Marie Pagès est la nouvelle vice-présidente responsable des techniciennes, techniciens et professionnel-les à la FSSS-CSN. Dans son premier billet de blogue, elle nous explique son parcours et comment elle en est venue à s’intéresser aux enjeux qui touchent les techniciennes et professionnel-les.
La lutte pour la justice sociale comme ancrage au Québec
Née en France et établie depuis plusieurs années en Angleterre, j’ai mis les pieds au Québec pour la première fois en 2005. Je venais rendre visite à mon ami qui luttait contre les coupes du gouvernement Charest et qui était en grève. Lors de mon séjour, il m’a amené à son assemblée générale de reconduction et je suis alors tombée amoureuse folle de ce qui deviendra mon pays d’accueil. Six mois plus tard, je débutais mon BAC en travail social à Sherbrooke.
Ma passion pour l’éducation populaire, l’action communautaire et la lutte collective teintera ma formation et me poussera à faire mon stage final à la TROVEP-Estrie. Ce premier plongeon dans la militance professionnelle réveillera chez moi un profond désir d’engagement social. Je resterai longtemps attachée au milieu communautaire et travaillerai de jour, comme de nuit, dans plusieurs auberges du cœur, centres de femmes et organismes d’action communautaire.
La poursuite d’étude au deuxième cycle en sociologie me rapproche de Montréal. Mon intérêt pour la sociologie féministe fait grandir en moi la révolte et le besoin d’engagement. Je décide donc de m’impliquer sur le comité exécutif de mon association étudiante ainsi que sur celui du centre des femmes de l’UQAM. C’est alors que, fidèle à lui-même, le gouvernement libéral s’attaque de nouveau aux étudiants et aux étudiantes. S’ensuit une grève, que vous avez tous et toutes connue, celle de 2012. Le mouvement étudiant sera, pour moi, un espace de lutte et d’apprentissage important. Être confrontée quasi quotidiennement à la violence de l’État fait naitre toujours plus fort le désir de lutter pour une meilleure justice sociale.
L’arrivée dans le réseau
L’arrivée de mon premier enfant m’amènera à revisiter mes possibilités d’emploi. Les conditions de travail dans le communautaire étant ce qu’elles sont, je décide donc de me tourner vers le réseau de la santé et des services sociaux. Quelle ne fut pas ma grande surprise de constater l’épuisement de mes collègues, la surcharge de travail, les coupures de postes…?!
Trouver un emploi décent dans le réseau s’est d’ailleurs avéré plus difficile que prévu. En effet, il semble qu’une travailleuse sociale ayant passé près de 10 ans dans le communautaire ne présente que peu d’intérêt pour les employeurs du réseau …
Les réflexions anticoloniales et féministes amorcées pendant la grève de 2012 jumelées à la difficulté de trouver du travail m’amènent à me tourner vers le Grand Nord. Je débute au Conseil Cri de la Santé et des Services sociaux comme travailleuse sociale en prénatal, 0-9 ans, à Mistissini.
Pratiquer le travail social dans le Grand Nord
Étant la première travailleuse sociale à ce poste, je me retrouve face à plusieurs défis qui teinteront mon intérêt futur pour la reconnaissance professionnelle, la clarification des rôles et autres préoccupations pour les techniciennes, techniciens et professionnel-les.
Les difficultés rencontrées sont nombreuses. Les travailleurs et travailleuses du Grand Nord œuvrent avec passion dans des conditions de travail et de vie ardues. Je découvre alors un monde méconnu du Québec où tradition, culture et savoir-faire cohabitent afin d’offrir des services les plus adaptés possible à la population.
Rapidement confrontée aux limites de mon rôle, je pose ma candidature comme Agente de planification, de programmation et de recherche (APPR) sous la direction de l’assurance qualité des services professionnels psychosociaux. Ce poste régional me permet d’agir concrètement sur des dossiers qui touchent directement les travailleuses sociales, les organisatrices communautaires et les intervenantes sociales. De plus, le travail en interdisciplinarité avec les APPR d’autres programmes me donnent le sentiment d’avoir un impact réel sur la sensibilisation à l’importance des services sociaux. Malgré la prise de distance avec les usagères et usagers, je me sens plus proche d’eux que jamais.
Du travail social au militantisme syndical
C’est un peu le sentiment que j’ai dans ce nouveau poste. À la lecture de ce billet, vous avez dû rapidement comprendre que je n’ai pas beaucoup d’expérience dans le mouvement syndical. J’arrive directement du terrain.
J’ai accepté ce nouveau défi, car je pense qu’il y a beaucoup de travail à accomplir pour les membres de la catégorie 4. De plus, je pense que mon arrivée sur l’exécutif de la FSSS-CSN amène les préoccupations des travailleurs et travailleuses du Grand Nord à la table. Dans le contexte actuel, je crois que ça ne pouvait pas mieux tomber. La pente d’apprentissage est raide et le délai est court. Néanmoins, je compte profiter de chaque instant pour mener à terme le plan de travail que vous m’avez donné.
Je vous remercie, camarades, de m’avoir accordé votre confiance.
Au plaisir de militer à vos côtés!
Marie Pagès