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    • 27 MAI 24
    Pour un tremplin des services éducatifs à l’enfance sans but lucratif

     »Nos milieux, un tremplin pour l’avenir » est le thème de la semaine québécoise des services éducatifs à l’enfance qui a lieu du 27 mai au 2 juin.  Un beau thème nous en convenons, mais un tremplin pour qui?  Naturellement pour les tout-petits, mais se projeter vers l’avenir pour le réseau des CPE et pour les responsables en service de garde éducatif en milieu familial, ça c’est une autre histoire. Nous sommes face à des travailleuses épuisées, mal reconnues, des enfants sans aide lors de besoin de soutien particulier. Bien que l’Assemblée nationale ait adopté une résolution le 8 juin 2022 pour reconnaitre et valoriser les éducatrices et éducateurs, il faudrait bien plus qu’une semaine pour se faire, mais bien de bonnes conditions de travail et de salaire à l’année.

    Subventionner le privé : il faut apprendre de nos erreurs

    Malgré les propos de la ministre et du ministère de la Famille, il faut beaucoup plus que la contribution réduite pour que nos milieux soient un tremplin stable, de qualité, et qui tiendra sur le long terme. Subventionner les garderies privées à but lucratif à même nos fonds publics n’est pas une solution viable et personne ne veut se cogner le nez à une porte fermée, car le modèle d’affaires ne convient plus. Subventionner le privé, c’est fragiliser notre réseau en permettant que soient reconvertis du jour au lendemain des services de garde en une autre activité plus lucrative. La crise de fermeture de centaines de résidences pour aînés privées converties en logement, mais que nos ainés ne peuvent pas se permettent, illustre bien la faillite et la non viabilité du modèle privé subventionné. Subventionner le privé, c’est tenter de faire bonne figure électorale pour diminuer le nombre de places manquantes, mais sans vision à long terme pour le bien-être et pour le développement des enfants.

    Sans un coup de barre beaucoup plus fort que ce qui nous est proposé actuellement, le réseau sans but lucratif des CPE et des RSGE poursuivra son déclin. Nous n’avons qu’à regarder le rapport sur l’éducation à la petite enfance de 2023 pour s’en convaincre. Celui-ci compare les données contribuant à la mise en place d’une programmation de qualité dans les différentes provinces entre 2020 (année de pandémie), et 2023.  On y constate que l’Île-du-Prince-Édouard y est désormais mieux classée que le Québec et que les provinces de l’Atlantique sont sur le point de nous dépasser.

    Besoin d’un tremplin pour l’avenir des CPE

    En cette semaine québécoise des services de garde éducatifs à l’enfance, c’est le moment de souligner la qualité de nos services éducatifs en CPE, mais c’est aussi une occasion de joindre nos voix afin que nos milieux soient un tremplin pour notre avenir à nous aussi, le personnel en CPE. La qualification du personnel est le meilleur gage de qualité du service qui soit. Comme travailleuses et travailleurs en petite enfance, il est impératif d’avoir un coffre à outils bien rempli dès le jour 1 afin d’être capable de rebondir lors de chacune de nos interventions tout en ayant une intention pédagogique ciblée et appropriée.

    Pour que la profession soit reconnue à sa juste valeur, il faut que le ministère de la Famille garde en tête que celles et ceux qui portent le réseau dans leur cœur et dans leur corps y sont dévoués et souhaitent être entendus pour le bien de tous ceux qui y contribuent. Pour que l’avenir du réseau soit assuré, il faut que les politiques favorisent le développement de places qui sont à but non lucratif, un point c’est tout.

    RSGE : un tremplin vers une autre carrière?

    La profession de RSGE c’est le plus beau métier du monde, mais malheureusement, il n’apporte pas le salaire qui va avec les 60 heures par semaine que cela exige. Sans parler du manque d’aide pour les enfants à défis qui sont de plus en plus nombreux dans nos milieux. De plus, avec l’augmentation du coût de la vie, notre pouvoir d’achat fond comme neige au soleil.  Pour de plus en plus d’entre nous, la profession de RSGE est malheureusement un tremplin vers une autre carrière malgré tout l’amour des tout-petits et la passion pour l’éducation à la petite enfance.

    Un tremplin par définition est une planche élastique sur laquelle on prend un élan.  N’attendons pas que l’élastique soit au point de rupture, investissons dans la petite enfance pour que ce tremplin puisse avoir un avenir tant pour les tout-petits, les RSGE les travailleurs et travailleuses en CPE ainsi que les familles du Québec. Les enfants ne sont pas seulement les adultes de demain, mais bien des citoyens d’aujourd’hui!