Les résultats du sondage auprès de nos membres
Les racines de la pénurie
Ce n’est un secret pour personne, la pénurie de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux, comme dans les services de garde éducatifs à l’enfance, les centres d’hébergement pour personnes âgées, les milieux communautaires et le secteur préhospitalier, s’est lourdement aggravée au cours des dernières années. On parle maintenant couramment de l’atteinte du point de rupture, voire de bris de service. On ne parvient plus à répondre à l’essentiel, et c’est aujourd’hui tout le réseau qui est en mis en péril. Mais comment est-on arrivé là?
Déjà avant la pandémie, la FSSS-CSN alertait le gouvernement quant à la crise qui se dessinait [1], tel que le démontraient de grands sondages menés auprès de ses membres, et quant aux mesures à prendre afin d’agir sur la pénurie de personnel. Nous subissions déjà à l’époque les graves séquelles de la période d’austérité des années 2010 à 2015, ainsi que les effets néfastes de la présence du privé en santé (agences de main d’œuvre indépendantes, cliniques privées), lesquelles accentuaient la crise.
On le constate aujourd’hui, ces politiques ont inutilement détérioré les services publics, non sans conséquence durables. Puis est venue la pandémie, crise sanitaire et état d’urgence qui ont occasionnés une nouvelle surcharge et de nouveaux départs.
Les résultats de notre sondage sur le manque d’effectif
Au cours des dernières semaines, le comité de coordination de l’action politique de la FSSS-CSN a analysé les réponses d’un sondage diffusé auprès de ses membres (6478 répondantes et répondants) afin de brosser un portrait de la pénurie dans le réseau de la santé et des services sociaux, telle que perçue sur le terrain.
À la question ‘’Sur l’ensemble de votre équipe de travail, environ quel pourcentage (%) d’employé-es manquent à l’appel afin d’assurer un service de qualité aux usager-es (postes non comblés, absences maladie, surcharge, etc.)?’’
- C’est près de 46% des répondant-es au sondage qui indiquent qu’il manque 30% ou plus de personnel dans leur équipe de travail afin d’être en mesure d’assurer un service de qualité aux usager-es.
- C’est près de 10% (9,67%) des répondant-es qui indiquent qu’il manque plus de 50% de travailleuses.
Une pénurie sous-estimée
Dans le réseau, on compte actuellement 332 182 personnes en emploi au 5 novembre 2022, selon le tableau de bord du ministère de la Santé et des Services sociaux. En situant la pénurie de main-d’œuvre dans la fourchette de résultats obtenus lors de notre consultation, on peut estimer que le manque à gagner, dans le réseau de la santé et des services sociaux, est très largement supérieur aux données sur le besoin de main-d’œuvre de 10 436 personnes que l’on retrouve sur ce même tableau de bord.
Ces résultats indiquent que le MSSS semble largement sous-estimer les besoins de main d’œuvre sur le terrain. Or si nous voulons agir efficacement sur le grave problème de pénurie, il faut pouvoir se baser sur la réalité telle qu’elle est vécue sur le terrain par les travailleuses et les travailleurs qui doivent être en mesure de répondre adéquatement aux besoins des usager-es.
Une réembauche massive s’impose
La surcharge de travail est décriée, et ce, dans toutes les catégories d’emploi, depuis de nombreuses années. Pour la FSSS-CSN, retourner au niveau de main d’œuvre d’avant la pandémie n’est pas suffisant. Il faut redoter massivement les équipes de travail. Le gouvernement devrait se doter d’objectifs à travers un plan d’embauche, d’attraction et de rétention du personnel beaucoup plus ambitieux et offrir à ses salarié-es des conditions plus attractives, et ce, dans les meilleurs délais.
[1] https://www.fsss.qc.ca/download/vpp/rsultats_sondage_surcharge_vf.pdf, https://www.fsss.qc.ca/download/cat2/resultats_sondage_pab_vff.pdf, https://www.fsss.qc.ca/download/cat2/resultats_sondage_asss_2019.pdf,