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    • 27 NOV 14
    Projet de loi 10

    La Montérégie perdrait beaucoup dans la réforme Barrette

    Ce soir, des travailleuses et des travailleurs ainsi que des citoyennes et des citoyens montérégiens se sont réunis devant l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie pour signifier leur refus du projet de loi 10, présenté par le ministre Gaétan Barrette. Celui-ci entend abolir les instances de coordination régionales et centraliser l’ensemble des organismes relevant du ministère de la Santé et des Services sociaux au sein d’une seule structure mammouth pour toute la Montérégie.

    Structure mammouth

    « Si le projet de loi 10 est adopté, nous aurons dorénavant un seul centre de santé pour toute la Montérégie, de Salaberry-de-Valleyfield à Granby. Un mastodonte ingérable au sein duquel 28 000 travailleuses et travailleurs assureront soins et services pour 1,4 million de personnes, de 177 municipalités, couvrant plus de 11 000 kilomètres carrés, explique la présidente du Conseil central de la Montérégie CSN, Annette Herbeuval. Avec la réforme, les citoyennes et les citoyens perdent leur voix au chapitre. Les administrateurs actuels, bénévoles et représentatifs de la communauté, seront remplacés par des gens de l’extérieur, rémunérés et nommés par le ministre. C’est une lourde perte pour la démocratie ».

    « Tous les intervenants en commission parlementaire sur ce projet de loi ont formulé des critiques majeures. La plupart des acteurs le rejettent carrément. La seule voix qui s’est élevée pour l’appuyer est celle de la Fédération des chambres de commerce du Québec.  Ce n’est pas nécessairement surprenant, puisque le Dr Barrette n’a consulté absolument personne. Il en va de notre devoir d’alerter toute la population : le gouvernement s’apprête à commettre de graves erreurs », prévient le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Jeff Begley.

    Les inquiétudes que suscite le grand bouleversement souhaité par le Dr Barrette sont nombreuses. De la réforme précédente, du Dr Couillard, retenons une longue période où les énergies furent concentrées au fonctionnement des nouvelles structures, les CSSS. On a vu le nombre de cadres augmenter deux fois plus rapidement que le personnel. Les nouvelles structures n’ont pas permis d’améliorer l’accessibilité aux services. Non seulement ces lacunes risquent-elles de s’aggraver, mais les services à la population ne seront pas améliorés. Le ministre lui-même l’a reconnu, promettant que des améliorations se feront ensuite.

    Disparition des agences

    « Au fond, c’est une recette pour permettre au ministre de concentrer plus de pouvoirs entre ses mains pour imposer plus de compression, plus de privatisation. Abolir d’un trait de crayon les organismes responsables de coordonner les services en région, de voir à la santé publique et à la prévention, ce que font les agences, est un non-sens. Ça va à contrecourant de tout ce qui se fait partout ailleurs dans le monde, où on mise sur le rapprochement des services à la population dans des structures les plus légères possible », ajoute le président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Michel Tremblay.

    Quant au vice-président de la FSSS–CSN pour la Montérégie, Steve St-Onge, il craint que les services sociaux de la région sortent grands perdants de la réforme. « Les budgets, l’allocation des ressources seront centralisés dans les mains de quelques décideurs qui n’auront pas nécessairement d’expertise particulière dans le domaine des services sociaux. Par exemple, quelle importance sera accordée aux besoins des Centres jeunesse, surtout les points de service plus éloignés ou des centres de réadaptation dans cette structure mammouth qui gravitera plus que jamais autour des hôpitaux des grands centres. Nous sommes inquiets pour les travailleuses et les travailleurs que nous représentons, mais aussi pour les usagères et les usagers des services. Ils n’auront jamais été aussi éloignés des lieux décisionnels ».

    À propos

    La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN) représentent environ 115 000 salarié-es du réseau public de santé et de services sociaux de tous les titres d’emploi, dans tous les types d’établissements, partout au Québec. Quant au Conseil central de la Montérégie, il réunit plus de 200 syndicats CSN de tous les secteurs d’activité sur le territoire montérégien.

    Renseignements
    Jean-Pierre Larche, Information secteur public CSN, 514 605-0757