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    • 27 AVR 22
    Privatisation du réseau de la santé : rien à y gagner!

    Un dialogue avec les entreprises, mais à quand un dialogue social?

    Dans un article paru hier dans le Journal de Montréal, on apprenait qu’une firme de télémédecine privée détenue en partie par Sun Life, White Star Capital et le clan Desmarais «a eu toujours des conversations très ouvertes et très positives avec le gouvernement, surtout avec le ministre [Christian] Dubé et son équipe».  Comment les gens sur le plancher des établissements de santé et de services sociaux doivent-ils recevoir cela?  On n’arrête pas de demander que les syndicats et les représentant-e-s terrain soient consultés.  Le ministre Dubé a promis un dialogue social avec son nouveau plan santé, on l’attend toujours et il devient de plus en plus urgent de le tenir!  Notre réseau va mal depuis trop longtemps, il est plus que jamais nécessaire d’écouter les solutions des gens qui vivent cette réalité au quotidien. Pourquoi ne pas discuter de manière très ouverte et positive avec nous aussi?

    Une privatisation à l’américaine : un choix tragique

    De plus, « Le PDG de Dialogue, Cherif Habib, plaide pour que ce soit l’assureur et l’employeur qui payent pour les soins afin que le patient ne sorte jamais « sa carte de crédit ». ». Donc non seulement on nous invite à emprunter la route du privé pour dispenser les soins, ce qui s’avère déjà une fort mauvaise idée, mais on nous invite à emprunter la voie américaine de la privatisation du financement, ce qui aurait des conséquences tragiques non seulement sur les coûts de santé, mais aussi les résultats de santé.

    Une fois les assureurs privés impliqués dans le financement, il sera impossible de les en déloger. Et de penser que les coûts prétendument assumés par les employeurs ne seront pas transférés aux employés, c’est carrément malhonnête. Et combien de personnes sans emploi ainsi laissés pour compte ? Jamais n’était-on allé aussi loin avec une proposition de privatisation à l’américaine.

    La carte soleil, une carte de crédit pour les compagnies privées?

    Plusieurs recherches, menées entre autres par l’IRIS, prouvent bien que le privé en santé est loin d’être la solution, voire au contraire qu’il serait néfaste pour notre réseau public.  On nous dit qu’il n’y a aucun danger que le privé prenne la place du public.  Le danger vient plutôt de la vampirisation du privé sur les ressources humaines et financières.  Le privé va continuer d’effectuer les actes simples à la chaîne, mais les cas lourds et complexes resteront au public.  Et au bout du compte qui paye pour le privé?  La carte soleil nous coûte beaucoup d’argent collectivement, mais elle est pour obtenir des soins quand on en a besoin, pas pour remplir les poches de compagnies privées. C’est un choix de société que nous avons fait, pourquoi le remettre constamment en question pour combler l’avidité de certains?

    Le gouvernement doit renoncer au privé en santé

    Il faut arrêter de faire croire aux gens que le privé va sauver notre système de santé.  Le gouvernement doit faire la seule chose qui s’impose : annoncer immédiatement qu’il renonce à toute privatisation en santé, qu’il s’agisse du financement ou de la dispensation de soins et services, tout simplement parce que les Québécois n’ont rien à y gagner.

    Par Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN

    Pour ceux qui veulent lire le texte d’origine : https://www.journaldemontreal.com/2022/04/26/la-telemedecine-privee-a-lattention-de-dube