifestation aujourd’hui devant le Centre de recherche du CHUM (au 900, rue Saint-Denis) afin de rappeler les nombreux effets négatifs de la formule partenariat public-privé en santé. Profitant de l’ouverture officielle, la CSN a tenu à souligner que le centre coûtera beaucoup plus cher que prévu et qu’il implique une perte d’expertise du secteur public. Pour la CSN, il y a tout lieu de croire que cette ouverture au privé aura de lourdes conséquences pour le réseau de la santé et des services sociaux. Des pétitions ont également été déposées pour demander aux gestionnaires du CHUM et du CUSM l’arrêt des projets en PPP.
L’ouverture du Centre de recherche en PPP du CHUM intervient dans un contexte trouble où plusieurs révélations sont venues remettre en question les bienfaits du recours à la formule PPP. En effet, plusieurs des entreprises qui ont obtenu les contrats de modernisation des centres hospitaliers universitaires font actuellement l’objet d’enquête de l’UPAC ou de l’AMF ou sont au centre d’allégations de partage de contrats ou de financement politique illégal.
« On pourrait être porté à célébrer cette journée. Tant mieux si on assiste aujourd’hui à l’ouverture du Centre de recherche, mais à quel prix? Quand on sait qu’il en coûte 150 millions de plus que prévu et que pour la durée du contrat, les obligations contractuelles comptabilisées dans les états financiers consolidés du gouvernement au 31 mars 2011 totalisaient plus de 1,2 milliard, on peut se dire que les PPP ont un prix, et qu’il est cher à payer pour les contribuables québécois », explique Luc Bastien, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).
« À la CSN, on a demandé au gouvernement d’utiliser les pouvoirs qui lui sont octroyés par la nouvelle Loi sur l’intégrité en matière de contrats publics en demandant à l’AMF d’enquêter sur les octrois de ces contrats. Avec tout ce que l’on sait aujourd’hui, il faut prendre le temps de s’assurer que tout a été fait dans l’ordre. D’autant plus que l’on sait qu’on aura à payer pour ces contrats pour une période de 30 ans », poursuit Jean Lacharité, vice-président de la CSN.
En plus de la construction qui a coûté beaucoup plus cher, il faut aussi se rappeler que le centre de recherche en PPP implique la perte de plusieurs emplois du secteur public. En effet, l’entretien de la bâtisse a été confié à une entreprise privée, avec tout ce que cela implique pour la qualité des travaux qui seront menés dans les prochaines années.
« Depuis le début, nous avons dénoncé le recours aux PPP en santé. Aujourd’hui, c’est pour nous le début d’une catastrophe annoncée. Mais il n’est pas trop tard, le gouvernement a encore le temps de réintégrer les CHU dans le secteur public. De notre côté, nous continuerons à faire valoir que la meilleure solution reste les services publics », de conclure Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal-métropolitain (CCMM-CSN).
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. Elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.