Les travaux de la commission parlementaire sur le projet de loi 10 du ministre Barrette se sont conclus la semaine dernière. Nous avons rarement vu un tel consensus contre un projet de loi. La très grande majorité des organisations et des experts qui ont été entendus ont lancé de lourdes critiques contre ce projet de loi.
En fait, il n’y a que la Fédération des chambres de commerce pour appuyer cette réforme. Ils y voient une belle occasion d’augmenter la part du privé dans le réseau de la santé et des services sociaux. Rien d’encourageant!
Nous avons justement signé une lettre ouverte avec plus de 30 organisations et experts du réseau pour dénoncer ce projet de loi. Nous demandons le retrait de ce projet de loi et la tenue de réelles consultations sur l’avenir du réseau public. Nous nous y opposons pour plusieurs raisons, notamment parce que ce projet n’apporte aucune solution pour la population.
Le projet de loi 10 : Un recul pour les besoins de la population
Depuis plusieurs années, la première préoccupation de la population est la question de l’accès aux soins de santé et de services sociaux. Une fois dans le système, la très grande majorité des gens sont satisfaits des services qu’ils reçoivent. Ce qu’ils dénoncent de plus en plus, c’est le temps que cela prend pour se faire soigner.
En quoi créer des mégastructures va permettre de régler ce problème majeur? Comment le ministre peut-il penser que le personnel du réseau sera mieux en mesure de s’occuper des besoins de la population alors que tous les efforts seront mis à s’adapter à cette nouvelle réforme? Les gestionnaires tenteront de comprendre le nouveau fonctionnement dans la chaîne de commandement, pendant que les travailleuses et travailleurs se verront encore une fois ralentis par la structurite aiguë.
Comment peut-on croire que le ministre, à lui seul, saura organiser le réseau et répondre aux besoins de la population? Et comment se fait-il qu’on se presse encore une fois dans une nouvelle réforme administrative? Est-il nécessaire de créer de nouvelles structures pour réduire les temps d’attente à l’urgence, pour améliorer les services de première ligne, pour réduire les listes d’attente? Au contraire!
Ce que démontre surtout cette réforme, c’est le manque de courage politique de s’attaquer aux réels problèmes identifiés par la population.
Faire confiance aux travailleuses et travailleurs du réseau
Plutôt que de concentrer les pouvoirs entre ses mains, le ministre devrait plutôt faire confiance à celles et ceux qui donnent les services au quotidien. C’est eux qui savent le mieux comment adapter les pratiques pour améliorer les services. Ce dont ils ont besoin, c’est de plus d’autonomie et de marge de manœuvre pour donner des services de qualité. Pas d’une autre réforme de structure et encore moins de compressions sans fin!
Le résultat du projet de loi 10, ce sera une augmentation de la charge de travail du personnel du réseau. Êtes-vous allé dans un établissement de santé et de services sociaux récemment? Pouvez-vous me dire que les gens n’y donnent pas tout leur cœur? Les travailleuses et travailleurs sont débordés depuis de nombreuses années. La seule réponse du ministre est de leur dire de se préparer à assumer une nouvelle vague de compressions!
C’est pour s’opposer à ce projet de loi que nous avons lancé cette semaine une campagne de publicité télévisuelle. La population doit être informée des dangers que contient cette réforme pour le système public de santé et de services sociaux et pour les services qu’elle reçoit.
C’est pourquoi nous invitons les travailleuses et travailleurs du réseau, de même que l’ensemble de la population à manifester leur opposition aux mesures d’austérité de ce gouvernement. Le 29 novembre, refusons l’austérité!