Le 8 mars est à nos portes. Cette semaine, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a publié une étude exhaustive sur les effets de l’austérité. L’étude nous indique clairement qu’on est en effet en pleine période d’austérité. De plus, ces mesures ont un impact négatif proportionnellement plus important sur les femmes. Voici 2 des 7 conclusions principales de l’étude :
« Si on tient compte de l’inflation, la croissance des dépenses du gouvernement du Québec a été à deux reprises négatives et le sera encore probablement en 2015-2016. Le Québec est donc en période d’austérité, malgré ce qu’en dit le gouvernement. »
« … quand est venu le temps d’imposer des mesures d’austérité, le gouvernement s’est d’abord attaqué aux services publics, ce qui a surtout désavantagé les femmes. Celles-ci ont subi des mesures d’austérité de l’ordre de 13,0 G$ tandis que les hommes ont été affectés à hauteur de 9,9 G$. »
L’IRIS nous indique que l’évaluation de la différence de l’impact sur les hommes versus les femmes a été évaluée de façon conservatrice. On n’a pas besoin de regarder très loin pour bien comprendre que les politiques du gouvernement Couillard font surtout mal aux femmes. Le 1er avril, le gouvernement va mettre fin à une expérience formidable au Québec qui est celle des services de garde à 7 $. Il faut se rappeler qu’il y a moins de 20 ans, on a créé un régime de services de garde à tarif unique et accessible. Dès la mise en place de ce service, il y a eu une explosion de la demande. D’ailleurs, en près de 20 ans, il n’y a eu qu’un problème avec ce programme : il manquait et il manque toujours de places. Durant tout ce temps, les gouvernements consécutifs n’ont rien fait pour régler ce problème. Le problème devenait tellement important que ce gouvernement s’en est servi pour défaire le programme. Pourtant, le programme ne coûtait rien aux « contribuables » lorsque l’on prend en considération les dépenses de moins dans d’autres programmes et les revenus supplémentaires générés par l’accessibilité des services de garde de qualité! Soyons clairs, avec les mesures imposées de façon malhonnête par ce gouvernement (rappelons-nous de la promesse de Philippe Couillard il y a tout juste un an lorsqu’il ridiculisait le PQ qui prévoyait des tarifs à 9 $, tandis que lui prétendait vouloir limiter les augmentations à l’indexation du coût de la vie), la fréquentation dans les services de garde va baisser au cours des prochaines années. Je suis prêt à gager là-dessus!
Qui va payer le prix de cette coupure de services? Les enfants, qui n’auront plus une chance égale de fréquenter un tel service et les femmes!
On peut donner un autre exemple de l’impact de l’austérité sur les femmes. Pensons aux coupures dans les services auprès des personnes âgées. Encore une fois, cela sera majoritairement les femmes qui vont prendre en charge les besoins de leurs proches pour combler les coupures de services dans les programmes de maintien à domicile et le manque de place dans les CHSLD publics. Avec l’adoption du projet de loi 10 le mois passé, cette diminution du nombre de places risque d’aller en accélérant.
On n’en parle que très rarement, mais il y a aussi la question des emplois valorisants et de qualité qui vont être affectés de façon drastique par l’austérité. En 1999, lorsqu’on a finalement reconnu le travail fait par les femmes dans les CPE et les garderies, et quelques années plus tard dans les services de garde en milieu familial, il y a des dizaines de milliers de femmes qui ont amélioré leur qualité de vie. C’était très bon pour ces femmes et c’était très bon pour l’économie. Contrairement aux Péladeau et Savoie de ce monde, ces femmes n’accumulaient pas des richesses, elles dépensaient cet argent pour améliorer la qualité de vie de leurs familles. En dépensant, elles faisaient rouler l’économie. Avec le nouveau projet du gouvernement, le niveau salarial dans le secteur va être inévitablement soumis aux règles du marché et va baisser. Fini la reconnaissance du travail bien fait!
C’est la même chose pour les femmes (parce que c’est très majoritairement les femmes qui y travaillent) dans les services de maintien à domicile dans le secteur public, ainsi que dans les CHSLD. Plutôt que d’aller chercher de nouveaux revenus, par exemple dans les paradis fiscaux, le gouvernement Couillard appauvrit les femmes et s’attaque à nos services publics.
Au bout de l’exercice, c’est clair, ce sont les femmes qui vont payer. Et le gouvernement aura le culot de faire des beaux discours sur la condition féminine le 8 mars prochain. Mais nous ne serons pas dupes parce que nous avons vu clair dans son jeu. Nous savons maintenant que c’est un gouvernement indigne.
Jeff Begley